La France, le Canada et 14 pays membres de l’Union européenne ont répudié l’avancée des hommes de la société Wagner, dont le propriétaire est un oligarque lié à Vladimir Poutine dans un communiqué publié par le ministère français des Affaires étrangères. « Cela ne peut qu’accentuer la dégradation de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et aggraver la situation des droits de l’homme », ont-ils déclaré dans la lettre, où ils accusent également l’Etat russe d’être impliqué.
La situation au Sahel, territoire où la France avait déployé une présence militaire pour œuvrer à la stabilité des pays de la région et expulser les groupes terroristes, est devenue tendue ces derniers jours, après l’entrée de mercenaires d’origine russe au Mali.
Ces soldats sans pavillon appartiennent au groupe Wagner, une société détenue par Yevgeni Prigozhin – un ami du président russe Vladimir Poutine – et qui a été présente ces dernières années dans les conflits civils armés en Syrie, en Ukraine et en Libye. Les gouvernements occidentaux et les membres de l’ONU ont souligné que l’entreprise a commis des violations des droits de l’homme sur les sites où elle est intervenue.
Dans une déclaration signée par le Canada et des alliés de l’Union européenne comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et l’Italie, le ministère français des Affaires étrangères a rejeté la décision des autorités de transition maliennes d’autoriser le déploiement du groupe Wagner. « Nous regrettons profondément le choix d’utiliser des fonds publics déjà rares pour payer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les Forces armées maliennes », lit-on dans la lettre.
Par ailleurs, il accuse la Russie d’être impliquée dans cet avant-poste sur le pays africain en finançant les soldats privés de la compagnie : « Nous sommes conscients de la participation du gouvernement russe à apporter un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali. » Ils ont également appelé Moscou à « revenir à un comportement responsable et constructif ».
Celui qui a répondu depuis la Russie était le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov – détachant son pays de toute participation à ces événements. En outre, il a allégué que la société avait son droit « légitime » d’être présente au Mali puisqu’elle y était invitée par le gouvernement de transition.
Le président français Emmanuel Macron a tenu mardi 21 décembre un dialogue en bons termes avec son homologue russe pour l’en dissuader. Parallèlement, il a également souligné aux dirigeants maliens qu’accepter la présence de mercenaires russes pourrait conduire à la fin des relations.
Sur le plan gouvernemental, le Mali navigue depuis des mois en eaux troubles après avoir subi deux coups d’État en seulement neuf mois, en plus des tentatives de contenir les insurgés extrémistes depuis 2012, ce qui n’aurait pas pu être réalisé sans les opérations militaires françaises. Bien qu’elles n’aient pas été complètement expulsées, les incursions islamiques ont diminué.
Le colonel Assimi Goita a pris ses fonctions en juin 2021 en tant que président d’un gouvernement de transition du Mali, après avoir réalisé son deuxième coup d’État en peu de temps, promettant de céder bientôt la place à un exécutif élu lors des élections prévues en février.
Cependant, l’instabilité du pays africain fait craindre qu’un tel vote ne soit reporté ou non réalisé. Actuellement, le membre ouest-africain est en marge de la communauté internationale depuis la prise de contrôle par la junte.
Le retrait de la France au Sahel
Les militaires gaulois ont habité la région ouest-africaine depuis le début de la dernière décennie. Depuis 2013, ils se sont installés au Mali pour expulser les extrémistes islamistes du nord du pays. Plus tard, ce projet a été étendu à d’autres nations de la région, comme le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie.
Or, depuis juillet dernier, suite à l’annonce du président Emmanuel Macron, il est stipulé que les troupes françaises sont réduites au Sahel, en pleine crise politique sur le territoire malien et toujours dans l’ombre des djihadistes présents. Cette attitude a permis au groupe Wagner d’entamer des pourparlers avec le gouvernement de transition africain.
Alors que le chef de l’État français avait affirmé que l’armée malienne était entraînée à combattre les menaces qui hantent le nord du pays, il s’est rétracté et a promis à ses partenaires que l’aide continuera à affronter les groupes liés à Al-Qaïda et à l’islam. État.
AVEC EFE, REUTERS ET AP