Qui est Amanda Gorman, la jeune poétesse que Joe Biden a invitée à son investiture ?

Qui est Amanda Gorman, la jeune poétesse que Joe Biden a invitée à son investiture ?

À tout juste 22 ans, cette jeune poétesse noire de Los Angeles a été invitée à réciter l’une de ses créations lors de la cérémonie d’investiture de Joe Biden, le 20 janvier. Itinéraire d’un jeune prodige aux convictions politiques bien ancrées.

C’est par Zoom qu’Amanda Gorman a appris la nouvelle : elle avait été choisie pour composer et réciter un poème lors de la cérémonie d’investiture de Joe Biden à la présidence des États-Unis, le 20 janvier, relate le Los Angeles Times. “La future première dame, Jill Biden, apprécie son travail et a convaincu le comité d’organisation qu’elle était la candidate idéale”, précise le quotidien californien.

Un poème sur l’unité nationale, le thème retenu pour la cérémonie, a été commandé à la native de Los Angeles. Une proposition qui avait de quoi intimider. À 22 ans, Amanda Gorman sera le sixième et plus jeune poète jamais invité à une cérémonie d’investiture de l’histoire des États-Unis, relève The Guardian. La jeune femme va marcher dans les pas de grands noms comme Robert Frost et Maya Angelou. The New York Times souligne toutefois qu’aucun de ces prédécesseurs, tous plus expérimentés, n’avait eu à relever le défi qui est le sien : “écrire un poème qui inspire l’espoir et insuffle le sentiment d’un objectif partagé, à une époque où les Américains sont aux prises avec une épidémie mortelle, les violences politiques et les divisions partisanes”.

Une ode à la démocratie

Le titre du poème qu’Amanda Gorman lira, The Hill We Climb (“La colline que nous escaladons”), est une référence explicite à Capitol Hill, le quartier de Washington où se trouve le siège du Congrès américain. Elle en avait rédigé une bonne moitié, raconte The New York Times, quand, le 6 janvier, des manifestants pro-Trump ont envahi le Capitole – certains brandissant des armes ou des drapeaux confédérés. “Elle a veillé tard pour terminer son poème, y ajoutant des vers sur les scènes d’apocalypse dont le Capitole avait été le théâtre ce jour-là : ‘We’ve seen a force that would shatter our nation rather than share it / Would destroy our country if it meant delaying democracy / And this effort very nearly succeeded / But while democracy can be periodically delayed / It can never be permanently defeated’.” (“Nous avons vu une force qui préfère briser notre nation plutôt que la partager / Détruire notre pays et ainsi freiner notre démocratie / Et elle a bien failli réussir / Mais si, périodiquement, on peut freiner la démocratie / Jamais elle ne peut être définitivement vaincue.”)

Fille d’une institutrice, Amanda Gorman est tombée amoureuse des mots et des vers dès la classe de CE2, quand un professeur leur a lu un poème de Ray Bradbury. Mais sa vocation était véritablement née l’année précédente, lorsqu’elle était montée sur scène pour la première fois, afin de déclamer un monologue prêté à Osceola, un chef de guerre indien séminole, confie-t-elle au Los Angeles Times :

Je suis sûre que ceux qui m’ont vue ont été consternés par le spectacle que j’offrais, celui d’une fillette noire toute frêle qui prétendait incarner un chef amérindien à l’agonie. Mais cela a été une étape importante pour moi, je voulais vraiment rendre justice au texte et lui donner vie. C’était la première fois que je m’essayais à la représentation scénique d’un texte.”

Cap sur la présidentielle de 2036

Alors qu’elle était encore étudiante en sociologie à Harvard, Amanda Gorman a été en 2017 la première à étrenner le titre de National youth poet laureate, qui récompense désormais chaque année un jeune qui brille par son amour des arts et son civisme. Elle s’est exprimée publiquement sur quantité d’enjeux de société, tels le racisme, les violences policières, les restrictions au droit à l’avortement dans son pays ou encore l’incarcération des enfants de migrants, énumère le Los Angeles Times.

Inspirée par la future vice-présidente Kamala Harris, “elle est aussi la première personne à annoncer sa volonté de concourir à la présidentielle américaine de 2036, la première élection à laquelle elle sera en âge de postuler”. Commentaire de l’intéressée :

Il ne fait nul doute que la victoire de Kamala Harris est une victoire pour toutes les femmes de couleur qui aimeraient se voir représentées au sommet de l’État. Cela rend la chose envisageable. Ce que les petites filles d’aujourd’hui découvrent comme possible, elles pourront le faire à leur tour. Car leur avenir a beau être grand ouvert, que quelqu’un leur montre que leurs rêves peuvent devenir réalité est quelque chose d’énorme – même pour moi.”

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