Ces cinq pays arabes confrontés au défi de la chute de leur monnaie

Ces cinq pays arabes confrontés au défi de la chute de leur monnaie

Irak, Liban, Soudan, Syrie et Yémen. Théâtres de contestations populaires ou de guerre, ces pays arabes en crise voient leur monnaie s’effondrer face au dollar. Les populations, surtout les plus pauvres, en paient le prix fort.

“Les habitants de cinq pays arabes – la Syrie, le Liban, l’Irak, le Yémen et le Soudan – sont touchés par la dévaluation progressive de leur monnaie nationale face au dollar, qui contribue à l’inflation des prix, fait peser la menace de la faim et écrase les classes défavorisées”, constate le quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi.

Colère populaire

Au Liban, qui connaît sa plus grave crise économique depuis des décennies, la livre a atteint mardi 2 mars un plus bas historique sur le marché parallèle des changes, à 10 000 livres pour un dollar, soit plus de six fois sa valeur par rapport au taux officiel.

Cette dévaluation a “provoqué des manifestations dans plusieurs régions du Liban, poussant dans les rues de nombreuses personnes ayant coupé des routes au moyen de pneus incendiés pour protester contre la situation économique”, écrit Raseef22.

Pour le site panarabe d’information, ce retour des Libanais dans la rue “ne ressemble pas à ce qui s’était passé le 17 octobre [2019, date du début du soulèvement populaire contre la classe dirigeante, accusée d’incompétence et de corruption]”.

C’est le dernier moyen pour sortir de l’effondrement dans lequel les Libanais sont entraînés chez eux, dans leur entreprise, partout, et qui s’est imposé dans nos vies.”

Forte demande de dollars

La crise au Liban a des conséquences sur la situation en Syrie, où la livre a également atteint un plus bas historique sur le marché parallèle, à 4 000 livres pour un dollar. Avant le début du conflit qui déchire le pays depuis 2011, un dollar valait 47 livres syriennes.

Selon Al-Quds Al-Arabi, les prix des biens de consommation ont doublé au cours de l’année écoulée.

La majorité des Syriens vivent aujourd’hui au-dessous du seuil de pauvreté selon l’ONU, et 12,4 millions de personnes [60 % de la population] vivent dans une situation d’insécurité alimentaire.”

Cette baisse de la valeur de la livre syrienne a “surpris le régime” du président Bachar El-Assad, note le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat. “Malgré les mesures prises par les services de sécurité contre les agents de change ne respectant pas les règles, le taux de la livre syrienne baisse toutes les heures en raison de la grande demande de dollars”, explique un agent de change interrogé par Asharq Al-Awsat.

Les gouvernements tentent d’agir

En Irak, ce sont les autorités fédérales qui avaient décidé d’abaisser de 25 % le taux de parité du dinar par rapport au billet vert dans le but, notamment, de “combler le déficit prévu par le budget 2020 qui n’a toujours pas été voté”, rappelle Al-Quds Al-Arabi.

La décision de la banque centrale a contribué à augmenter les prix des denrées alimentaires en particulier, l’Irak comptant principalement sur l’importation.”

Le pays avait été le théâtre en 2019 de la “révolution d’octobre” contre le pouvoir en place. Des manifestations ont encore lieu dans certaines régions du pays.

Au Soudan, la livre, qui s’échangeait en août 2020 à 150 livres pour un dollar, a vu sa valeur face au billet vert s’effondrer à hauteur de 420 livres en janvier 2021, causant “une augmentation folle du prix des biens de consommation”, indique le quotidien panarabe.

Cette inflation, et plus largement la dégradation du pouvoir d’achat, avait provoqué des manifestations en janvier. Les autorités tentent depuis de corriger le tir.

Ces deux dernières semaines, le gouvernement de transition a mené une politique de flottement de la monnaie, ramenant le dollar au prix de 376 livres.”

Une contestation populaire avait eu lieu dans le pays, conduisant à la chute du dictateur Omar Al-Bachir en 2019.

Au Yémen, ravagé par la guerre depuis 2014 et victime de la pire catastrophe humanitaire au monde, le Premier ministre Maïn Abdel Malek a déclaré lundi 1er mars que l’effondrement du riyal faisait partie des problèmes menaçant le pays de famine.

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