Bill Gates, Elon Musk, Michael Bloomberg et Jeff Bezos ont en commun d’être des milliardaires qui, d’une manière ou d’une autre, jouent un rôle actif dans la lutte contre la crise climatique. Cependant, tout l’argent qu’ils investissent dans la lutte contre le réchauffement climatique ne résout pas la racine du problème: un système de consommation de masse qui contribue à la dégradation de la planète et une société aux émissions croissantes dont ce 1% est principalement responsable.

Un nouveau type de philanthropie devient de plus en plus courant: des milliardaires qui investissent leur fortune dans la lutte contre le changement climatique. Un argent bienvenu qui peut aider à développer des technologies, à construire des infrastructures ou à mettre en œuvre des solutions qui aident à atténuer les effets de la crise environnementale. Il en va de même pour Elon Musk, le co-fondateur de Tesla, ou le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos. Ce sont deux des noms qui résonnent désormais dans la sphère des millionnaires devenus militants écologistes.

Une phrase qui peut paraître contradictoire étant donné que le pourcentage le plus riche de la population est celui qui fait le plus de dégâts en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de consommation de matières premières et d’exploitation des ressources pour maintenir leur niveau de vie. Cependant, de nombreuses technologies en cours de développement pour atténuer précisément l’impact humain sur la planète sont rendues possibles grâce à l’argent investi par ces personnes.

Le sud-africain Elon Musk lancera le 22 avril, Journée internationale de la Terre, les lignes directrices du projet «  XPrize Carbon Removal  » qui fera don de 100 millions de dollars aux technologies qui s’avèrent les plus efficaces pour extraire une tonne de l’atmosphère et des océans un jour de dioxyde de carbone, l’un des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique. Le concours durera au moins jusqu’en 2025 et vise à trouver des solutions capables de stocker du carbone pendant au moins 100 ans.

De l’autre côté se trouve l’américain Jeff Bezos, qui mène la liste des hommes les plus riches du monde. Selon le milliardaire, le changement climatique «est la plus grande menace pour notre planète». C’est pourquoi en 2020 il a lancé le «  Earth Fund  », un fonds de 10 milliards de dollars que Bezos entend épuiser avant 2030 et qui, avec moins d’un an d’existence, a déjà été critiqué pour avoir donné 8% de cet argent à des organisations. déjà très bien établis qui ont des budgets élevés, au lieu de diriger cet argent vers des entités plus diversifiées et qui traitent de questions telles que la justice climatique ou le soi-disant racisme environnemental.

Un sujet qui touche pleinement le géant Amazon, une entreprise dont Jeff Bezos est toujours PDG. L’entreprise fait face à la pression des organisations environnementales concernant les émissions élevées générées par la vente en ligne et le transport de la marchandise. Des émissions équivalentes à celles produites par l’ensemble du Portugal, pays de plus de 10 millions d’habitants. Selon ces organisations, les émissions d’Amazon affectent principalement les populations à faible revenu, afro-américaines ou latino-américaines aux États-Unis, où se trouvent de nombreuses usines d’Amazon.

Dans un tweet récent, celui qui sera le directeur exécutif du fonds environnemental de Bezos, Andrew Steer, a précisément fait référence au fait que la justice climatique serait l’un des objectifs de ces ressources.

Une grande richesse est à l’origine de nombreux problèmes environnementaux actuels

Mais le rôle de ces milliardaires n’est pas sans controverse car, pour plusieurs millions de dollars qu’ils investissent dans la lutte contre les effets du changement climatique, ils sont une partie fondamentale du problème car ils sont le produit d’un système capitaliste basé sur une consommation excessive, une des principaux facteurs de disparition des habitats, des matières premières et de la réduction de la biodiversité sur la planète.

Le fait que la solution au changement climatique repose sur l’argent que ces personnes décident ou non d’investir nous met dans une situation de dépendance vis-à-vis de leurs préférences et à la merci de leur influence. De plus, pour chaque milliardaire qui investit de l’argent dans des solutions de lutte contre le changement climatique, il y en a autant d’autres qui investissent leur fortune dans des industries nuisibles à l’environnement comme les énergies fossiles ou les mines.

D’autre part, les inégalités économiques se transforment en inégalités climatiques: plus vous en avez, plus vous consommez, et plus vous consommez, plus vous dégraderez l’environnement. En fait, l’empreinte carbone de la consommation par habitant des 1% les plus riches est 100 fois supérieure à celle des 50% les plus pauvres de la population mondiale. C’est ce qu’indique un rapport de l’organisation Oxfam et du Stockholm Environment Institute, qui indique que les émissions annuelles ont augmenté de 60% entre 1990 et 2015. Les 10% les plus riches de la population mondiale en étaient responsables de plus de la moitié, tandis que les 50 % de la population la plus pauvre n’émet que 7% des émissions accumulées.

Si l’on parle de personnes comme Jeff Bezos, Elon Musk ou Bill Gates, qui sont dans le top 5 des plus riches de la planète, leur part de responsabilité en termes d’émissions monte en flèche: le 1% de la population, dans lequel ils sont milliardaires, ont généré 15% des émissions et consommé 9% du budget carbone, nous devons atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de maintenir la hausse de température en dessous de 1,5 ° C. Un budget qui, si nous continuons avec le taux d’émissions que nous avons, sera épuisé en 2030. Autrement dit, à partir de ce moment, les émissions nettes devraient être égales à zéro pour contrôler l’augmentation des températures sur le planète.

Et les milliardaires eux-mêmes sont conscients de cette inégalité. Bill Gates, dans son dernier livre intitulé «Comment éviter une catastrophe climatique», reconnaît qu ‘«il est un messager imparfait» lorsqu’il s’agit de parler du changement climatique et qu’il se sent «coupable» de son énorme empreinte environnementale. Deux lignes plus tard, Gates se justifie en expliquant qu’il investit dans les technologies pour inverser son impact passé, présent et futur.

Selon le fondateur de Microsoft, «il n’y a rien de mal à consommer plus d’énergie tant qu’elle est sans carbone». Une philosophie de vie qui, jusqu’à ce que les technologies nécessaires à la consommation sans impact environnemental deviennent communes et massives, continuera à contribuer à la dégradation de la planète.

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