Pom-pom girls en deepfake, un drone dans un jeu de quilles et les déplieurs du MIT

Pom-pom girls en deepfake, un drone dans un jeu de quilles et les déplieurs du MIT

La tech et l’intelligence artificielle peuvent servir les causes les plus nobles comme la mesquinerie la plus grotesque. Le Philadelphia Inquirer narre la désolante histoire de cette mère de famille de Pennsylvanie, qui, pour évincer les rivales de sa fille dans l’équipe de pom-pom girls locale (les Victory Vipers), a concocté des dizaines de photos et vidéos des jeunes filles dans des situations aussi compromettantes que fictives. Les deepfakes d’excellente qualité envoyés aux entraîneurs de l’équipe les montraient une bouteille d’alcool ou un joint à la main, ou entièrement nues en public. La harceleuse a commis l’erreur d’expédier directement ses créations aux victimes, en leur suggérant aimablement… de se suicider. Plusieurs d’entre elles ont prévenu la police, qui a pris l’affaire très au sérieux et mobilisé ses spécialistes en informatique pour démasquer l’auteur des messages.

Cage de luxe

L’épidémie de Covid-19 a au moins permis de révolutionner une industrie. Celle des ascenseurs. Les titans du secteur, Otis, Mitsubishi et Kone, n’ont pas lésiné depuis un an pour rassurer leurs millions d’utilisateurs, las de risquer leur santé dans l’air vicié d’une boîte mobile de deux mètres sur quatre. Selon le Wall Street Journal, leurs nouveaux modèles, pour certains déjà mis en service dans les casinos de Las Vegas, comportent des systèmes de purification de l’air de nouvelle génération par ionisation ou ultraviolets qui neutralisent instantanément les virus. On ne touche plus les boutons d’étage non plus. Il suffit, selon les cas, d’appeler l’ascenseur sur une appli de smartphone, d’approcher la main du tableau ou d’utiliser la commande vocale pour choisir sa destination. Un autre système permet d’activer l’ascenseur en tapotant des pédales high-tech avec le pied.

Gloire du drone

Depuis des jours, le Tout-Hollywood ne parle plus que de ça : ce clip extraordinaire filmé en une seule prise de 87 secondes à l’aide d’un drone dans un bowling de Minneapolis. Jay Christensen, un cameraman réalisateur, était chargé de faire la promotion de plusieurs établissements de la ville en mal de clientèle à cause des ravages du Covid, qui a touché plus de 500 000 personnes dans cet État de 6 millions d’habitants. Et le résultat est sidérant, salué par le New York Times comme “un nouveau langage et un nouveau vocabulaire cinématographique”. Sans le moindre effet spécial, l’appareil s’engouffre par la porte ouverte du bowling, virevolte entre les joueurs, rase les pistes pour mieux savourer la dégringolade des quilles et furète dans les coulisses et la machinerie. Les images, dues à la seule dextérité de l’opérateur et rehaussées par une bande-son rendant hommage à The Big Lebowski, réputé “le meilleur film de bowling jamais produit”, rivalisent avec les plus coûteuses animations électroniques des blockbusters américains. Nul doute que les drones pulluleront dans les prochaines mégaproductions…

Lettre ouverte

Onze chercheurs du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont trimé pendant des mois pour arriver à lire l’une des 577 lettres datant du XVIIe siècle conservées dans la fameuse collection Brienne, de La Haye. Sans l’ouvrir bien sûr. Ces missives, écrites avant l’invention de l’enveloppe, étaient pliées par leur auteur sous forme d’origamis sophistiqués et inviolables. Les conservateurs de musée néerlandais se refusaient bien naturellement à ouvrir, au risque de l’abîmer, cette masse de lettres d’une poste restante de La Haye précieusement conservée il y a trois cents ans par un couple de postiers local, Simon et Marie De Brienne.

Selon l’article de Nature Communications, commenté par le New York Times, le MIT a donc radiographié un des plis, puis confié à un programme d’intelligence artificielle spécialement conçu le soin de détecter et de “lire” chaque couche d’écriture pour enfin le déplier virtuellement. La lettre en question, postée à Lille en 1697 pour un destinataire hollandais, ne contenait hélas aucun mot doux d’époque, seulement une requête administrative. L’architecture des plis, d’une diversité extraordinaire, est aussi un sujet de recherche prisé, qui sera grandement facilité par les dépliages informatiques du MIT.

Pas gentil

À lire le Washington Post, pourtant propriété de Jeff Bezos, par ailleurs fondateur d’Amazon, on soupçonne le plus grand libraire de la planète de se complaire dans le rôle du méchant. Amazon, selon l’article, refuse que les bibliothèques publiques prêtent les ouvrages qu’il publie sur ses tablettes électroniques. C’est l’occasion de rappeler l’ampleur de la position dominante d’Amazon, non seulement pour la diffusion physique et électronique des livres, mais pour leur contenu également. Le géant de l’e-commerce est aussi un éditeur jaloux de ses prérogatives qui n’aime pas perdre de l’argent à cause des bons sentiments du service public.

Castagne

Pendant ce temps-là, deux titans de la tech en viennent aux mains. Brad Smith, patron de Microsoft, a profité de sa comparution devant le comité antitrust de la Chambre des représentants pour accuser Google, vecteur dominant de la recherche et de la publicité en ligne, de provoquer la ruine de la presse locale américaine en réduisant les revenus destinés aux créateurs de contenu. CNN Business publie la réponse hargneuse de Google aux leçons de morale et de civisme du géant de Seattle. Le groupe accuse Microsoft de tenter de redorer son image, ternie par le piratage de milliers d’utilisateurs de ses programmes, vraisemblablement commis par les services de renseignements russes après le hacking de l’éditeur de logiciels SolarWinds, dont la plateforme équipe des centaines d’entreprises et d’institutions gouvernementales américaines.

Philippe Coste

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