C'est ce que demande la Citizen Climate Convention (CCC). Le groupe, créé en réponse à la crise des Gilets jaunes en France, devait présenter ses propositions pour fonder une nouvelle société début avril. Après la crise de Covid-19, ils exigent que les investissements consentis soient consacrés à "des secteurs d'avenir et respectueux du climat".

La réflexion est dans l'air depuis le début de la crise de Covid-19. Les images d'un couguar marchant dans les rues de Santiago, au Chili; ou des sangliers en quête de nourriture à Barcelone, en Espagne ou les dauphins nageant dans les côtes de Cagliari, en Italie, ont fait penser à beaucoup que notre modèle de développement n'allait pas dans le bon sens.

La crise de Covid-19 est survenue au milieu de la lutte contre le réchauffement climatique, et de nombreuses organisations environnementales craignent que la sortie de crise ne privilégie, avant tout, la relance économique, oubliant les urgences environnementales.

La Citizen Climate Convention (CCC), organisme créé par Emmanuel Macron pour sortir de la crise des gilets jaunes, a envoyé ce vendredi 50 propositions au gouvernement Emmanuel Macron demandant "un modèle économique et social différent, plus humain et plus résilient". "Pour sortir de la crise des coronavirus.

La crise de Covid-19 "n'a peut-être rien à voir avec le changement climatique et la dégradation de l'environnement", disent dans le texte les 150 citoyens membres de ce groupe créé par l'exécutif lui-même comme l'une des solutions à la crise du " gilets jaunes ". Mais le groupe souhaite "éviter les échecs de la crise de 2008, où le plan de relance a conduit à investir dans les énergies fossiles".

Entre autres, le groupe demande que "l'argent mobilisé dans le cadre de la sortie de crise soit orienté vers des solutions vertes et socialement acceptables". Et que les investissements réalisés vont dans "des secteurs tournés vers l'avenir et respectueux du climat".

La Convention Citoyenne Climat est composée de personnes âgées de 16 à 80 ans venant de toute la France. Ils ont été choisis par tirage au sort pour établir "un nouveau modèle de société" après la crise des gilets jaunes car, parmi les contributions citoyennes, la préoccupation environnementale était l'une des plus fréquentes. Le CCC s'est réuni pour la première fois en octobre 2019.

Avant la crise de Covid-19, en janvier de cette année, le président Emmanuel Macron avait promis qu'il prendrait des "décisions fortes" inspirées des conclusions finales du CCC pour lutter contre le réchauffement climatique, dont certaines pourraient être soumis à un référendum. Mais la dernière session, qui devait avoir lieu début avril, a été reportée à une nouvelle date sans précision.

La convention, pour sa part, avait partagé avec le président, avant de terminer son travail, une partie de son analyse. Mais le contenu de ces mesures n'est pas connu, car "un rapport complet et final est attendu et devrait être rendu public".

Amandine, membre du CCC: "nous avons peur d'échouer"

Amandine, citée par le journal La Tribuna, fait partie de ce groupe de 150 citoyens appelés à concevoir des mesures pour réduire les émissions de CO2 de la France de 40% d'ici 2040.

Selon lui, "grâce aux experts qui sont avec nous, nous avons également réalisé un problème stratégique: les décisions qui seront prises maintenant pour le pays auront un impact à très long terme".

Amandine se demande "comment vous assurer que la météo est prise en compte. Nous pensons qu'il est nécessaire de commencer à réfléchir avant la publication de tous nos travaux, qui était prévue mi-avril mais a été retardée par la fermeture, et la dont la date n'est pas encore définie ".

Les membres du CCC "ont peur", selon Amandine, "que nous essayions seulement de revenir à la situation précédente, que nous refusions de franchir ce pas au-delà de ce que nous préconisons, que l'urgence climatique soit laissée pour plus tard car elle est considérée comme moins urgente que d'autres. Nous craignons également que notre travail échoue, qu'il n'ait pas suffisamment d'impact malgré le temps et l'énergie que nous lui avons consacrés ", explique-t-elle avec scepticisme.

Institute of Climate Economics: "Nous devons préparer l'avenir"

Dans le même sens que le CCC est une étude publiée mercredi 1er avril par des chercheurs de l'Institut d'économie climatique (I4CE) et de l'Université Paris-Dauphine. "A chaque sortie de crise, il y a eu une augmentation des émissions de CO2", prévient le think tank sur son compte Twitter, rappelant que "nous devons préparer l'avenir".

Quentin Perrier, d'I4CE, rappelle que dans le plan de reprise de crise des subprimes de 2008, "une partie des montants a été allouée aux activités pro-climatiques". Mais, selon lui, «la contribution réelle de ces entreprises s'est avérée quatre fois inférieure à celle attendue. Et surtout, ces montants uniques restent faibles au regard des investissements supplémentaires qui seraient nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques de la France. »

"La grande majorité du plan", explique le chercheur, consistait en des dépenses d'infrastructure qui n'étaient ni favorables ni défavorables au climat. Par exemple, l'introduction d'un bon pour se débarrasser des véhicules de plus de 10 ans (prime à la casse) a certes permis de relancer l'industrie automobile, mais les critères étaient si faibles qu'il n'orientait pas les consommateurs vers l'achat de véhicules chez faible coût carbone. Pour éviter ce type de biais, il est désormais possible d'utiliser la nouvelle liste d'activités vertes publiée par l'Union européenne, qui énumère de manière exhaustive les critères pour qualifier un investissement de vert », rappelle Perrier.

L'I4CE propose une trentaine de mesures dans sept secteurs clés de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), l'outil de gestion à travers lequel la France entend réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

L'I4CE propose d'accélérer la rénovation des maisons, de promouvoir la production d'électricité renouvelable, de développer les transports publics, les infrastructures ferroviaires, les réseaux de pistes cyclables et les voitures bas carbone, par exemple en limitant la circulation des véhicules les plus polluants , interdisant leur vente ou développant une infrastructure de recharge pour les véhicules électriques.

Une question de souveraineté économique

Les Français ne pardonnent pas à l'État de manquer de masques car ils sont fabriqués en Chine, où à l'époque de Covid-19, ils étaient également vendus au plus offrant. Emmanuel Macron et le ministre de l'Economie Bruno le Maire ont également évoqué la lutte contre le coronavirus comme une bataille pour la souveraineté économique.

"Il faut en extraire toutes les conséquences" et, de ce point de vue, l'épidémie de coronavirus est un "changeur de jeu" dans la mondialisation ", a déclaré Le Maire mi-février après une rencontre à Athènes avec son homologue grec Christos. Staïkouras A cette époque, la France ne ressentait que l'impact de la crise économique dérivée de l'avancée de la pandémie en Chine.

Le Maire a insisté sur "l'urgence de délocaliser un certain nombre d'activités et d'être plus indépendant d'un certain nombre de chaînes de production". Le Maire pensait, à l'époque, avant tout au tourisme, puisque plus de 2,5 millions de touristes chinois visitent la France chaque année, ce qui représente une part importante du tourisme en France.

Après avoir pris connaissance de la baisse du PIB en France, Le Maire a reconnu cette semaine que "la crise actuelle remet en cause de nombreuses certitudes", notamment au niveau de la "souveraineté économique" et de la délocalisation de certaines productions en Europe.

Avec France Info et La Tribuna

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