L’Espagne huppée pleure la fermeture de son restaurant légendaire Zalacaín

L’Espagne huppée pleure la fermeture de son restaurant légendaire Zalacaín

Le plus célèbre restaurant de Madrid, le premier du pays à recevoir les trois étoiles du Guide Michelin, a définitivement fermé ses portes. Une page de la gastronomie et des repas de la haute société est tournée.

“Un coup dur” dû au confinement ; “frappé à mort par la pandémie” ; “la table du pouvoir ferme” ; “le tsunami du Covid balaie Zalacaín”…

Juste après le débat sur le résultat des élections américaines, la presse espagnole ne parlait, vendredi 6 novembre, que de ça ou presque : la fermeture de Zalacaín. Le restaurant le plus célèbre de Madrid, l’un des plus réputés d’Espagne, a définitivement “mis la clé sous la porte”, comme l’écrit le quotidien édité en Catalogne mais de diffusion nationale La Vanguardia.

Le journal rappelle que Zalacaín, qui tire son nom d’un roman devenu culte de Pío Baroja – 1872-1956 –, avait été le premier restaurant espagnol à obtenir les trois étoiles du Guide Michelin, en 1987. Il les a perdues depuis.

L’ex-roi Juan Carlos Ier – avant son départ forcé en exil, début août, suite à une série de scandales financiers – y avait néanmoins encore ses habitudes, même après son abdication, en 2014.

Œuf de caille au saumon fumé et au caviar de béluga

Juan Carlos n’était pas seul. Zalacaín recevait (cravate obligatoire pour les hommes jusque très récemment) toute la haute société madrilène, et espagnole en général. Des joueurs de foot milliardaires, des grands chefs d’entreprise ou des hommes politiques de renom, des Prix Nobel…

Lancé en 1973, Zalacaín, écrit le quotidien El Mundo, “a été le restaurant de référence de plusieurs générations, il est entré dans le langage courant et a réuni des rois, des politiques, des chefs d’entreprise aux mêmes tables”.

Le plat préféré de Juan Carlos était-il “le gobelet Don Pío – en l’honneur de Pío Baroja – avec ce chic œuf de caille au saumon fumé et au caviar de béluga ?” s’interroge le site El Confidencial.

Après la mort du dictateur Franco, en 1975, en pleine transition démocratique, des conseils des ministres auraient même eu lieu au Zalacaín, selon certains témoins.

Comme tous les restaurants du pays, Zalacaín avait fermé ses portes le 15 mars, début d’un état d’urgence sanitaire national qui a duré jusqu’au 21 juin.

“Un sentiment d’impuissance”

Mais depuis, de nouvelles restrictions se sont imposées et Zalacaín n’a jamais pu rouvrir ses portes. Interrogée par La Vanguardia, Carmen González, directrice du restaurant explique :

Zalacaín a été un temple, un restaurant historique. Professionnellement, c’est ce qui m’est arrivé de plus dur. Surtout à cause du sentiment d’impuissance qu’on ressent. C’est injuste, parce que ça ne dépend pas de nous, mais de la situation liée à la pandémie.”

Avec le secteur hôtelier, celui des restaurants et des bars est le plus touché économiquement par la crise économique liée à la pandémie. Bien au-dessous d’un restaurant de renom comme Zalacaín, de nombreux établissements ont déjà fermé leurs portes.

A lire également