Paris capitale du vélo: au-delà des aménagements cyclables, cultiver une culture cycliste

« Pour que Paris devienne une capitale mondiale du vélo! ». Ainsi commençait l’éditorial du Plan Vélo 2015-2020 par Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris en charge des transports. Dévoilé en avril 2015, les premières retombées concrètes de cette feuille de route voient le jour depuis la rentrée 2015. Le 9 novembre, le conseil de Paris a voté pour l’ajout d’une centaine de places Véligo, sortes de boites dans lesquels peuvent être garés sur le long terme les vélos, sans risque de vol, dans les gares Saint-Lazare et Montparnasse. Ces premiers aménagements ne sont que la continuation des politiques pro-vélos présentes dans de nombreuses villes, mais attestent également d’un passage à la vitesse supérieure avec de nouveaux projets beaucoup plus poussés.

Depuis une dizaine d’année, l’importance attachée à la promotion du vélo dans la capitale a cru au fur et à mesure que les enjeux d’écologie et de sauvegarde du climat apparaissaient dans les programmes des grands partis politiques. Paris, hôte de la COP21, présentée comme une dernière chance avant le déluge, se doit particulièrement de montrer son côté innovant en matière de politiques de réduction de gaz à effets de serres. Ce n’est donc pas que d’un Plan Vélo dont il s’agit, mais d’une myriade d’initiatives de l’Hôtel de ville dont l’objectif est de stimuler la culture cycliste à Paris, que ce soit en changeant les règles du partage de la route, en créant de nouvelles infrastructures ou en facilitant l’achat de vélos aux Parisiens. Seulement, malgré toutes les mesures prises depuis dix ans, les déplacements à vélo ne dépassent pas 5% des déplacements à Paris actuellement. Il s’agit donc bel et bien de faciliter la pratique du vélo pour les Parisiens autant que possible, afin d’accroître l’intérêt pour ce mode de transport.

Le Plan Vélo: la pièce maitresse de la politique municipale
Élément central de la politique environnementale d’Anne Hidalgo, le Plan Vélo est l’un des plus ambitieux en matière de restructuration d’aménagements cyclistes à Paris et ailleurs, puisqu’il prévoit un financement de 150 millions d’euros sur cinq ans. L’objectif : atteindre 15% de déplacements en vélo dans Paris d’ici à 2020, afin de créer un impact réel sur les émissions de CO2 à Paris.
À renfort de consultations des acteurs de la société civile, le Plan Vélo, cinquième du genre depuis 1982, promet toute une série de mesures, qui faciliteront les déplacements à vélo à Paris. Tout d’abord le réseau de pistes cyclables se verra doublé, passant de 700 km aujourd’hui à 1 400 km en 2020. Les réaménagements urbains impliqués concerneront entre autres la création des Réseaux Express Vélos (REV) sur les axes Nord-Sud et Est-Ouest le long des berges de la Seine. À ceux-ci s’ajouteront des réseaux structurants et secondaires, à savoir trois axes sur la rocade des grands maréchaux, celle des fermiers généraux, et un troisième sur les grands boulevards/Boulevard Saint-Germain. Enfin 10 000 places de vélos devraient être aménagées, et une aide financière donnée aux Parisiens souhaitant acquérir un vélo à assistance électrique – jusqu’à 33% du coût.viewmultimediadocument

Donner la priorité aux cyclistes
Si le Plan Vélo est une composante fondamentale de la politique cycliste à Paris, d’autres projets qui lui sont antérieurs sont élargis petit à petit, toujours dans une optique visant à augmenter la présence cycliste à Paris. Les opérations « Paris Respire », par exemple, c’est-à-dire l’interdiction aux voitures de rouler dans certaines zones les dimanches et jours fériés entre 9h et 17h, ont vu le nombre de zones concernées croître rapidement depuis la mise en place du programme, passant de deux en 2007 à 14 aujourd’hui, 17 en période estivale.

L’évolution finale du projet, révélée à la mi-octobre dernier par Anne Hidalgo, comprendrait la piétonisation permanente d’une partie de la voie sur berge Georges-Pompidou à partir de l’été 2016.

En bref donc, le vélo a la cote du côté de l’exécutif municipal, et de plus en plus de mesures visant à promouvoir sa pratique sont à prévoir ces prochaines années. Mais Paris pourrait faire mieux pour promouvoir la culture du vélo, selon certaines associations d’Ile-de-France. « La ville parle depuis 2008 de généraliser les doubles sens cyclables dans les rues à sens unique, et il en manque encore beaucoup. Quant aux objectifs en terme de stationnement, ils sont encore très en deçà des besoins », avait commenté au quotidien Libération Christine Lambert, secrétaire générale de Mieux se Déplacer à Bicyclette, une des principales associations cyclistes d’Ile-de-France. D’autres, comme Patricia, membre de Animation Insertion et Culture Vélo (AICV) et résidente de Bobigny, relativise: « Personnellement, je trouve qu’à Paris vous êtes très bien lotis par rapport à la banlieue. Même si à Paris il y a des fois où les pistes cyclables sont faites un peu à la va-vite, c’est mieux que rien du tout. » Elle ajoute cependant que « pour que la culture vélo rentre vraiment dans les habitudes des gens, cela prend des années de politiques qui y sont favorables ». En effet, les pays comme la Hollande ou le Danemark, où le vélo est roi, ont amorcé leur transition vers des villes cyclistes bien avant Paris. Reste donc à voir si en 2020 le cinquième plan vélo aura su changer les moeurs des Parisiens.

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