La crise de confiance des Français pourrait faire les affaires de Marine Le Pen

La crise de confiance des Français pourrait faire les affaires de Marine Le Pen

Une France lasse et méfiante : c’est ce que montre l’étude publiée lundi 22 février par le Cevipof. Et le plus alarmant, estime ce quotidien allemand, c’est l’approbation que remportent désormais les positions défendues par le Rassemblement national.

Les Français se méfient, et la crise sanitaire n’arrange rien. Voici la principale conclusion que la Frankfurter Allgemeine Zeitung formule à la lecture du baromètre de la confiance politique que le Cevipof (Sciences-Po) a publié le 22 février.

Parmi les données recueillies par l’institut, les chiffres suivants ont frappé le quotidien allemand : 65 % des Français considèrent leurs responsables politiques comme corrompus. Par comparaison, 42 % des Allemands ont cette opinion de leur personnel politique. L’étude estime aussi que 55 % des Français critiquent le fonctionnement démocratique de leur pays, contre 32 % des Allemands. Les Français sont 44 % à souhaiter que le pays se protège davantage du monde d’aujourd’hui, et 45 % seulement à penser que l’appartenance à l’Union européenne est une bonne chose. Enfin, pour 62 %, l’islam est une menace pour la République.

Le renouvellement éthique et moral a échoué

Des données qui révèlent, en somme, une telle méfiance envers le monde politique que le quotidien allemand les trouve “inquiétantes”. Sous le titre “Pourquoi Marine Le Pen pourrait devenir présidente”, la FAZ écrit :

La pandémie a éliminé les derniers vestiges du vent de renouveau qui soufflait sur la France après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. La crise sanitaire révèle que de nombreux Français partagent les idées de Marine Le Pen en matière de repli sur soi, de sécurité et de recentrage sur la nation.”

Certes, cette crise de confiance n’est pas chose nouvelle dans l’Hexagone, explique le quotidien conservateur. Les “gilets jaunes” avaient déjà mis en lumière les tourments de la démocratie représentative. Mais puisque Emmanuel Macron s’était fait élire sur la promesse d’un “renouvellement éthique et moral”, le président en prend pour son grade dans l’analyse du quotidien.

“Emmanuel Macron n’a pas réussi à restaurer la confiance dans le fonctionnement démocratique. Contrairement à ses homologues des autres pays cités dans l’étude, le président français gouverne en grande partie seul, en parallèle du Parlement”, critique la FAZ. Ce qui fait les affaires de la présidente du Rassemblement national, dont les idées sont désormais largement partagées dans la population et qui pourrait profiter du manque de proximité de l’Élysée avec le terrain.

Le Pen opportuniste mais gagnante

Dans son commentaire, le quotidien observe qu’il était visiblement trop tôt pour déclarer la fin des populistes, comme certains ont été tentés de le faire au début de la crise sanitaire, quand, un peu partout en Europe ces mouvements contestataires semblaient effacés. Marine Le Pen, même si elle s’est distinguée avant tout par son “opportunisme” dans la crise sanitaire, en ressort aujourd’hui gagnante dans l’opinion.

De nombreux électeurs expriment leur colère envers la situation dans le pays, le système politique et la façon dont celui-ci gère la question de l’islamisme et du terrorisme. Le désir de mesures fortes et de solutions simples est un signal d’alerte – notamment parce que nous allons au‑devant de changements dramatiques qui vont provoquer de vives inquiétudes.”

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