Le Washington Post a comparé le programme de relance de 1900 milliards de dollars adopté par le Congrès américain ce 10 mars à ceux mis en œuvre par d’autres gouvernements. Son verdict : rapportée à la taille de l’économie américaine, l’intervention de Washington est l’une des plus importantes au monde.
Le plan de relance de 1900 milliards de dollars, définitivement adopté mercredi 10 mars par le Congrès américain, est-il si exceptionnel ? Pour The Washington Post, il est “d’une portée gigantesque” mais pas unique en son genre : la pandémie ayant causé “de graves dommages économiques” dans le monde entier, de nombreux gouvernements ont engagé des dépenses “spectaculaires”.
En ordre de grandeur, le plan Biden est d’un montant légèrement inférieur au PIB de l’Italie et supérieur au PIB du Brésil. Ce qui, selon le quotidien américain, est d’autant plus “considérable” que ce programme de relance n’est pas le premier aux États-Unis. En décembre 2020, le Congrès américain avait déjà adopté un programme d’aides de 900 milliards de dollars, qui avait complété un plan de relance de 2 200 milliards de dollars autorisé pendant la dernière année de mandat de Donald Trump.
Avec 2 907 milliards de dollars de dépenses programmées par trois plans de relance, le Japon arrive en deuxième position, souligne The Washington Post. Selon le quotidien, si les États-Unis semblent donc avoir dépensé plus que tout autre pays, il ne faut pas oublier que l’économie américaine est la plus importante au monde. Et donc que le pays doit automatiquement dépenser plus pour la protéger.
Pour jauger réellement l’importance des mesures de relance américaines, il est donc intéressant de les rapporter à la taille de l’économie du pays. The Washington Post s’est ainsi intéressé aux travaux de Ceyhun Elgin, macroéconomiste à l’université du Bosphore, en Turquie, qui a suivi les réponses budgétaires à la pandémie en pourcentage du produit intérieur brut.
Des dépenses représentant 27 % du PIB américain
Selon M. Elgin, avant le plan Biden, les États-Unis avaient engagé environ 18,22 % de leur PIB, ce qui les situait au treizième rang des 168 pays suivis par l’équipe de l’économiste turc. Avec ce nouveau plan de 1 900 milliards de dollars, l’intervention de l’État américain s’élève à plus de 27 % du PIB, ce qui place les États-Unis à la deuxième place du classement, derrière le Japon (dont les dépenses dépassent les 30 % du PIB). Et selon les calculs du macroéconomiste, cela représente une dépense publique quatre fois supérieure à celle engagée par le gouvernement de Barack Obama pour réponse à la crise financière de 2008.
Il peut toutefois “être délicat” de faire des comparaisons, relativise le quotidien. Dans certains pays, notamment en Europe, de généreux systèmes de protection sociale déjà en place ont “rendu moins nécessaires des dépenses massives”.
Le quotidien souligne la diversité des approches pour répondre à la crise : recours à des prêts garantis pour soutenir les entreprises dans de nombreux pays européens, versements en espèces aux ménages aux États-Unis, au Japon ou au Brésil.
Il est trop tôt pour évaluer l’efficacité de ces différentes mesures, conclut The Washington Post. Mais, selon Jason Furman, un ancien membre de l’administration Obama cité par le quotidien, certains signes permettent d’être optimiste quant à l’approche américaine :
En 2020, l’économie des États-Unis s’est beaucoup moins contractée que celle de tous les autres pays du G7, à l’exception du Japon.”