En prétextant la lutte contre le Covid-19, l’Argentine taxe les grandes fortunes

En prétextant la lutte contre le Covid-19, l’Argentine taxe les grandes fortunes

Dans une économie en pleine crise, le gouvernement du président Alberto Fernández espère récolter, avec ce nouvel impôt, quelque 3 milliards de dollars. Mais cette mesure officiellement provisoire est très critiquée.

La loi de contribution solidaire et extraordinaire qui instaure un nouvel impôt est entrée en vigueur le lundi 1er février, en Argentine. Elle vise à taxer environ 12 000 personnes, selon les estimations du gouvernement de gauche, et devrait rapporter 3 milliards de dollars dans l’année, qui aideront notamment à financer le système de santé.

Le site d’information Infobae précise : “La loi prévoit le prélèvement exceptionnel d’une contribution allant de 2 à 3,5 % sur le patrimoine des personnes physiques déclarant plus de 200 millions [de pesos]” soit près de 2 millions d’euros.

La loi avait été adoptée en décembre 2020 par la majorité parlementaire qui soutient le gouvernement de gauche d’Alberto Fernández mais ne vient d’entrer en vigueur qu’après la longue élaboration des décrets d’application.

Soutenir aussi les petites entreprises

Selon le site BBC Mundo, cette loi “a été pensée pour financer les achats de matériel médical et les aides d’État, en pleine pandémie de Covid-19”. Outre l’aide au financement du système de santé public, le nouvel impôt pourrait permettre le soutien des petites et moyennes entreprises, touchées par les mesures de restrictions liées au Covid-19.

La capitale, Buenos Aires, a par exemple été totalement confinée entre mars et septembre 2020, et le pays traverse actuellement un rebond du nombre de contaminations, probablement lié aux longues vacances “d’hiver” – donc d’été dans l’hémisphère Sud.

Selon les derniers chiffres de l’université Johns Hopkins, l’une des principales références en la matière, l’Argentine est parmi les pays les plus touchés d’Amérique latine en nombre de morts rapportés à la population, avec 108 décès pour 100 000 habitants, derrière le Pérou, le Mexique et la Colombie.

Un impôt qui suscite des critiques

Il n’empêche que le nouvel impôt sur les grandes fortunes n’a pas forcément été accueilli favorablement par certains économistes et chefs d’entreprise. Selon José Urtubey, l’un des dirigeants de l’Union des industries argentines, cité par le grand quotidien La Nación, il s’agit d’un impôt “confiscatoire”.

Selon ce responsable : “Le préjudice qu’aura cette loi, en décourageant l’investissement, est supérieur au bénéfice attendu pour les recettes fiscales […]. En Argentine, nous devons réfléchir à des moyens pour réduire la pression fiscale, pas pour l’augmenter.”

Selon l’économiste Orlando Ferreres, interrogé dans cet autre article de La Nación :

L’Argentine ne peut plus absorber de nouveaux impôts, elle suffoque. Entre les prélèvements nationaux, ceux des provinces et ceux des municipalités, les impôts sont déjà très nombreux. Les taxes existantes se chiffrent par centaines, quand quatre ou cinq suffiraient.”

Le pays traverse une grave crise économique, avec une chute du PIB en 2020 estimée à 13 %, qui serait la plus élevée des pays du G20. Et surtout il a conclu l’année avec un taux d’inflation de 36 %, le plus fort d’Amérique latine après celui du Venezuela, qui ne cesse de s’accroître, mois après mois.

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