Le ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s’est adressé à la population de l’archipel franco-caribéen de Guadeloupe tard ce vendredi, en ce moment plongé dans des protestations contre les mesures de restriction contre le coronavirus mêlées au mécontentement d’une population d’un territoire où un tiers de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté national.

Dans un discours de 16 minutes, Lecornu a proposé d’engager un dialogue sans « tabous » et promis des plans d’action « concrets », comme un programme d’aide économique à la population jeune, dont un cinquième est au chômage. En retour, le ministre a demandé une collaboration populaire car « l’Etat ne peut pas tout faire tout seul », recueille FranceInfo.

Le ministre a reporté sa condamnation sur les événements violents qui ont commencé il y a 12 jours et ont conduit à la déclaration d’un couvre-feu nocturne sur le territoire. « Ceux qui tombent dans la violence doivent répondre devant le tribunal », a déclaré le ministre, avant d’applaudir une action policière qui a fait au moins une centaine de détenus, dont beaucoup « de tristes connaissances de la Police ».

Sur le déclencheur des manifestations, la vaccination obligatoire pour les infirmiers et les pompiers, Lecornu a modéré la position affichée dans les premiers jours et a proposé « un examen au cas par cas des situations individuelles », basé sur « la proportionnalité et le discernement ». « Notre volonté est de mettre les moyens d’analyser chaque situation individuellement en définissant le meilleur système d’accompagnement », a-t-il indiqué.

Cependant, le ministre a reconnu « la crise permanente que traverse la Guadeloupe depuis des années, marquée par une « grève endémique, des coupures d’eau » ou encore la crise sanitaire et environnementale qui a fait que 300 tonnes de chlordécone ont été déversées en Guadeloupe et en Martinique entre les années 1972. et 1993 – une « angoisse », selon les mots du ministre -.

« C’est ce que nous disent aujourd’hui la jeunesse guadeloupéenne et la vérité c’est qu’il n’y a pas d’autre moyen que de faire travailler ensemble les élus étatiques et locaux, avec la société civile », a déclaré le ministre, qui a promis de financer désormais 1 000 emplois aidés pour les jeunes, avec un accompagnement et une formation spécifiques, dans le secteur associatif pour soutenir les collectivités locales ou les associations sociales, sportives et environnementales.

Enfin, le ministre a promis un débat sur la question de l’autonomie de l’île, en réponse au souhait de certaines de ses autorités. « Certains élus ont soulevé la question de l’autonomie, par rapport à son statut actuel de département-région d’outre-mer », a déclaré Lecornu. « Le gouvernement français est prêt à en parler, il n’y a pas de mauvais débats tant que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes de la vie quotidienne en Guadeloupe », a-t-il conclu.

A lire également