L’essor des réseaux de vélo routes : « La manière la plus libre de voyager »

Avec plus de 70 000 kilomètres de pistes à travers le continent, les réseaux de vélo routes à en Europe s’étendent, mais les grandes villes comme Paris demeurent moins accessibles.

Avec ses 5 000 kilomètres et ses sept pays traversés, la vélo route des Pèlerins, ou Eurovélo 3 pour les plus sérieux, est le parcours cyclable le plus long d’Europe. Du moins il le sera, lors de son ouverture officielle à l’été 2017, quand il reliera Trondheim (Norvège) à Saint-Jacques de Compostelle (Espagne) en passant par Paris. Son tronçon français sera le plus important, avec 1 500 kilomètres de pistes, bien que presque 60% de la portion cyclable attendent d’être complétés.

Screen Shot 2016-03-25 at 6.27.23 PM

Qu’à cela ne tienne, Martin et Valentin ont décidé à l’été 2015 d’aller de Compiègne à Bordeaux en passant par l’itinéraire voulu par l’Eurovélo 3. Équipés de leurs vélos de cyclotourisme et de leur matériel de camping, ils ont traversé la France de manière complètement autonome, guidés uniquement par les petits panonceaux de l’Eurovélo et rythmés par la simple force de leurs mollets. De la Seine à la Loire, à travers le Val-de-Loire et la Charente, ces deux étudiants en économie ont effectué leur propre tour de France, grâce à ce réseau tentaculaire que représentent les vélo routes Eurovélos, s’étendant à travers toute l’Europe, de Moscou à Lisbonne.

Les vélo routes ont la cote…

« L’avantage du vélo c’est qu’on est vraiment complètement indépendant, c’est la manière la plus libre de voyager », estime Valentin. « Les portions déjà complétées des vélo routes [Eurovélo] sont vraiment agréables pour le cyclisme, j’espère qu’elles seront finies bientôt », complète Romain. Malheureusement, « le passage par Paris a été particulièrement difficile, au sens ou on n’avait pas l’impression d’être en excursion cyclotouriste mais bien dans la routine parisienne », déplore Valentin.

Les vélo routes Eurovélo ne sont que quelques unes des nombreux parcours cyclables français ou transnationaux à passer par la capitale. Parmi les routes déjà construites, Véloscénie connait notamment un franc succès chez les adeptes du cyclotourisme. Reliant Paris au Mont-Saint-Michel au départ de la place de la Catalogne (XVe arrondissement), elle présente l’avantage de n’inclure qu’une partie de Paris, celle ou la circulation est précisément moins dense et agréable pour les cyclistes. À l’inverse, l’avenue verte Paris-London, elle, démarre au centre de Paris, sur l’île de la cité, et suit la Seine et les canaux pour sortir de la capitale.

…Mais les villes les fragmentent

Cependant, si les grandes villes comme Paris forment des étapes logiques pour les vélo routes qui traversent l’Europe, elles n’en restent pas moins des casse-têtes d’aménagement urbain. « Je dois avouer que les grandes villes sont le plus grand défi auquel nous faisons face lorsque nous construisons des vélo routes de longue distance », confesse Adam Bodor, responsable de la communication à la Fédération Européenne de Cyclisme (ECF), une organisation basée à Bruxelles ayant pour objectif la promotion du cyclotourisme et le développement de ses infrastructures en Europe. A Paris, ces tronçons « passent souvent sur des axes très empruntés par les voitures », ce qui rompt avec la tranquilité du cyclotourisme, explique-t-il. Mais malgré ces difficultés, les vélo routes ont selon lui un impact positif sur les politiques des grandes villes qu’elles traversent. « Leur passage devient une excuse pour les gouvernements locaux, qui entreprennent des projets d’aménagements cyclables plus ambitieux dès lors qu’ils se rendent compte de l’apport économique des cyclotouristes qui les emprunteront », assure Adam Bodor.

Pour l’heure, les portions parisiennes des différentes vélo routes qui traversent la ville se contentent largement des aménagements cyclables déjà existants. Le Plan Vélo 2015-2020 de la ville prévoit tout de même un « réseau express vélo » (REV) : des voies rapides qui traverseront la capitale d’est et ouest et du nord au sud. Ces grands axes cyclistes pourront mieux guider les cyclistes de passages dans la ville lumière. La municipalité s’est aussi engagée à « dynamiser le cyclotourisme », mais toutes ces promesses tardent à se matérialiser concrètement, constatait Le Monde en janvier. Les concertations prennent du temps, notamment avec la préfecture de Police : elle affiche « encore une culture routière, axée sur la fluidité de la circulation entendue comme uniquement automobile », déplore l’adjoint (EELV) chargé des Transports, Christophe Najdovski, cité par le journal. La mobilité totale et sans entraves pour les cyclistes européens n’est visiblement pas encore pour tout de suite.

Crédit photo: Louis Baudoin-Laarman

A lire également