Le Kremlin s’apprête à présenter ce jeudi 30 mars 2022 un plan avec lequel il entend exiger que tous les paiements pour les achats de ses hydrocarbures se fassent en roubles et non en dollars ou en euros. L’Europe, très dépendante des approvisionnements de la Russie, commence à envisager même les pires scénarios.
En Europe, les alarmes sonnent déjà en raison d’un éventuel manque de gaz. Du moins en Allemagne, qui a déclaré une alerte précoce, la première de trois étapes dont la phase la plus grave est une urgence d’approvisionnement.
Une telle mesure obligerait le gouvernement à rationner le gaz à l’industrie pour protéger la consommation des ménages et déclencherait – encore plus – une hausse des prix qui avait déjà été affectée depuis avant l’invasion militaire russe de l’Ukraine.
La raison : Moscou s’apprête à présenter jeudi un plan pour que ses importateurs d’énergie la paient en roubles et non en dollars ou en euros, règle qu’elle songe même à étendre à d’autres produits de base comme les engrais ou l’alimentation, dont c’est un fournisseur mondial clé.
La Russie peut élargir la liste des produits pour lesquels elle exige un paiement en roubles pour inclure les céréales, le pétrole, les métaux et autres https://t.co/da63f5HdIa
—Bloomberg Markets (@markets) 30 mars 2022
Déclarant « l’alerte précoce », le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, a assuré que « si la Russie arrête ses livraisons de gaz et de pétrole, nous pourrons y faire face (…) Mais évidemment il y aura des conséquences comme des prix élevés ou certaines restrictions ». ”.
La question est en tête de l’agenda européen ce mercredi, en attendant les prochaines annonces du Kremlin. La France assure qu’elle a suffisamment de gaz pour l’hiver et qu’elle se prépare à tous les scénarios et le Royaume-Uni insiste sur le fait qu’en aucun cas il ne paiera en roubles.
A son tour, le gouvernement italien a déclaré qu’il attendait que Gazprom, le géant gazier russe, fasse une déclaration avant de déclarer la moindre alerte, une opinion similaire à celle des Pays-Bas, qui ne prévoient d’activer aucun plan de crise tant que vous ne vous retrouverez pas en vrai rationnement.
Au milieu des positions divergentes, ce sur quoi les pays s’accordent, c’est que les citoyens et les entreprises doivent réduire au maximum leur consommation.
« Nous sommes dans une situation où chaque kilowattheure d’énergie économisé est utile. Et c’est pourquoi je veux également profiter de cette déclaration d’alerte pour appeler les industriels et les particuliers à nous aider en économisant du gaz et de l’énergie en général. »
Mais pourquoi y a-t-il tant de controverses sur la demande de la Russie de payer en roubles ?
L’intention de Moscou que les pays paient leurs produits en roubles compliquerait ses clients majoritairement européens, qui paient aujourd’hui 60% des hydrocarbures en euros ou en dollars.
Les importateurs devraient trouver une banque qui échangerait des euros ou des dollars contre des roubles, une tâche qui pourrait être lourde car certaines banques de ce pays ont été bloquées ou retirées du système Swift de paiements internationaux.
Pourtant, il y a des banques qui n’ont pas été punies. Par exemple, les sanctions imposées par le Trésor américain qui interdisent les transactions bancaires contiennent des exceptions pour les paiements énergétiques, comme une concession aux alliés européens beaucoup plus dépendants du pétrole et du gaz russes.
Les analystes disent que le fait que la Russie soit payée en roubles pourrait l’aider à esquiver certaines punitions occidentales, ainsi que donner au rouble, qui a atteint des creux depuis le début de la guerre, une pause, car cela augmentera la demande pour cette pièce.
Cependant, ils avertissent que, même s’il peut être plus pratique pour un importateur de payer avec un rouble dévalué, il sera difficile de les obtenir sur un marché qui a été sanctionné de presque toutes les parties.
Avec Reuters et AP