La championne olympique de judo Margaux Pinot a accusé son entraîneur et partenaire, Alain Schmitt, de l’avoir violemment agressée à son domicile. Cependant, le tribunal correctionnel de la commune de Bobigny a acquitté Schmitt, qui nie les faits. Le monde du judo, à commencer par l’équipe de France, sympathise avec Pinot et lui apporte son soutien.

« À quoi bon sa défense calomnieuse contre mes blessures et le sang sur le sol de mon appartement ? Qu’est-ce qui manquait ? Qu’il soit mort, peut-être ? La colère de Margaux Pinot ne diminue pas. En publiant une photo de son visage gonflé sur son compte Twitter, l’athlète a montré son indignation face à l’acquittement d’Alain Schmitt, qu’elle accuse de violences.


Le tribunal correctionnel de la commune de Bobigny n’a pas trouvé « d’indices suffisants de culpabilité » de l’ancien membre de l’équipe de France de judo et l’a acquitté lors d’une audience qui s’est tenue mardi soir.

Lors du procès, le procureur avait dénoncé « des violences très graves – même pour une personne qui commet son premier crime – » de la part d’Alain Schmitt, et requis une peine d’un an de prison.

Quelques heures après l’acquittement, le parquet de Bobigny a annoncé à l’agence AFP qu’il ferait appel du jugement. Le champion olympique de la nouvelle épreuve par équipes mixtes s’est exprimé sur les réseaux sociaux pour la première fois depuis les épreuves, survenues le 27 novembre.

« Samedi soir, j’ai été agressée à mon domicile par mon partenaire et entraîneur. Il m’a insulté, m’a donné des coups de poing, m’a cogné la tête au sol plusieurs fois. Et finalement il m’a étranglée. J’ai cru que j’allais mourir », a déclaré la femme. décrit 27 ans. « C’est probablement le judo qui m’a sauvé. Et mes pensées vont aussi à ceux qui ne peuvent pas en dire autant », a-t-il fait remarquer.

Versions contradictoires lors des audiences

Au cours de l’audience, les deux parties ont présenté des versions contradictoires. Alain Schmitt a nié « à 100 % » les actes qui lui étaient reprochés. Dans la salle, le visage marqué d’un œil au beurre noir, il a exclu avoir porté le moindre coup à sa partenaire, décrivant plutôt un combat entre amoureux, basé sur des saisies de judo et initié par Margaux Pinot.

« Ce n’était pas un match de judo, c’était un match de poing », a protesté le champion olympique dans la salle.

Margaux Pinot l’a accusé de l’avoir battue, de lui avoir tiré les cheveux et également d’avoir tenté de l’étrangler lors d’une altercation dans son appartement. Ses appels à l’aide ont alerté les voisins, dans la maison desquels il s’est réfugié avant l’arrivée de la police vers 2h30 (heure locale). Le judoka a eu des contusions et un nez cassé et a bénéficié d’un congé médical de dix jours.

Contactée par l’AFP, l’avocate d’Alain Schmitt, Caroline Wassermann, a déclaré que son client accueillait avec « sérénité » la décision du parquet de faire appel de la décision du tribunal.

« Il y a eu un appel (par le parquet), c’est la justice. Ils ont le droit de le faire et ils l’ont fait. Maintenant, ce que je ne respecte pas par contre, c’est le lynchage médiatique qui a été fait autour de l’affaire. Instagram, Twitter C’est tout sauf un tribunal », a répondu Alain Schmitt, avec un énorme bleu sur la partie supérieure droite du visage, lors d’une conférence de presse tenue jeudi.

Le monde du judo, « choqué » et « abasourdi »

L’acquittement de l’entraîneur et le témoignage de Margaux Pinot sur Twitter ont suscité l’indignation des stars françaises du judo mercredi.

Dans un message de soutien à sa collègue, la star du judo française Clarisse Agbégnénou a écrit qu’elle était « choquée » par la décision du tribunal.


« Je n’ai pas de mots pour exprimer tout ce qui me passe par la tête et mon corps de femme face à ce qu’a subi ma collègue Margaux Pinot », a déclaré le porte-drapeau de la délégation française aux JO de Tokyo dans un tweet.

« Nous sommes tous profondément émus par ce que vient de subir notre coéquipière Margaux Pinot », a ajouté le triple champion olympique Teddy Riner quelques minutes plus tard.


« Nous avons été étonnés, nous avons été surpris par la décision », a déclaré à l’AFP Stéphane Nomis, président de la Fédération française de judo.

« Je ne comprends pas comment on peut dire qu’il y a une absence de preuves. Je n’ai pas tout le dossier, mais vu son statut, il m’est difficile de comprendre que quelqu’un puisse dire ‘absence de preuves ‘ », il a insisté.

Pinot a déclaré qu’elle se sentait « contrôlée » par Schmitt dans leur relation

Le record individuel de Margaux Pinot, qui a combattu dans deux catégories (-63 et -70 kilogrammes), comprend une médaille de bronze mondiale en 2019, deux titres de championne d’Europe (2019 et 2020) et deux médailles d’argent continentales (2017, 2021).

Médaillé de bronze aux Championnats du monde 2013 (-81 kg), Alain Schmitt devient entraîneur et envisage de se rendre en Israël pour prendre les rênes de l’équipe féminine de judo.

« Il n’y avait que deux solutions, comme je l’ai dit lors de l’audience : qu’elle quitte le club ou que je parte. J’ai choisi de partir », a déclaré Schmitt au journal L’Équipe.

La Fédération israélienne de judo a annoncé avoir suspendu tout contact avec lui suite à la décision du tribunal.

« C’était probablement plus mauvais que bon à la fin », a déclaré Pinot dans une interview au journal Le Parisien avant l’audience.

« Mes amis et mes parents étaient pessimistes à propos de cette relation, dans laquelle je me sentais contrôlé. J’ai essayé de savoir ce qu’était une relation normale, et ce n’était pas une relation normale », a-t-il déclaré.

Cet article a été adapté de son original en français.

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