La Commission européenne a proposé d’imposer un chargeur universel pour téléphones et appareils portables d’ici deux ans, une initiative à laquelle s’oppose farouchement le géant américain Apple pour défendre le mécanisme de connexion de son modèle d’iPhone.
Bruxelles (AFP)
C’est une bataille acharnée pour une norme de l’industrie qui respecte les droits des consommateurs et qui traîne depuis 2009, lorsque la recherche d’un format unifié pour les téléphones et les appareils portables, tels que les tablettes, a commencé.
« Les consommateurs européens sont frustrés depuis un certain temps par les chargeurs incompatibles qui s’accumulent dans leurs tiroirs », a déclaré jeudi Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne, lors du lancement de la proposition.
« Nous avons donné à l’industrie beaucoup de temps pour trouver ses propres solutions, le moment est venu de prendre des mesures législatives par un expéditeur commun », a-t-il ajouté.
La proposition pourrait avoir un effet transformateur sur l’industrie, car l’UE représente un marché de 450 millions de consommateurs.
Actuellement, la majorité absolue des smartphones et tablettes utilisent trois ports de charge : le micro-USB, dont disposent la plupart des téléphones, le port USB-C, une connexion plus récente, et le système Lightning d’Apple.
Apple lui-même a timidement commencé à utiliser le format USB-C dans certains appareils, mais son produit phare, le téléphone iPhone, utilise un chargeur avec une connexion dédiée.
Selon l’UE, les consommateurs européens dépensent chaque année environ 2,4 milliards d’euros (environ 2,8 milliards de dollars) en chargeurs individuels.
Apple s’oppose d’emblée à la proposition
L’UE avait lancé un processus volontaire de convergence vers les standards de l’industrie pour ce segment en 2009, mais maintient qu’Apple a toujours refusé d’y adhérer.
Cette année-là, avec la popularisation des appareils portables, le marché européen s’est retrouvé plongé dans une abondance de formats et de chargeurs différents, tous incompatibles les uns avec les autres.
La proposition présentée ce jeudi 23 septembre – qui devrait encore être approuvée par le Parlement européen et les pays membres du bloc – offre aux constructeurs une période de transition de 24 mois pour s’aligner.
Dans une note, Apple a déclaré que la firme restait « préoccupée » par les effets de la réglementation.
« Nous restons préoccupés par le fait qu’une réglementation stricte déterminant un seul type de connecteur ralentira l’innovation plutôt que de la stimuler, et cela affectera à son tour les consommateurs en Europe et dans le reste du monde », a déclaré la société.
De plus, a ajouté Apple, le délai de deux ans pourrait affecter les entreprises du secteur en arrêtant aujourd’hui la vente des équipements existants. Dans sa vision, cela pourrait générer plus de « déchets technologiques ».
Le commissaire européen aux Affaires intérieures, le Français Thierry Breton, n’a cependant pas semblé très impressionné jeudi par les arguments d’Apple, similaires à d’autres précédemment utilisés par l’industrie.
« Ils soutiennent toujours que (le droit de l’UE) est contre l’innovation. Ce n’est pas contre l’innovation; c’est en faveur des consommateurs européens. Ce n’est contre personne », a déclaré Breton aux journalistes.
Chiara Gionavinnini, responsable de l’Association européenne des consommateurs pour la normalisation (ANEC), a indiqué que l’entité « soutient le caractère obligatoire d’un chargeur avec un connecteur universel (…) pour tous les appareils portables ».
L’ANEC a suggéré que la mesure soit étendue aux chargeurs sans fil, qui commencent à se généraliser dans les modèles de smartphones les plus récents.
Parallèlement, le Parti populaire européen (PPE, majoritaire au Parlement européen), a publié un communiqué dans lequel il suggérait « d’éliminer les différents chargeurs inutiles ».