L’action en justice intentée par Twitter pour forcer le milliardaire Elon Musk à honorer sa promesse de l’acheter sera résolue par un petit mais puissant tribunal du Delaware spécialisé dans les différends commerciaux de haut niveau. L’entreprise accuse le magnat « d’hypocrisie » et « de mauvaise foi ».

Entre les mains d’un tribunal se trouvait le candidat au procès commercial le plus cher de l’histoire récente de Wall Street qui fait face à deux poids lourds : l’homme considéré comme le plus riche du monde et l’un des réseaux sociaux les plus influents.

La mauvaise foi, l’hypocrisie, l’utilisation abusive d’informations privilégiées et même les menaces ne sont que quelques exemples parmi une longue liste d’accusations par lesquelles Twitter entend montrer que le magnat de la voiture de luxe Elon Musk a illégalement renié sa promesse de racheter l’entreprise.



Elon Musk a renoncé à l’achat proposé de 44 milliards de dollars, ouvrant la voie à une bataille juridique qui sera révélée lors d’un procès de cinq jours en octobre.

Dans un procès de 62 pages, Twitter exige le respect du pacte et décrit avec force détails comment s’est développé un processus qui a duré à peine trois mois mais qui, tout comme il a mal commencé, menace de mal finir.

Ce qui commence mal…

Selon le document judiciaire déposé au Delaware, lors de ses premiers flirts avec Twitter, Elon Musk a clairement indiqué qu’il avait trois options en tête : rejoindre son conseil d’administration, privatiser le réseau social ou lancer un concurrent.

La première option a été rejetée et, entre autres, Musk a semblé pencher vers la seconde, bien que, selon Twitter, elle ait été accompagnée d’une menace : « C’est ma meilleure et dernière offre et si elle n’est pas acceptée, j’aurais reconsidérer ma position d’actionnaire ».

Elon Musk détient aujourd’hui 9,6% des parts de Twitter, ce qui en fait le plus grand partenaire unique.


Twitter a présenté une longue liste d'accusations contre Elon Musk et son équipe juridique.
Twitter a présenté une longue liste d’accusations contre Elon Musk et son équipe juridique. ©France 24

Moins de trois mois après avoir fait l’offre, le 8 juillet, Musk s’est retiré de son intention d’achat, arguant qu’il n’avait pas obtenu suffisamment d’informations sur les faux comptes ou « spam », que Twitter estime à 5% de tous les utilisateurs actifs.

« Quand M. Musk a commencé à poser des questions, les réponses qu’il a obtenues étaient alarmantes », a récemment déclaré Andrew Rossman, l’avocat du magnat, tandis que Twitter ajoute que les « accusations n’ont aucun fondement ».

Dans son procès et dans son rapport sur les résultats du deuxième trimestre 2022, le réseau social accuse Musk d’avoir imputé aux actionnaires la chute des cours des actions vécue ces dernières semaines, en plus de ses récentes mauvaises performances financières.


L'entreprise est passée du profit à la perte entre le deuxième trimestre de 2021 et la même période de 2022.
L’entreprise est passée du profit à la perte entre le deuxième trimestre de 2021 et la même période de 2022. ©France 24

Twitter soupçonne Elon Musk de tout diriger vers sa troisième option : créer son propre concurrent, pour lequel il l’accuse d’obtenir, par la pression, des informations clés comme tous les tweets publiés et les tendances préférées.

La multinationale se défend d’avoir donné à l’homme d’affaires accès à plus de 50 téraoctets de données brutes, « malgré le fait que l’accord de fusion n’exigeait pas le partage de ces informations ».

Guerre pour Twitter… dans les tweets

Quel meilleur cadre pour ce différend que Twitter. L’également propriétaire de SpaceX a utilisé son compte personnel de plus de 100 millions de followers pour rendre compte de chaque étape, y compris son intention de « libérer le réseau social ».

Mais Twitter estime qu’au contraire, il a utilisé ce scénario pour entraver le contrat d’achat.

Dans son procès, la multinationale a fourni une série de tweets dans lesquels Elon Musk « se moque » de l’entreprise avec des expressions « péjoratives ».


La société accuse Musk d'avoir publié des tweets désobligeants à son encontre.
La société accuse Musk d’avoir publié des tweets désobligeants à son encontre. ©France 24

Des preuves ont également été jointes qu’Elon Musk a utilisé des tons menaçants avec les gestionnaires de Twitter. À une occasion, la société a officiellement demandé des informations sur l’état du financement de Musk, ce à quoi il a répondu :


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Un message texte d’Elon Musk dit aux responsables de Twitter : « Cela doit cesser. » ©France 24

« Pour Musk, semble-t-il, Twitter, les intérêts de ses actionnaires, la transaction convenue, et le processus judiciaire pour l’appliquer, tout constitue une « blague élaborée », est une autre des accusations de Twitter contre son adversaire.


Twitter souligne que pour Musk, tout le processus n
Twitter souligne que pour Musk, tout le processus n’a été qu’une « blague élaborée ». ©France 24

Une petite victoire précoce pour Twitter

Cinq jours suffiront au tribunal spécialisé en contentieux des sociétés du Delaware pour trancher l’épineuse affaire.

La première décision de Kathaleen St. J. McCormick, une avocate diplômée de Harvard qui dirige le panel de neuf juges, a été de fixer le procès à octobre, ignorant la demande de l’équipe juridique de Musk de le reporter à février et se rapprochant de Twitter appelant à apporter il avant septembre.

En attendant le procès, trois options sont actuellement envisagées : que Musk paie l’indemnité de 1 000 millions de dollars, qu’ils le forcent à consommer l’accord ou qu’ils définissent l’affaire de manière extralégale et ne poursuivent pas le procès. Twitter poursuit ce dernier.

Avec Reuters, AP, AFP, EFE

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