Les Diablerets (Suisse) (AFP) – La langue de terre qui constitue le col de Tsanfleuron n’était plus à découvert depuis 2000 ans et l’époque romaine. Un hiver sec et les canicules qui ont ravagé l’Europe cet été ont réussi à venir à bout des glaces qui résistaient encore.

Le col est situé à la jonction de ce glacier et du glacier du Scex Rouge, à une altitude d’environ 2’800 mètres, entre les cantons de Vaud et du Valais, dans le sud-ouest de la Suisse. Il est situé dans le domaine skiable Glacier 3000.

Depuis plusieurs jours, la langue de terre est visible complètement à découvert, alors qu' »en 2021, une mesure avait révélé une épaisseur de glace d’environ 15 mètres dans cette zone », a indiqué Glacier 3000 dans un communiqué.

Pour Mauro Fischer, glaciologue à l’Université de Berne, « la perte d’épaisseur des glaciers dans la région des Diablerets sera, en moyenne, trois fois plus élevée cette année par rapport aux 10 dernières années ».

moitié moins

Mais le phénomène de fonte – actuellement accéléré – ne se produit pas que dans cette partie de la Suisse.

Les glaciers ont perdu 50% de leur volume depuis 1931, selon une étude publiée en août dans la revue scientifique ‘La Cryosphère’ par des chercheurs qui, pour la première fois, sont parvenus à reconstituer le recul des glaciers au XXe siècle.

La fonte des glaces dans les Alpes – que les experts imputent au changement climatique – est surveillée de près depuis le début des années 2000, mais jusqu’à présent, on savait peu de choses sur son évolution au cours des décennies précédentes.


Vue du col de Tsanfleuron, sur le territoire de la station des Diablerets, après la fonte du glacier le 13 septembre 2022.
Vue du col de Tsanfleuron, sur le territoire de la station des Diablerets, après la fonte du glacier le 13 septembre 2022. Fabrice COFFRINIAFP

Pour l’étude, les glaciologues ont utilisé des images d’archives (21’700 photographies prises entre 1916 et 1947) couvrant 86% de la surface glaciaire suisse et la stéréophotogrammétrie, une technique qui détermine la nature, la forme et la position d’un objet à l’aide d’images.

Selon ces experts de l’Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ) et de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), « par rapport aux données des années 2000 (…) il avait diminué de moitié entre 1931 et 2016 ».

Les auteurs de l’étude ont également constaté que les glaciers n’ont pas reculé de manière continue au cours du siècle dernier : en fait, il y a même eu des périodes d’augmentation de la masse dans les années 1920 et 1980.

Mais aujourd’hui, les glaces fondent de plus en plus vite : en seulement six ans (entre 2016 et 2022), elles ont perdu 12 % de leur volume, selon le réseau suisse de surveillance des glaciers Glamos.

Matthias Huss, directeur de Glamos, a souligné la gravité de la situation cette année. « D’autres années, comme 2011, 2015, 2018 ou même 2019, on a déjà vu un dégel très fort. (Mais) l’année 2022 est vraiment différente et bat tous les records », a-t-il déclaré à l’agence ATS-Keystone.

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