Les Américains ont acheté plus de livres en 2020 qu’en 2019. Une augmentation tirée par la vente en ligne, mais aussi par la grande distribution. En très grande difficulté, les librairies indépendantes ont quant à elle enregistré un léger mieux en fin d’année.
Le constat est “aussi réjouissant qu’étonnant” pour les éditeurs américains : en 2020, “les affaires ont été bonnes”, rapporte The New York Times. Selon les chiffres de l’agrégateur NPD BookScan, publiés fin décembre, les ventes de livres papier ont augmenté de près de 8 % sur un an. À quoi doivent encore s’ajouter les chiffres consolidés de la période des fêtes.
Ces ventes en hausse ont bien sûr profité au géant Amazon, mais pas uniquement. “Les grandes surfaces, à commencer par [la chaîne] Target, affichent aussi de bons chiffres”, relève le quotidien américain. La chaîne de librairies Barnes & Noble – qui a taillé dans ses effectifs en 2020 – a également vu augmenter le volume de ses transactions en ligne. Notamment au début de la crise du coronavirus, lorsque Amazon a “fait passer diverses catégories d’articles, dont les livres, au second plan, pour donner la priorité aux équipements médicaux et aux produits de consommation courante”, précise The New York Times.
Autre surprise pour le journal : les livres audio et le livre numérique (qui représentent une “plus petite part de marché”) ont généré entre janvier et décembre respectivement 17 % et 16 % de recettes supplémentaires par rapport à la même période en 2019. Ceci en dépit de la généralisation du télétravail et d’un temps réduit dans les transports en commun.
Si certains genres ont souffert (les livres de voyage, notamment, dont les ventes papier ont chuté de plus de 40 %), les essais consacrés à la politique, en particulier à Donald Trump, ont caracolé en tête des classements. Même chose pour les ouvrages traitant du racisme, parmi lesquels l’édition originale de Comment devenir antiraciste, d’Ibram X. Kendi (Alisio, 2020). Ainsi que le souligne The New York Times :
Les manifestations Black Lives Matter en réaction à l’assassinat de George Floyd fin mai se sont traduites par une ruée sur les livres sur les inégalités raciales et l’antiracisme.”
Le calvaire des indépendants
Le succès annoncé d’Une Terre promise (paru en français chez Fayard), le livre de l’ancien président Barack Obama, s’est quant à lui vérifié dans les chiffres, puisqu’il totalise à ce jour plus de 3,3 millions d’exemplaires vendus en Amérique du Nord. Plus inattendu, certains ouvrages qui ne figuraient pas parmi les sorties les plus récentes ont continué de très bien se vendre, en particulier dans le secteur jeunesse.
Comme le constate le patron du géant de l’édition Macmillan, interrogé par le journal, “l’équation pour le temps d’attention disponible a changé durant la pandémie” et celle-ci semble avoir été favorable au livre. Un constat qui ne doit pas faire oublier le sort des librairies indépendantes, lesquelles ont connu “une année extrêmement difficile”, rappelle The New York Times :
Beaucoup ont été fermées, et les libraires ont dû se mettre en quatre pour transformer en centre de traitement pour commandes Internet des boutiques qui n’avaient pas été conçues dans ce but, en tout cas pour de tels volumes.”
Évoquant des chiffres d’affaires en berne (jusqu’à moins 40 % sur l’année) pour ces distributeurs, The New York Times constate tout de même que les dernières semaines de l’année semblent avoir été “plus encourageantes” pour les indépendants.