Six dirigeants du mouvement d’opposition Wakit Tama ont été condamnés à une peine d’un an de prison avec sursis pour avoir appelé à manifester en mai contre la politique de la France dans ce pays africain, après que les mobilisations aient provoqué des incidents violents.
Le parquet a fait état de la condamnation à douze mois de prison, une indemnité de 10 millions de francs centrafricains (un peu plus de 15.200 euros) pour dommages et une amende de 50.000 francs centrafricains (22,8 euros), selon la station Radio France International.
Le parquet lui-même avait requis deux ans de prison pour les accusés, arrêtés entre le 14 et le 17 mai pour ces manifestations. Le procès a eu lieu dans la ville de Moussoro, où il a été transféré pour des raisons de sécurité.
Le parquet a précisé que tous ont été inculpés de « formation de groupe en vue de troubler l’ordre public », « atteinte aux biens » et « agression physique », selon le portail d’information tchadien Alwihda.
La défense avait qualifié le processus judiciaire d' »inéquitable » avant même de connaître la sentence et les prévenus ont refusé de répondre aux questions.
Les condamnés sont le secrétaire général de l’Union des syndicats du Tchad (UST), Gounoung Vaima Ganfare ; le président de l’Association des administrateurs de la société civile, Hissène Massar Hissène ; l’ancien ambassadeur en Egypte Allamine Adoudou ; le secrétaire général de l’Union des commerçants du Tchad, Youssouf Korom ; l’avocat Koudé Mbainassem ; et son confrère Max Loalngar, porte-parole de Wakit Tamma et ancien président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme.
Le Tchad est dirigé par un Conseil militaire de transition (CMT) dirigé par Mahamat Idriss Déby, qui a pris ses fonctions après la mort en avril 2021 de son père, Idriss Déby, au combat avec les rebelles du Front pour l’alternance et de la Concorde au Tchad (FACT).
La CMT a nommé en mai 2021 un nouveau gouvernement de transition dans lequel certains opposants sont intégrés et avec Albert Pahimi Padacké comme Premier ministre. Déby a souligné qu’il ne cherchait pas à rester éternellement au pouvoir et a promis d’œuvrer à la stabilisation du pays et à la tenue d’élections.
La mort de Déby –qui détenait le pouvoir depuis 1990, après avoir mené un coup d’État qui a renversé le dictateur Hissène Habré– au milieu de l’offensive du FACT a porté un coup sérieux à la stabilité du pays et de la région, en raison de la importance du territoire dans la lutte contre le terrorisme international au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.