De la Vallée de la Mort aux rives de l’Euphrate, en passant par le sous-continent indien, le réchauffement climatique rend insupportable le quotidien de millions de personnes…

Londres (AFP)

« La Vallée de la Mort est l’endroit le plus chaud de la planète. La température estivale moyenne est encore plus élevée au cours des 20 dernières années », a déclaré Abby Wines, responsable des communications pour le parc national de la Vallée de la mort en Californie.

Dans ce désert parsemé de broussailles, le thermomètre a atteint 54,4 °C en deux années consécutives, une température jamais enregistrée par les instruments modernes.

Et le mois de juillet 2021 a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète, selon l’Organisation météorologique mondiale.

« Cette chaleur insupportable nous affecte beaucoup et nous, les pauvres, sommes les plus durement touchés », déplore Kuldeep Kaur, un habitant de Sri Ganganagar au Rajasthan, dans le nord-ouest de l’Inde.

L'augmentation des températures dans le monde depuis 2001

L’augmentation des températures dans le monde depuis 2001 Kenan AUGEARD AFP

À l’autre bout de la planète, sous le « dôme de chaleur » qui a frappé le Canada cet été, Rosa était désespérée à Vancouver. « C’est tout simplement insupportable. Nous ne pouvons pas sortir par cette chaleur », a-t-il déclaré.

« Des milliers de morts »

Sans réduire les émissions de gaz à effet de serre, ce type de phénomène « deviendra encore plus fréquent », estime Zeke Hausfather, climatologue au Breakthrough Institute.

L’augmentation des températures liée à « l’effet de serre » entraîne à son tour une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses, des incendies, des tempêtes et des inondations. Et aussi une multiplication des canicules dévastatrices pour l’agriculture et mortelles pour l’homme.

« Une inondation, c’est quelques morts, peut-être des dizaines. Chaque grande vague de chaleur extrême fait des milliers de morts. Et on sait que ces vagues de chaleur se multiplient », résume Robert Vautard, climatologue et directeur de l’institut Pierre-Simon Laplace.

Un enfant marche dans un champ sec dans le nord du gouvernorat de Diala (est de l'Irak), le 24 juin 2021

Un enfant marche dans un champ sec dans le nord du gouvernorat de Diala (est de l’Irak), le 24 juin 2021 AHMAD AL-RUBAYE AFP

Si le réchauffement climatique atteint le seuil de +2°C, un quart de la population mondiale connaîtra des vagues de chaleur au moins une fois tous les cinq ans, selon un projet de rapport de l’ONU obtenu par l’AFP avant la grande conférence internationale sur le climat (COP26) qui s’ouvre en Glasgow (Ecosse) le 31 octobre.

Impact sur les villes

Les Bédouins ont toujours vécu avec cette chaleur suffocante.

« Il doit faire environ 43 degrés et il n’est que 08h30 à 09h00. A 14h00, la température peut atteindre 48, 49 degrés, parfois même 50. Mais c’est normal pour nous, nous y sommes habitués, nous ne sommes pas surpris. ni agités », confie Nayef al Shamari, 51 ans.

Nayef et son père Saad vivent et travaillent dans le désert de Nefud en Arabie saoudite, où ils élèvent des chameaux depuis des générations.

Malgré le calme de Nayef al Shamari, le mode de vie de ces Bédouins peut être menacé.

« Même les animaux de la région qui tolèrent la chaleur, comme certains chameaux ou chèvres, vont être touchés, ainsi que l’agriculture : cette chaleur extrême va avoir un impact sur la production alimentaire », explique George Zittis, chercheur à Chypre. Institut.

Les marais de Mésopotamie en Irak, entre le Tigre et l’Euphrate, où la légende place le jardin d’Eden, sont également en danger.

« Des températures élevées, supérieures à 50 degrés, ont des conséquences sur les poissons, les animaux, les habitants et le tourisme », explique le propriétaire d’un bateau, Razak Jabar, avançant lentement au milieu d’un cours d’eau. Avec résignation, il explique qu’il doit partir.

L'impact du changement climatique a généré une augmentation de la température mondiale ces dernières années.

L’impact du changement climatique a généré une augmentation de la température mondiale ces dernières années. © Francis Mascarenhas / Reuters

Ces déplacements forcés des zones rurales créent de nouveaux défis.

« Dans cette partie du monde (le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord), on prédit que d’ici la fin du siècle, 90 % de la population vivra dans des villes », où les températures ont déjà tendance à être plus élevées, prédit George Zittis.

Face à l’urgence, les appels à l’action se multiplient.

« Sans une réduction immédiate, rapide et à grande échelle des émissions de gaz à effet de serre, nous ne pourrons pas limiter le réchauffement climatique à 1,5°C et les conséquences seront catastrophiques », avait prévenu en septembre le secrétaire général de l’ONU António Guterres.

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