Les députés français ont largement approuvé ce mardi le projet de loi « confirmant le respect des principes de la République », qui devrait renforcer l’arsenal juridique contre l’islamisme radical. Le texte, qui n’a pas été sans critiques, ira en débat au Sénat à partir du 30 mars.
Le texte, qui a nécessité deux semaines de débat, a été largement approuvé le 16 février avec 347 voix pour, 151 voix contre et 65 abstentions. Il poursuivra désormais sa route vers le Sénat, où il prévoit être débattu le 30 mars.
Le projet de loi compte environ 70 articles et après environ 80 heures de débat, il a reçu environ 144 amendements.
La législation, qui ne porte sur aucune religion en particulier, a été présentée au Conseil des ministres le jour du 115e anniversaire de la loi de 1905, qui a consolidé la liberté de culte de la nation et la séparation de l’Église et de l’État. Selon le gouvernement, elle a pour objectif de reprendre «le respect des valeurs de la République».
Auparavant, l’initiative était présentée par le président Emmanuel Macron sous l’argument que le texte « confirme le respect des principes de la République » et renforce l’arsenal juridique contre l’islamisme radical.
La loi, entre autres, préconise la criminalisation de la délivrance de certificats de virginité et réprime les pratiques de mariages forcés qui, bien qu’interdites, touchent quelque 200 000 femmes.
En outre, il impose la neutralité religieuse aux travailleurs de la fonction publique et protège les fonctionnaires des pressions radicales. Il cherche également à ce que les associations qui réclament des subventions publiques respectent les valeurs républicaines telles que la laïcité ou l’égalité des sexes.
Les Républicains, des républicains? Vraiment?
Ils votent contre unit ce qui amplifie la lutte contre l’islam radical. Contre la fin des certifications de virginité, l’opposabilité de la lutte contre le mariage force et la polygamie.
Et shadow dans leur propre caricature. https://t.co/vZrIlQfBWj
– Dans les Marches (@enmarchefr) 16 février 2021
Lorsqu’il a présenté le projet, Macron a indiqué que l’objectif de la loi est de «renforcer la laïcité et le respect des principes républicains».
Pendant ce temps, Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur, a souligné que la législation est une « offensive puissante de la part de l’Etat laïc (…) C’est un texte dur, mais nécessaire pour la République ».
Les opposants critiquent une manœuvre électorale
Pour les opposants, Macron tente de renforcer son bilan en matière de sécurité avant les élections de l’année prochaine. En outre, certains partis politiques de gauche soulignent que la loi cherche à exagérer la menace et à être dirigée contre les communautés étrangères qui vivent fréquemment dans les banlieues des grandes villes.
D’autre part, ils l’accusent de ne pas faire grand-chose pour lutter contre la discrimination et le racisme, bien que le chef de l’Etat se soit engagé à adopter une nouvelle loi et des fonds pour aider les communautés marginalisées.
Le dimanche 14 février, deux jours avant le vote, environ 200 personnes ont manifesté à Paris contre la loi au motif qu’elle stigmatise les musulmans.
De son côté, la dirigeante de l’extrême droite, Marine Le Pen, a qualifié cette initiative d’insuffisant et de ne pas aborder de front la question de la radicalisation. « Cela restreint la liberté de chacun d’essayer de modifier les libertés de certains islamistes », a déclaré Le Pen lors d’un précédent débat.
Sébastien Chenu, député du parti Groupe national, comme Le Pen, a justifié son vote. « Nous nous abstiendrons du texte gouvernemental car nous le considérons clairement insuffisant pour lutter contre l’islamisme, qui n’est même pas directement nommé »
Tu @RNational_off Le texte du gouvernement car nous les jugeons nettement insuffisant pour combattre l’islam, qui est par ailleurs même pas nommé directement. Avec Marine, nous souhaitons interdire et éradiquer l’islamisme de notre pays! #séparatisme pic.twitter.com/oj4XDH8tHb
– Sébastien Chenu (@sebchenu) 16 février 2021
Le projet de loi intervient au milieu de l’agitation provoquée en France après une série d’attaques liées à l’extrémisme religieux, dont la dernière a été la décapitation du professeur Samuel Paty le 16 octobre 2020, tué après avoir exposé des caricatures du prophète Mahomet dans une classe sur la liberté de expression.
Avec EFE, Reuters et AFP