Le gouvernement français a vivement critiqué mercredi les décisions du Royaume-Uni et de Jersey concernant les droits de pêche. Dans le cadre de l’accord post-Brexit, la France a demandé à Londres 47 licences de pêche supplémentaires et 170 à Jersey. Les autorités britanniques ne lui ont accordé que 12 et 95. « Des décisions absolument inacceptables et irrecevables », selon l’exécutif français, qui étudie d’éventuelles mesures de sanction.

Les eaux de la Manche qui sépare la France du Royaume-Uni ont été très agitées ces derniers jours, non pas tant à cause de la météo, mais à cause de la bagarre entre les deux pays voisins concernant les autorisations de pêche dans les eaux britanniques. Ce mercredi, l’île anglo-normande de Jersey et le gouvernement de Londres ont annoncé leur décision de ne pas octroyer toutes les licences de pêche supplémentaires demandées par les pêcheurs français.

Jersey a décidé d’autoriser 64 licences définitives et 31 licences provisoires pour autoriser les navires français à pêcher dans ses eaux, rejetant 75 licences demandées. De son côté, Londres a indiqué n’autoriser que 12 licences d’accès à ses eaux sur les 47 supplémentaires que Paris avait demandées dans le cadre de l’accord Brexit.

Des décisions qui ont exaspéré les dirigeants français. Mercredi, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement a dénoncé « des décisions inacceptables et inadmissibles qui contreviennent à l’accord signé dans le cadre du Brexit ».

Une conséquence directe du Brexit

Un arrangement transitoire avait été convenu après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, qui a rétabli fin 2020 les frontières commerciales entre les îles britanniques et le continent. Cet accord provisoire prévoyait que les pêcheurs européens pouvaient continuer à pêcher dans certaines eaux britanniques à la condition d’obtenir un permis qui leur serait accordé s’ils sont en mesure de prouver qu’ils ont pêché dans ces zones avant le Brexit.

A cette condition, Jersey avait autorisé 47 licences au début de l’année 2021. Mercredi, elle a autorisé 95 bateaux supplémentaires : 64 qui ont délivré tous les documents requis et 31 qui ont jusqu’en janvier 2022 pour obtenir la documentation. En conséquence, les 75 navires français n’ayant pas présenté les documents demandés ont dû abandonner leur activité dans ces eaux.

Selon les autorités de Jersey, ces 75 navires ont été rejetés parce qu’ils « n’exerçaient pas d’activité de pêche dans les eaux de Jersey pendant la période considérée ou qu’ils n’étaient pas en mesure de justifier cette activité ».

Le gouvernement français a affirmé comprendre « les inquiétudes » et la « colère » des pêcheurs français qui ont été rejetés. Gabriel Attal a ajouté que la France allait étudier d’éventuelles « mesures de rétorsion » contre Londres et Jersey.

Des navires français manifestent devant le port de Saint-Hélier, sur l'île de Jersey, le 6 mai 2021.
Des navires français manifestent devant le port de Saint-Hélier, sur l’île de Jersey, le 6 mai 2021. Sameer Al-DOUMY AFP

John Young, ministre de l’Environnement de Jersey, a déclaré que « l’octroi de ces licences nous permettra de garantir que l’effort de pêche dans nos eaux reste dans des proportions comparables à la situation qu’il valait avant le Brexit ».

Le ministre des Affaires étrangères de Jersey, Ian Gorst, a souligné « une approche pragmatique et raisonnable basée sur des preuves concrètes, qui a permis jusqu’à présent de prolonger la période de transition à plusieurs reprises, ce qui n’était pas une obligation de l’accord sur le Brexit ».

En mai 2021, des dizaines de bateaux de pêche français avaient manifesté à l’entrée du port de Saint-Hélier sur l’île de Jersey pour défendre leur droit de continuer à pêcher dans ces eaux. En réponse, Londres avait envoyé deux navires militaires dans la région.

Avec l’AFP et Reuters

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