Le groupe ‘Renaissance’ à l’Assemblée nationale va présenter un projet de loi constitutionnelle visant à garantir le droit d’accès à l’interruption volontaire de grossesse, a annoncé ce samedi sa cheffe Aurore Bergé. Le chef des députés du parti progressiste La Francia Insumisa a fait une déclaration dans le même sens vendredi soir.

La cheffe de file du groupe ‘Renaissance’ à l’Assemblée, Aurore Bergé, a annoncé, samedi 25 juin, la présentation d’un projet de loi visant à inscrire « le respect de l’avortement dans notre Constitution », après l’arrêt historique de la Cour suprême de justice des États-Unis États de révoquer ce droit. La cheffe de file des députés de la France de gauche Insumisa, Mathilde Panot, avait également évoqué un tel texte.

Au-delà des Etats-Unis, cette décision est « catastrophique pour les femmes dans le monde : vous avez une femme qui meurt toutes les 9 minutes parce qu’elle s’est mal fait avorter, de manière non sécurisée », a souligné Aurore Bergé.

« Cela nous oblige aussi à prendre des mesures en France pour que demain nous n’ayons pas les déboires qui peuvent exister. C’est pourquoi, à partir d’aujourd’hui, avec mon groupe, nous allons présenter une proposition de loi constitutionnelle incluant le respect de l’IVG ». dans notre Constitution. », a ajouté la députée élue des Yvelines, à l’engagement féministe et désormais nouvelle présidente du groupe majoritaire à l’Assemblée.

« Les droits des femmes sont toujours des droits fragiles »

Bergé a fortement défendu l’allongement en France du délai légal de l’avortement, voté à l’issue de la précédente législature. Vous craignez un challenge en France ? « Malheureusement, rien n’est impossible et les droits des femmes sont toujours des droits fragiles qui sont régulièrement remis en cause », a répondu Aurore Bergé.

Pointant du doigt les nouveaux députés du Groupe national, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen, « farouches opposants à l’accès des femmes à l’IVG », il a jugé qu’il ne fallait « prendre aucun risque dans ce domaine et donc assurer (le droit à l’avortement ) dans le ‘inscrit dans le marbre de notre Constitution’.

Le parti de Le Pen a longtemps été radicalement anti-avortement. En 2011, l’extrême droite réitère sa volonté de définancer l’avortement, puis prône la Status Quo sur le sujet, se présentant comme la première défenseure des droits des femmes.

Le chef des députés du parti au pouvoir a insisté : « On ne change pas la Constitution comme on change la loi » donc « c’est une garantie qu’on doit donner aux femmes ». Il estime que la mesure sera « largement partagée dans les bancs de l’Assemblée nationale et du Sénat ». Son projet de loi, transmis à l’agence de presse AFP, stipule que « nul ne peut être privé du droit à l’interruption volontaire de grossesse ».

« L’avortement est un droit fondamental de toutes les femmes »

Vendredi soir, la cheffe de file des députés de La Francia Insumisa, Mathilde Panot, avait également annoncé qu’elle proposerait lundi à l’alliance de gauche, Nupes, « de présenter un projet de loi pour inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution française ». « .

La très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré vendredi un arrêt qui, pendant près d’un demi-siècle, garantissait le droit des femmes américaines à l’avortement mais qui n’avait jamais été accepté par la droite religieuse. Suite à cette décision, plusieurs États ont déjà annoncé qu’ils prenaient des mesures pour interdire les interruptions volontaires de grossesse sur leur territoire.

En France, la décision a fait réagir de nombreux responsables politiques, de gauche à droite. Emmanuel Macron a déploré la « mise en cause » des libertés des femmes et souligné que « l’avortement est un droit fondamental pour tous ».

En 2019, les députés de gauche, à l’initiative du socialiste Luc Carvounas, avaient présenté un projet de loi constitutionnelle de ce type, mais il n’avait pas été inscrit à l’ordre du jour.

En juillet 2018, des députés de l’opposition avaient cherché par le biais d’une réforme à inscrire le droit à la contraception et à l’avortement dans le préambule de la Constitution, mais la majorité et le gouvernement s’étaient prononcés contre, estimant ces droits suffisamment garantis.

Reste à savoir comment le nouveau texte pourrait avancer, alors que l’urgence est dans les mesures de pouvoir d’achat et qu’Emmanuel Macron, qui a perdu la majorité absolue à l’Assemblée, cherche à « construire des compromis » avec ses adversaires.

Une révision constitutionnelle nécessite l’approbation d’un même texte par l’Assemblée et le Sénat, puis une majorité des 3/5 des suffrages exprimés par le Parlement au Congrès. L’autre option est le référendum, mais seulement après le vote valable des deux assemblées.

*Avec AFP et Reuters ; Adapté de sa version française originale

A lire également