Le film ‘Titane’ de la française Julia Ducournau a remporté la plus haute distinction qu’une œuvre cinématographique puisse obtenir dans la compétition française. Par ailleurs, la plus jeune des cinéastes à avoir participé à la Croisette est devenue la deuxième femme de l’histoire du festival à remporter ce prix, après celui décerné à Jane Campion en 1993 pour « Le Piano ».

Julia Ducournau a créé un monstre à l’énergie imprévisible qui s’imposait sur grand écran.

La réalisatrice française, qui a reçu la Palme d’or au Festival de Cannes le 17 juillet pour son film ‘Titane’ (en espagnol, ‘Titanio’), a remercié le jury d’avoir « demandé plus de diversité dans nos expériences cinématographiques et dans nos vit « et aussi pour » laisser entrer les monstres. « 

De nombreuses idées disparates ont donné vie à ce « Frankenstein » cinématographique qui fera rire, pleurer ou dégoûter le public, avec des scènes qui résument la fantaisie de Ducournau. Certains critiques ont dit qu’il s’agissait d’une belle fantaisie parisienne sombre et tordue, avec des scènes de sexe, de violence et un récit difficile à deviner.

Lors du gala de ce samedi à Cannes, la réalisatrice savait depuis le début que son film était lauréat, après qu’en début de cérémonie le réalisateur Spike Lee, qui a présidé le jury et remis le prix avec l’actrice Sharon Stone, révélera le prix par erreur.

Ducournau, 37 ans, était le plus jeune cinéaste parmi les 23 autres collègues en lice. De même, tout au long de cette édition, il ne faisait partie que de quatre cinéastes en compétition.

Prix ​​pour un film audacieux et pour l’inclusion

Cannes a décerné la plus haute distinction à un cinéma transgressif et pionnier. C’est un barrage de beauté et d’émotion qui ne peut être catalogué, comme Julia Ducournau a décrit son « Titane ».

Film le plus controversé et le plus risqué des 24 films qui ont concouru dans cette édition pandémique, il raconte l’histoire d’Alexia (Agathe Rousselle), une tueuse en série qui a des relations sexuelles avec des voitures, jusqu’à ce qu’un pompier (Vincent Lindon) arrive à sa vie et commence un processus d’humanisation.

‘Titane’ mêle l’hybridation entre la femme et la machine, l’amour des voitures et la recherche de la paternité.

« J’apprécie la reconnaissance du besoin viscéral d’un monde plus inclusif et fluide », a déclaré Ducournau lors de la réception du prix, faisant référence à la liberté sexuelle d’être qui vous voulez être, comme dans le film.

Et les autres prix sont allés à…

La soirée sur la Côte d’Azur s’est déroulée avec un certain chaos et un grand nombre de films, certains en attente de leur première depuis le début de l’année 2020, en raison des retards générés par la pandémie de Covid-19.

Le Grand Prix (ex aequo) du Jury est allé à ‘A Hero’ d’Asghar Farhadi et ‘Hytti N°6’ de Juho Kuosmanen. Le prix de la meilleure mise en scène est allé à Léos Carax pour le célèbre « Annette », tandis que le prix du meilleur scénario est allé à Ryusuke Hamaguchi pour « Drive My Car ».

De leur côté, ‘Ahed’s knee’, de l’Israélien Nadav Lapid, et ‘Memoria’, du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul ont remporté le Prix du Jury (ex aequo).

En outre, les prix de la meilleure actrice et du meilleur acteur sont allés respectivement à Renate Reinsve pour « La pire personne du monde », de Joachim Trier, et à Caleb Landry Jones pour « Nitram », de Justin Kurzel.


Une Colombie en lutte entre en scène

« Mémoire » d’Apichatpong Weerasethakul a remporté l’un des plus grands prix à Cannes.

Le film du réalisateur thaïlandais, avec l’actrice Tilda Swinton, est un drame qui raconte l’histoire de Jessica, une Écossaise tourmentée par un bruit qu’elle seule peut entendre. Lorsqu’il commence à chercher de l’aide, il découvre des personnes et des relations inattendues, tout en faisant un voyage à travers les jungles de Colombie.

C’est là qu’ils ont enregistré le film, auquel participent également les Colombiens Juan Pablo Urrego et Elkin Díaz, ainsi que le Mexicain Daniel Giménez.

A l’issue de la première de ‘Memoria’ le 15 juillet pendant le Festival, le public a applaudi le travail de Weerasethakul pendant sept minutes, en plus de recevoir des critiques très positives de la part des critiques internationaux.

(de gauche à droite) L'acteur colombien Juan Pablo Urrego, le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, l'acteur colombien Elkin Diaz, l'actrice britannique Tilda Swinton et l'actrice française Jeanne Balibar, posent sur le tapis rouge avec le drapeau colombien lors de l'édition 74 du Festival de Cannes , En France.  15 juillet 2021.
(de gauche à droite) L’acteur colombien Juan Pablo Urrego, le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, l’acteur colombien Elkin Diaz, l’actrice britannique Tilda Swinton et l’actrice française Jeanne Balibar, posent sur le tapis rouge avec le drapeau colombien lors de l’édition 74 du Festival de Cannes , En France. 15 juillet 2021. © John MacDougall / AFP

« Cela a été un long voyage. Le confinement est terminé et c’est la première projection de mon film (…) c’est comme une grande rencontre », a déclaré le réalisateur à l’AFP.

Peu de temps avant d’entrer dans la salle de projection ce jour-là, sur le tapis rouge, Weerasethakul et les acteurs ont été photographiés avec un drapeau colombien portant l’inscription « SOS », en relation avec les manifestations de ces derniers mois dans ce pays.

« J’appelle le gouvernement de la Colombie et d’autres pays qui se trouvent dans des situations similaires à se réveiller et à écouter leur peuple (…) Nous parlons souvent de ce rêve et de la « Mémoire » concerne la vibration de ces énergies et de ces connexions. Du rêve de s’améliorer », a déclaré le réalisateur asiatique, cité par les médias colombiens.

Avec Reuters, EFE, AFP et les médias locaux

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