Créateur du plus célèbre cube au monde, le Hongrois Ernő Rubik se livre à un singulier parallèle entre son invention et la situation de la planète, frappée de plein fouet par le Covid-19. Les recettes pour affronter ces deux casse-têtes ne sont peut-être pas si différentes, explique-t-il dans les colonnes du Washington Post.
C’est un simple objet à six faces et six couleurs, mais il a fasciné des générations entières. En 1974, Ernő Rubik, architecte et professeur de design originaire de Budapest, inventait un objet auquel il donnait son propre nom : le Rubik’s Cube (cube de Rubik). Ce casse-tête allait rencontrer un succès planétaire, qui dure encore aujourd’hui.
Comme l’explique l’inventeur lui-même dans un billet publié par le Washington Post, au fil des années, “la résolution de ce casse-tête est devenue une métaphore synonyme d’intelligence et de complexité”. Ce dont il a été le premier surpris : “Mon cube a aussi fini par symboliser des complications et des problèmes (apparemment) insolubles. On a parlé ainsi du ‘Rubik’s Cube du Moyen-Orient’, ou alors, cet objet était associé à des questions épineuses comme la santé publique ou les politiques économiques. Nul doute qu’on parlera un jour du coronavirus comme du ‘Rubik’s Cube de la pandémie’.”
Selon l’architecte hongrois, bien qu’il puisse sembler surprenant à première vue, ce parallèle ne serait en réalité pas dénué de sens. En effet, “un Rubik’s Cube mélangé peut être source de frustration, de colère, d’angoisse et de confusion, concède l’auteur. Et en ce sens, l’année 2020 nous donne l’impression d’être un peu tous prisonniers d’un Rubik’s Cube diabolique.”
Mais s’il peut être synonyme d’angoisse, cet objet est aussi porteur de solutions. Et d’un singulier message d’espoir. Car pour Rubik, à bien y regarder, “le cube n’est jamais impossible à résoudre”, et les outils dont on a besoin pour venir à bout de ce casse-tête peuvent être une source d’inspiration dans la situation actuelle. En effet, pour triompher de ce mystère à six faces – contrairement à ce qu’on pourrait croire – la collaboration et le travail d’équipe sont des outils essentiels :
Aussi difficile soit-elle, la solution du Rubik’s Cube est accessible à presque tout le monde lorsqu’on connaît les bonnes stratégies et les algorithmes utilisés par d’autres. La plupart de ceux qui arrivent à le résoudre ont appris la bonne méthode dans des livres, en regardant des tutoriels sur YouTube ou grâce à des amis. C’est comme ça que les solutions se propagent : la solution circule de bouche à oreille.”
“La solution passera par la conscience de notre humanité partagée”
Ainsi, pour Rubik, dans la situation actuelle – comme pour résoudre l’énigme du cube – l’impatience, les préjugés et la tentation de faire cavalier seul ne peuvent rien apporter de bon. “Aucun plan secret ne vous rapprochera de la solution”, affirme-t-il dans un reproche à peine voilé aux égoïsmes nationaux dans la lutte contre le coronavirus.
“Nous vivons une période extraordinairement difficile et sommes confrontés à de graves problèmes aux lourdes répercussions – au premier rang desquels figure la pandémie”, conclut l’architecte, qui prévient :
Quels que soient les remèdes proposés et leur degré de praticabilité, la solution passera forcément par la conscience de notre humanité partagée. Face à des problèmes (métaphoriquement) aussi complexes qu’un Rubik’s Cube, il faut du courage pour s’appuyer sur des esprits curieux et pleins de ressources. Comme pour un Rubik’s Cube.”