Le texte qui officialise l’ouverture des archives françaises relatives à la guerre d’Algérie entre le 1er novembre 1954 et le 31 décembre 1966 a été publié jeudi au Journal officiel. Cette décision a été annoncée par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot début décembre.

La France a ouvert ses dossiers sur les affaires judiciaires et les enquêtes de police en Algérie pendant la guerre contre la colonisation (1954-1962), selon un texte publié au Journal officiel. Cette mesure d’ouverture intervient 15 ans en avance sur ce qui est prévu dans le calendrier légal.

Roselyne Bachelot, ministre de la Culture de France, exerce la tutelle des Archives nationales en plus de celles des portefeuilles des Armées et des Affaires étrangères. Son arrêté du 23 décembre met à la disposition de la consultation tous les « dossiers publics produits dans le cadre des affaires relatives aux actes commis en rapport avec la guerre d’Algérie entre le 1er novembre 1954 et le 31 décembre 1966. ».

Il s’agit des « documents relatifs aux affaires portées devant les tribunaux et à l’exécution des décisions de justice » et des « documents relatifs aux enquêtes menées par la police judiciaire ».

Ces archives « sont conservées aux Archives nationales, aux Archives nationales d’Outre-mer, aux services d’archives départementaux, au service d’archives de la préfecture de police, aux services d’archives du ministère des Armées et au service des archives du ministère de la Défense. Europe et Affaires étrangères », lit-on dans le texte.

Une promesse de Macron pour clarifier la position et les actions de la France

Tous ces fichiers étaient non consultables pendant 75 ans, sauf dérogation.

Depuis 20 ans, les gouvernements successifs ont facilité l’accès aux archives relatives aux périodes sensibles de l’histoire du pays : la première guerre mondiale et l’Occupation, puis la fin de l’empire colonial après la guerre.

Le président Emmanuel Macron a promis d’aider les historiens à faire la lumière sur les zones d’ombre de l’action française en Algérie, depuis le début du soulèvement indépendantiste en 1954 jusqu’à l’indépendance en 1962.

En septembre 2018, Macron reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était l’œuvre de l’armée française et ouvrait les dossiers de cette affaire.

Puis, en mars 2021, le président a reconnu que l’avocat Ali Boumendjel avait été « torturé et assassiné » par l’armée française et a annoncé une simplification de la procédure d’accès aux dossiers classifiés de plus de 50 ans par abrogation, suivant les conseils de l’historien Benjamin Stora. .


Le rapport sur la réconciliation des mémoires franco-algériennes, présenté au chef de l’Etat en janvier 2021, recommandait un meilleur accès aux archives de cette période pour « aller vers une plus grande vérité ».

L’Exécutif travaille également à une commémoration qui rassemble les souvenirs de la guerre d’Algérie à l’occasion du 60e anniversaire de la fin du conflit en 2022. Cet événement se déroulera en marge des cérémonies du 19 mars, date du le cessez-le-feu et les accords d’Evian en 1962. Une date risquée pour l’actuel président français, car ce sera alors un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle.

D’ici là, d’autres jalons seront atteints. Le 13 janvier, Emmanuel Macron recevra les associations de « pieds noirs » pour s’excuser. L’Elysée a également annoncé un hommage national à Gisèle Halimi pour 2022, grande figure féministe mais aussi l’une des avocates des indépendantistes algériens.

Avec l’AFP et les médias locaux

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