Paris (AFP)- Le réchauffement climatique pourrait atteindre 2,6 °C d’ici la fin du siècle, compte tenu des engagements actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a averti jeudi l’ONU dans un nouveau rapport à quelques jours de la COP27.
Mais les Etats ne respectent pas leurs engagements et la trajectoire actuelle pourrait générer un réchauffement encore plus important de 2,8°C, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Les deux trajectoires sont bien au-dessus des objectifs de l’Accord de Paris de contenir le réchauffement « bien en dessous » de 2°C, et si possible de le maintenir à 1,5°C.
Un jour après que le bureau de l’ONU sur le changement climatique a estimé que les engagements actuels sont « très loin » de répondre aux objectifs fixés à Paris, le PNUE a estimé que les progrès dans la réduction des émissions n’ont « malheureusement » pas été suffisants.
Le rapport examine la différence entre la pollution au CO2 émise, selon les plans des pays pour décarboner leurs économies, et ce que la science estime nécessaire pour contenir le réchauffement à 1,5 °C à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Le texte indique que pour atteindre 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions de 45 % par rapport aux niveaux actuels.
Manque d’actions concrètes
L’an dernier lors de la COP26 à Glasgow, les pays ont signé un « pacte » pour les engager à renforcer chaque année leurs contributions au niveau national. Mais la réponse a été « malheureusement insuffisante », selon le rapport, qui rappelle que seuls 24 pays se sont conformés.
« Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale », a averti le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, critiquant le manque d’action concrète pour lutter contre le changement climatique.
« Les engagements de neutralité carbone ne valent rien sans plans, politiques et actions pour les soutenir », a-t-il déclaré dans un message vidéo.
Le monde « ne peut pas se permettre plus de greenwashing », a-t-il insisté.
Selon le rapport du PNUE, les derniers engagements pris par les pays, appelés « contributions déterminées au niveau national » (NDC), réduiront les émissions de 5% d’ici 2030 par rapport à la trajectoire actuelle pour les pactes conclus sans conditions et de 10% pour ceux réalisés avec des conditions de financement ou des actions extérieures.
Ceci en termes de réchauffement implique que les contributions inconditionnelles « donnent 66% de chances de limiter le réchauffement à environ 2,6°C d’ici la fin du siècle ».
Compte tenu des engagements assortis de conditions, le résultat est un peu meilleur, mais il conduit à une hausse de 2,4 °C, ce qui reste bien au-dessus des objectifs parisiens.
Si l’on tient compte des engagements de « neutralité carbone » que plusieurs pays ont récemment multipliés, la hausse pourrait être contenue même à 1,8 ºC.
« Échec »
Mais ce point de vue n’est « pas crédible actuellement », ont noté des experts dans le rapport, soulignant des « écarts » entre les promesses et les résultats.
En 2020, les émissions mondiales ont diminué de 7 %, ce qui correspond au niveau estimé qui peut maintenir le réchauffement climatique à 1,5 °C, du fait que la crise du covid-19 a paralysé une grande partie de l’activité mondiale.
Mais le pic de 2021 pourrait faire de cette année un record d’émissions, a déclaré le PNUE.
« Il y a un rebond total après le Covid-19. C’est un échec en termes d’utilisation de financements sans précédent pour accélérer la transition verte, c’est un échec », a déclaré à l’AFP Anne Olhoff, l’auteur principal du rapport.
