Un tribunal français a condamné mardi l’ancien maire de la ville rwandaise de Gikongoro, Laurent Bucyibaruta, à 20 ans de prison pour son rôle dans le génocide de 1994 contre les Tutsis.
Bucyibaruta, 78 ans, vit en France depuis plus de deux décennies et ce mardi, il a été reconnu coupable de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, comme l’a rapporté ‘The New Times’.
« Après toutes ces années à circuler librement en France, il a finalement été traduit en justice, mais il y a quelque chose de plus ; lorsqu’une personne comme Bucyibaruta comparaît devant un tribunal, il y a beaucoup de choses que nous apprenons sur le génocide, comment il s’est produit et d’autres personnes qui auraient pu être impliquées », a souligné le président d’Ibuka, l’association qui regroupe les rescapés du génocide de 1994 contre les Tutsis, Egide Nkuranga, ajoutant que son souhait aurait été la réclusion à perpétuité.
Bucyibaruta est connu des rescapés comme « le boucher de Gikongoro » et est accusé d’avoir orchestré les massacres de Tutsis à Murambi, Cyanika, Kaduha et Kibeho.
Bucyibaruta est né en 1944 à Gikongoro et est devenu maire de Gikongoro en juillet 1992, poste qu’il a occupé jusqu’en juillet 1994.
En décembre 1993, lors d’une réunion publique, il prononce un discours dans lequel il encourage la population à contribuer financièrement à l’achat d’armes pour combattre « l’ennemi tutsi ».
En outre, le 10 avril 1994, Bucyibaruta a encouragé de nombreux Tutsis à se rendre à l’école technique de Murambi, où on leur a promis de la nourriture et plus tard tués, selon le journal susmentionné.
Les racines du conflit entre Hutus et Tutsis remontent à plusieurs générations, mais le génocide s’est déclenché après la mort du président Habyarimana, victime de l’écrasement de son avion présidentiel par un missile le 6 avril 1994. Après la mort du président, les Milice Interahamwe, il a lancé une campagne d’exécutions qui a duré 100 jours, déchirant à plusieurs reprises ses victimes en pièces dans leurs maisons, dans des églises, des stades de football ou sur des barricades.
Des charniers sont encore découverts à ce jour, d’autant plus que des condamnés ayant purgé leur peine ont fourni des informations sur l’endroit où ils ont enterré ou abandonné leurs victimes.