Le président français Emmanuel Macron a présenté le 9 décembre les grandes orientations de la prochaine présidence tournante de l’Union européenne (UE) que son pays assumera à partir du 1er janvier. L’immigration, le changement climatique et la reprise économique après la pandémie de Covid-19 figurent en tête de sa liste de priorités et d’ambitions.
« Relance, pouvoir et appartenance » est la devise avec laquelle Emmanuel Macron a résumé les orientations de la prochaine présidence de l’Union européenne (UE), en charge de son pays à partir du 1er janvier prochain et pendant six mois.
Le président français a annoncé que le premier axe de son agenda est de renforcer la souveraineté de l’Europe, y compris la sécurité, la protection des frontières et le contrôle de l’immigration, ainsi que la mise en œuvre des engagements climatiques acquis et la relance économique.
La France assume officiellement le leadership au sein de l’UE en temps de crise, notamment en raison de la pandémie de Covid-19 et de ses conséquences financières, des tensions avec la Russie et de l’augmentation des rivalités commerciales avec la Chine et les États-Unis.
Le moment que nous vivons est rare. Dans l’Europe à 27, la France exerce la Présidence une fois tous les treize ans. Le 1er janvier 2022, nous aurons la responsabilité de porter des ambitions pour l’Europe. Ce que nous férons : https://t.co/ICGvyPaENP
-Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 décembre 2021
« Nous devons passer d’une Europe de la coopération à l’intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre dans ses élections et maîtresse de son destin », a déclaré le chef de l’Etat français, en présentant son plan d’exécution.
Découvrez les grands axes de l’agenda de la prochaine présidence pro-tempore de l’union des 27 pays :
Sécurité et immigration
Macron a ratifié ce 9 décembre qu’il fera pression pour « une défense européenne plus forte et plus capable » qui contribue à la sécurité mondiale et soit complémentaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN)
Ses déclarations interviennent au milieu des tensions entre l’UE et la Russie concernant le transfert de troupes à la frontière avec l’Ukraine, un mouvement qui a déclenché l’alarme d’une éventuelle invasion.
Depuis son élection en 2017, Macron fait pression pour que l’UE soit indépendante en termes de sécurité et ne s’appuie pas uniquement sur la protection militaire américaine héritée de la Seconde Guerre mondiale.
Par ailleurs, le président a souligné que l’une des plus hautes priorités de cette nouvelle phase sera un meilleur contrôle de l’immigration, dans un contexte d’affrontements entre Bruxelles et la Biélorussie à propos de la crise des migrants à la frontière avec la Pologne.
Minsk est accusé d’avoir provoqué le chaos en transférant et en faisant pression sur des milliers de migrants du Moyen-Orient et d’Afrique pour qu’ils franchissent la frontière avec des pays du bloc de l’UE tels que la Pologne et la Lituanie, en représailles aux sanctions économiques que Bruxelles leur a imposées.
Parmi les propositions de la France figure la création d’une force de réaction d’urgence pour aider les États de l’UE confrontés à ce type de crise à leurs frontières, a déclaré le président français.
Le leader propose également que le bloc communautaire organise des réunions politiques périodiques sur les migrations, comme le font déjà les États de la zone euro sur les questions économiques.
L’Union européenne est profondément divisée depuis des années sur l’immigration et sur la manière dont elle doit surveiller ses frontières extérieures. Reste à savoir ce que la France sera en mesure d’accomplir durant sa présidence du Conseil des ministres de l’UE.
Économie et pandémie
Macron promeut une vision d’« autonomie stratégique » vis-à-vis de l’UE qui permettrait au bloc des 27 nations de contourner la concurrence de la Chine et de la mettre sur un pied d’égalité avec les États-Unis.
En outre, il a évoqué les plans de relance économique et a déclaré qu’ils ne devraient pas être un sujet tabou pour Bruxelles.
Face aux complications financières après les restrictions imposées pour tenter d’arrêter la pandémie, Macron a assuré que l’UE pourrait devoir élargir le paquet initial de 750 000 millions d’euros pour se remettre de l’impact laissé par l’urgence sanitaire.
Cependant, certains pays de l’alliance sont réticents à cet égard. L’Allemagne a soutenu l’ensemble approuvé, mais craint que toute facilité de prêt conjoint ne devienne permanente.
Les Pays-Bas sont également prudents quant au cofinancement des fonds de relance.
Comme prochaine étape, Macron a annoncé qu’il organiserait un sommet sur la croissance de l’UE en mars, après avoir expliqué que stimuler le modèle de croissance du bloc nécessiterait d’ajuster les règles budgétaires pour les rendre plus simplifiées et transparentes.
D’autre part, le chef de l’Etat français a souligné que d’ici au printemps, l’Union européenne rédigera les textes sur la mise en œuvre de l’accord global sur l’impôt minimum sur les sociétés qui a été négocié cette année.
Changement climatique
Macron a indiqué qu’un mécanisme d’ajustement des limites de carbone serait fondamental pour la stratégie de transition climatique du bloc, afin de tenir les engagements acquis pour atténuer la grande crise mondiale : le réchauffement climatique.
Dans ce sens, le dirigeant a souligné qu’il utiliserait la présidence tournante du Conseil européen pour faire avancer l’interdiction des importations de soja, de café, de bois et de cacao qui provoquent des niveaux élevés de déforestation.
Cependant, Macron a précisé qu’il travaillera pour garantir que les entreprises de l’Union européenne ne soient pas affectées par les politiques climatiques.
Un aspect qui se démarque est de promouvoir une taxe carbone sur une série d’importations, quelque chose déjà proposé par la Commission exécutive de l’UE pour protéger les industries européennes de concurrents à l’étranger, dont les fabricants peuvent produire à moindre coût car ils ne sont pas facturés pour leur production de carbone.
La présidence française de l’UE coïncide avec les élections présidentielles du pays, prévues en avril prochain, un scénario qui pourrait servir de plate-forme à sa campagne de réélection, si elle décide de la confirmer, ou la compliquer si elle se heurte à des désaccords de l’électorat sur questions internes telles que l’économie, la sécurité et l’immigration.
Le chef de l’État français, élu en 2017, n’a pas encore officiellement précisé s’il briguerait un second mandat.
Avec Reuters et AP