Les microbes qui peuplent les œuvres de De Vinci intriguent les scientifiques

Les microbes qui peuplent les œuvres de De Vinci intriguent les scientifiques

Champignons et bactéries sont une mine d’informations sur les conditions de stockage et le parcours historique des œuvres d’art. Voici quelques enseignements tirés par les chercheurs.

On sait les experts en art capables de faire parler la composition chimique d’une peinture, d’un vernis ou d’une toile, qui peuvent donner de précieux indices sur une œuvre. Une étude récente, signée par des chercheurs italiens et autrichiens, s’intéresse, elle, à une autre source d’information à ce sujet.

Ainsi que le détaille Wired, “un demi-millénaire après la mort de Léonard de Vinci, les scientifiques ont séquencé l’ADN qui s’est retrouvé, au fil des ans, incrusté sur sept de ses dessins. Ils ont ainsi pu recenser de manière exhaustive les microbiomes [c’est-à-dire, les génomes des micro-organismes et de leur environnement] de bactéries et de champignons, qui racontent de fascinantes histoires sur la vie de ces œuvres inestimables.” Ces chercheurs ont publié un article dans la revue scientifique Frontiers in Microbiology, à laquelle fait écho Wired.

Réaliser l’analyse n’a pas été une mince affaire. “Dans toute autre étude environnementale, il est possible de se rendre sur place pour prendre des kilos de terre ou des litres d’eau. Mais, dans le cas présent, nous ne pouvions pas prélever d’échantillons”, explique au magazine californien Guadalupe Piñar, la microbiologiste qui a coordonné l’étude. Pour obtenir la matière de leurs observations, les scientifiques ont dû aspirer les microbes délicatement, à travers une membrane, sans entrer en contact avec le fragile support.

Salmonelle et champignons

Bilan de la récolte : les dessins, pour la plupart conservés à la Bibliothèque royale de Turin (comme l’autoportrait ci-dessus), sont riches en microbes de toutes sortes. “[Les scientifiques] ont détecté la présence des tristement célèbres salmonelles et Escherichia coli, des bactéries qui provoquent toutes deux des troubles intestinaux chez l’homme. Ils ont également trouvé des espèces de bactéries spécifiques aux intestins des mouches communes et des mouches des fruits, ce qui signifie que des insectes déféquaient sans se gêner sur ces œuvres d’art d’une valeur inestimable.” Mais Dr Piñar explique à Wired qu’il s’agit de restes anciens, datant d’une époque où les dessins n’étaient pas conservés derrière une vitre. On y retrouve aussi des champignons potentiellement dangereux pour le papier (et pour l’humain).

Par l’analyse complète de cette faune microscopique, les chercheurs peuvent d’ailleurs retracer des parcours de conservations, et parviennent à différencier une œuvre de la collection de Turin d’une autre venant de Rome. Enfin, cette étude fait le bonheur des conservateurs. Ils pourront prendre des mesures préventives plus efficaces chaque fois qu’ils détecteront “des signaux d’une attaque imminente par un champignon qui détériore le papier, par exemple, et qui a commencé à s’implanter mais ne s’est pas encore largement répandu”.

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