Après avoir clôturé la trilogie Santiago Quiñones, l’écrivain et acteur chilien Boris Quercia publie son quatrième roman policier « Electrocante », cette fois avec une histoire de science-fiction se déroulant dans un monde dystopique qui pourrait se dérouler dans n’importe quelle métropole latino-américaine. Natalio, un policier de classe 5, l’un des plus méprisés de ce monde, doit résoudre une affaire dans le monde souterrain de cette ville imaginaire.

Quiñones était un fan des écrivains de science-fiction classiques Isaac Asimov et Ray Bradbury depuis son enfance.

« J’ai beaucoup aimé mélanger ce que j’avais fait, qui est la police, avec ces éléments dystopiques d’un futur un peu raté et qui nous fait un peu peur aussi. La science-fiction vient essayer de lever un peu le brouillard et montrer comment le futur » , nous raconte à Escala en París, Quercia, qui parcourt la géographie européenne depuis plusieurs mois dans des salles et des réunions de romans policiers.

Le protagoniste de ce quatrième roman de Boris Quercia est Natalio, qui porte une fracture : « Chaque héros ou plutôt anti-héros de romans policiers porte une blessure interne qui n’a pas de remède, mais malgré cela, il parvient à continuer à vivre. » Le policier doit résoudre une affaire très compliquée et pour cela il a l’aide de son robot, un ‘Electrocante’, qui a certaines anomalies, quelques défauts qui vont jouer un rôle important dans l’intrigue.

« On a tous certaines anomalies et dans la vie on rencontre ceux qui ont les mêmes anomalies et on se comprend. Dans le roman, l’anomalie du robot est qu’il lui fait entrer des pensées qui le conduisent à quelque chose de semblable à la conscience, réalisant que, par exemple, on est vivant. Je lisais récemment que la conscience a à voir avec un mécanisme quantique et nous sommes sur le point d’une grande révolution pour l’humanité, qui est l’informatique quantique. Dans le roman, j’essaie de faire un robot qui accède à la conscience », explique la romancière.

‘Electrocante’ s’inscrit dans la tradition cyberpunk comme le film Matrix (1999). On y trouve de nombreuses références, par exemple, à Matrix, avec des personnages connectés à un monde parallèle, ou des références à Blade Runner (1982) inspiré du livre ‘Androids Dream of Electric Sheep’ de Philippe K Dick, avec des robots, des classes sociales et révoltes.

« Le roman de Dick est clairement une police du net dans un monde dystopique, où il y a peut-être quelque chose de nouveau dans mon livre, c’est que j’essaie de mettre ma réalité latino-américaine. Ce que je fais, c’est regarder mon pays, mettre un point quand j’étais petit et mettre un point maintenant, que j’ai déjà la cinquantaine, et je prolonge cette ligne dans le futur et je pense à quoi ressemblerait cette ville dans le futur , j’espère qu’il a certaines connotations latino-américaines », analyse Boris Quercia.

Ray Bradbury en 1995 l’a dit dans une interview au Brown Daily Herald : « La science-fiction est la littérature la plus importante de l’histoire du monde, car c’est l’histoire des idées, l’histoire de notre civilisation qui se donne naissance à elle-même. La science-fiction est au cœur de tout ce que nous avons fait. »

« Formidable phrase », reconnaît le Chilien. « Je crois que des genres comme la science-fiction ou le policier, du moins en Amérique latine, n’ont pas ce caractère, ils sont plutôt une toute petite section dans les librairies. Mais oui, ce type de livre peut aider à soulager l’angoisse du lecteur qui termine le livre, le referme et dit : Ah, ce n’était qu’un livre. Les livres de science-fiction nous préparent aux peurs futures et nous rendent plus forts », nous confie-t-il dans l’interview.

Il y a quelque chose du Métavers dans ce monde dystopique du roman de Quercia, qui annonce un monde déjà pratiquement là, imminent avec les outils de la réalité virtuelle. « Une des choses qui me rend triste de mourir, c’est de ne pas voir comment l’humanité va continuer à avancer et les choses qui vont s’inventer », déplore-t-il.

‘Electrocante’ est paru aux éditions Penguin Random House et sa version française ‘Les rêves qui nous restent’ aux éditions Asphalte.

A lire également