Le changement des conditions d’utilisation de la messagerie cryptée propriété de Facebook, annoncé le 4 janvier, est perçu comme un recul sur la confidentialité des données. Deux applications concurrentes et plus modestes en profitent.
La contre-attaque de WhatsApp n’est pas si simple, constate le Financial Times. Comment éviter que ses utilisateurs se tournent “en masse” vers ses concurrents Signal et Telegram, après que la messagerie cryptée a annoncé un changement de ses conditions générales d’utilisation (CGU) qui permettra à sa maison mère, Facebook, de récupérer certaines données privées de ses utilisateurs ?
L’application aux 2 milliards d’utilisateurs dans le monde se démène pour “clarifier les changements à venir de sa politique de confidentialité des données”. Pour faire pièce aux “rumeurs”, WhatsApp a mis en ligne lundi 11 janvier, tard dans la soirée, un communiqué précisant :
Peu importe ce que vous partagez, cela reste entre vous et les personnes avec qui vous souhaitez le partager. Ceci parce que vos messages personnels sont protégés par le chiffrement de bout en bout.”
Depuis que, le 4 janvier, la société a annoncé le changement de ses CGU, pour une entrée en vigueur le 8 février, ses concurrents dans la messagerie chiffrée ont bénéficié d’un flot continu de nouveaux usagers. Signal a été téléchargée 8,8 millions de fois dans la semaine qui a suivi, selon des données de la société d’analyse Sensor Tower. Le tweet laconique du PDG de Tesla, Elon Musk, le 7 janvier, “Utilisez Signal”, a également joué.
Telegram a compté 11,9 millions de téléchargements cette même semaine, et en avait déjà compté 6,5 millions la précédente, toujours selon Sensor Tower. Et l’application développée par les frères Nikolaï et Pavel Dourov, fondateurs du réseau social russe VKontakte, aujourd’hui basé à Dubaï, revendique désormais 500 millions d’utilisateurs actifs.
À partir du 8 février, WhatsApp pourra partager des données sur les paiements et les transactions avec sa maison mère pour “stimuler la publicité” qui va accompagner le lancement “de fonctionnalités de vitrines numériques comme les Facebook Shops”, détaille le journal économique. Seules les informations recueillies dans les échanges WhatsApp entre des commerces en ligne et leurs clients seront utilisées pour enrichir les data publicitaires de Facebook.
“Désinformation”
Même si WhatsApp mène le combat en mobilisant des dirigeants comme Adam Mosseri, d’Instagram, le réseau social de partage d’images et vidéos (lui aussi propriété de Facebook), qui a critiqué la “désinformation” dont serait victime la messagerie cryptée, ses utilisateurs se souviennent que Facebook avait promis, en la rachetant en 2014, qu’elle “ne serait pas obligée de partager ses données” avec son nouveau propriétaire.
Signal a d’ailleurs été cofondée par l’un des créateurs de WhatsApp, Brian Acton, qui avait quitté l’entreprise pour “désaccords sur sa politique de confidentialité et son manque d’indépendance” vis-à-vis de Facebook.
La mauvaise presse de WhatsApp n’est peut-être pas la seule raison des bons chiffres de Signal et Telegram. Ils profitent également des contrecoups du bannissement de Donald Trump et des réseaux QAnon de Twitter et Facebook après l’assaut du Capitole le 6 janvier.