Paris (AFP)- Plus meurtrier que le Covid-19 ? Autant ou plus que le cancer ? Calculer l’impact du changement climatique sur la santé si le monde n’agit pas rapidement pour réduire les émissions de carbone est un défi pour les chercheurs.

L’équation est complexe, ont déclaré des experts à l’agence de presse AFP: elle doit combiner les multiples effets du réchauffement climatique sur la santé, des dangers immédiats tels que la hausse des températures et les événements météorologiques extrêmes, aux pénuries de nourriture et d’eau à long terme, en passant par la pollution de l’air et les maladies. .

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon laquelle le changement climatique est la plus grande menace pour la santé humaine, a appelé à « inclure la santé au centre des négociations » lors de la COP27.

Face au réchauffement climatique, l’humanité doit « coopérer ou mourir », a averti lundi le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, à l’ouverture du sommet sur le climat en Égypte.

Entre 2030 et 2050, l’OMS prévoit que le changement climatique causera près de 250 000 décès supplémentaires par an dus à « la malnutrition, le paludisme, la diarrhée et le stress thermique ».

Cette estimation est jugée bien inférieure au bilan réel, notamment parce qu’elle n’inclut que certains facteurs, a déclaré à l’AFP Jess Beagley, de l’ONG Global Climate and Health Alliance, pour qui « le changement climatique est un multiplicateur de menaces ».

Près de 70% des décès dans le monde sont causés par des maladies que le réchauffement climatique pourrait aggraver, selon le rapport publié cette année par le GIEC, le groupe d’experts de l’ONU sur le climat.

Des températures plus chaudes poussent également les animaux porteurs de virus, tels que les moustiques, dans de nouvelles zones, augmentant la propagation des maladies existantes et le risque d’en propager de nouvelles.

La fenêtre d’opportunité pour la transmission du paludisme a augmenté d’environ un tiers (32,1%) dans certaines parties des Amériques et de 14% en Afrique au cours de la dernière décennie, par rapport à la période 1951-1960.

Et le risque de transmission de la dengue a augmenté de 12% dans le monde, selon le Lancet Countdown, une étude annuelle réalisée par des experts de 51 institutions, dont l’OMS et l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

L’augmentation des températures favorise également la prolifération de bactéries dans l’eau qui causent des maladies.

4,2 millions de décès supplémentaires

Autre grande menace : les pénuries alimentaires.

Près de 100 millions de personnes de plus souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2020 par rapport à 1981-2010, selon le Lancet Countdown, qui note également que la sécheresse extrême a augmenté de près d’un tiers au cours des 50 dernières années, mettant des centaines de millions de personnes à risque de l’insécurité de l’eau.

Les décès liés à la chaleur ont grimpé en flèche de 68 % entre 2017 et 2021 par rapport à 2000-2004, selon la même étude.

La pollution de l’air a contribué à 3,3 millions de décès en 2020, dont 2,1 millions sont directement liés aux émissions de combustibles fossiles, selon le Lancet Countdown.

À l’avenir, le réchauffement climatique pourrait tuer plus que le cancer dans certaines régions, en particulier les endroits les plus pauvres, selon une nouvelle plateforme de données lancée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Climate Impact Lab.

Dans le pire des cas, si les émissions de combustibles fossiles ne sont pas réduites, le changement climatique pourrait augmenter le taux de mortalité mondial de 53 décès pour 100 000 habitants d’ici 2100, soit environ le double du taux de mortalité actuel par cancer du poumon.

Pour la population mondiale actuelle, cela représenterait 4,2 millions de décès supplémentaires par an, soit plus que le bilan officiel des morts du Covid-19 en 2021.

Et ces projections sont probablement en deçà de la réalité, a déclaré à l’AFP Hannah Hess, du Climate Impact Lab, car elles n’incluent pas certaines menaces telles que les maladies à transmission vectorielle.

La plateforme a également réalisé des projections pour plus de 24 000 régions du monde.

Dans le cas le plus extrême, à Dhaka, la capitale du Bangladesh, les décès liés au changement climatique jusqu’en 2100 (132 pour 100 000 habitants par an), représentent plus du double du taux actuel de mortalité par cancer du pays.

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