Le 7 mars 2021, lors d’un référendum, les électeurs suisses ont voté à 51,7 % pour un accord de coopération économique avec l’Indonésie qui abolit ou réduit les taxes sur les produits industriels, y compris l’huile de palme. L’Indonésie, plus gros producteur mondial, se réjouit de cette première victoire sur le Vieux Continent, où la production d’huile de palme est accusée de participer au déboisement massif de l’archipel.
“Sur le plan du volume, ce n’est pas important, mais l’acceptation de l’huile de palme sur le marché suisse forgera une image positive dans toute l’Europe continentale”, a déclaré au quotidien Koran Tempo le chef de la communication de l’Association indonésienne des entrepreneurs vendant de l’huile de palme, Tofan Mahdi.
Cet accord commercial entre l’Indonésie et les pays de l’Association européenne de libre-échange (CEPA I-AELE) qui comprend, outre la Suisse, l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège, était en négociation depuis plus de huit ans. Alors que la Norvège et l’Islande avaient ratifié ce traité, la Suisse l’avait rejeté à cause de la pétition de diverses ONG accusant le commerce de l’huile de palme indonésienne de nuire à l’environnement. Conformément à la loi helvétique, la ratification du traité devait par conséquent faire l’objet d’un référendum.
Lobbying
“Depuis longtemps, l’image du palmier à huile est négative en Suisse et plus largement en Europe, donc la lutte a été assez rude”, a confié à Koran Tempo l’ambassadeur d’Indonésie en Suisse, Muliaman Darmansyah Hadad.
Pendant des mois, le diplomate a approché les industriels, les universitaires, les instituts de recherche, les hommes politiques, les membres du Parlement et la population helvétique. Il s’est appuyé aussi sur la diaspora indonésienne vivant en Suisse pour convaincre les électeurs de la durabilité de l’huile de palme indonésienne et de ses dérivés depuis la création d’un label de certification, l’Ispo, réglementé par un décret présidentiel de 2020.
L’accord de libre-échange contient des exceptions pour les produits agricoles, notamment pour protéger la production suisse des huiles de tournesol et de colza. Pour l’huile de palme, les droits de douane ne sont pas supprimés mais réduits de 20 à 40 %.
Résistance dans les cantons francophones
Le Jakarta Post, citant Swissinfo.ch, rapporte que le vote a été plus serré que prévu : “Les principales poches de résistance ont été les cantons francophones tels que Genève (où siègent de nombreuses entreprises de matières premières) et Vaud (siège du géant suisse de l’alimentation Nestlé).”
Le président de la Suisse, Guy Parmelin, qui détient également le portefeuille de l’Économie, a déclaré que les préoccupations des opposants seraient prises en compte et que la Suisse soutiendrait l’Indonésie dans la production d’huile de palme durable.
“Ce vote n’est pas un choix de l’économie sur les droits de l’homme et l’environnement”, a précisé le président cité par Swissinfo.ch.
Côté indonésien, Tofan Mahdi estime que les attaques contre l’huile de palme en Europe continueront tant que le produit restera numéro un sur le marché mondial des huiles végétales. Cette industrie emploie 16 millions de personnes en Indonésie et ses exportations ont engendré, en 2020, 22,97 milliards de dollars.
Selon Tofan Mahdi, les ONG qui combattent l’huile de palme en Suisse cherchent toujours d’autres moyens d’empêcher qu’elle soit incluse dans l’accord.
“Pour cela, a-t-il déclaré à Koran Tempo, le gouvernement indonésien doit continuer à renforcer la diplomatie autour de l’huile de palme auprès des pays membres de l’AELE et de l’Union européenne.”