Donald Trump, coqueluche des jeunes Français d’extrême-droite

S’il est tourné en ridicule dans la plupart des médias français, Donald Trump a tout de même des soutiens en France: iconoclaste et populiste, il fait des émules chez la jeunesse d’extrême-droite.

La ferveur pro-Trump n’a pas traversé l’Atlantique. Les Français ne sont que 11% à avoir une opinion positive du favori des primaires républicaines selon les chiffres d’un sondage YouGov de février 2016. A l’inverse, 59% d’entre eux ont une mauvaise image du milliardaire.

En revanche, « plus on glisse vers la droite de l’échiquier politique et plus la défiance à son égard diminue », explique le Huffington Post. Au Front national, ses soutiens sont même majoritaires, avec 29% d’opinion positive contre 26% d’opinion négative. Parmi les sympathisants du FN, 39% espèrent « l’émergence d’un Donald Trump à la française« .

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Source: Sondage YouGov pour le HuffPost et iTélé réalisé les 24 et 25 février aurpès de 1020 personnes, selon la méthode des quotas.

Un soutien à l’extrême-droite

Un comité de soutien a même vu le jour. Son porte-parole autoproclamé, Vivien Hoch, est doctorant en philosophie et « passionné de politique ». Contributeur de sites nationalistes et conservateurs comme Les Observateurs.ch et Cyrano.net, proche du mouvement anti-mariage gay Civitas, il est également extrêmement actif sur Twitter, où il ne tarit pas d’éloges pour celui qu’il appelle  « le milliardaire insolent« .

Vivien Hoch n’a pas souhaité répondre aux questions de Monomania, mais il s’est expliqué sur sa démarche dans une interview au Figaro: « [Trump] représente le contrepoint parfait de ce que représentent les hommes politiques français. Et c’est pour cela que nous le soutenons. Il est un Ovni pour la France. Il affiche sans honte son argent et affiche clairement ses idées. Concrètement, il n’a pas peur de renverser la table si besoin, ni de déplaire.[…] En soutenant Donald Trump, nous revendiquons avant tout notre envie d’avoir un homme politique de cette trempe en France. »

« J’aime sa franchise »

Il n’est pas le seul à être séduit. « Ce que j’aime chez lui, c’est que ce qu’il dit est sale et dérange beaucoup, beaucoup », explique Florian, un skinhead de 21 ans qui a répondu à l’appel à témoignages lancé par Monomania sur Facebook. Pour ses émules, son discours provocateur témoigne d’une honnêteté exempte de calcul. « J’aime sa franchise, renchérit Joseph, sympathisant frontiste. Il n’est pas comme les autres hommes politiques, il ne dit pas ce que les gens ont envie d’entendre. C’est le premier à faire ça ». Même argument chez Florian : « Il veut vider les Etats-Unis de l’immigration, ce que chaque pays veut faire. Mais lui, il a les couilles de le dire ».

Sur la page Facebook de Donald Trump France, les commentaires des abonnés abondent dans ce sens. « Cet homme est un génie politique qui est en train d’initier une véritable REVOLUTION du peuple aux Etats-Unis que les élites Françaises bornées et droguées au politiquement correct […] n’ont pas vu venir », s’exclame l’un des plus ardents supporters.

Le chantre du politiquement incorrect fait des émules jusque dans l’état-major du Front national. Soutenir Donald Trump permettrait de critiquer la « police de la pensée en France », selon l’expression du secrétaire général du FN, Nicolas Bay, cité par Le Monde. Certains vont même jusqu’à le comparer à la présidente du Front national, qui subirait comme lui le désamour des médias. « Il n’est pas con ni raciste, assène Florian, c’est ce que veulent nous faire croire les médias. Ils nous manipulent. Trump, c’est un peu la Marine Le Pen des Etats-Unis, quoi ».

Un Le Pen français ?

Le parallèle est lancé. Pour beaucoup, Marine Le Pen est l’équivalent de Donald Trump en France. En témoigne l’enquête de Yougov précédemment citée:

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Source: Sondage YouGov pour le HuffPost et iTélé réalisé les 24 et 25 février aurpès de 1020 personnes, selon la méthode des quotas.

Pour Céline Mas, experte en communication, les deux candidats populistes ont des stratégies de communication proches, virulentes notamment contre les élites politiques et les médias, qui leur permettent de toucher des catégories de population similaires. « Comme le Front national, il y aussi une notion de lutte contre l’establishment dans les discours de Donald Trump », explique-t-elle dans une interview pour Le Figaro. « Et dans cet establishment, on compte les médias. ».

De plus, comme Marine Le Pen, pour étayer sa rhétorique antisystème, Donald Trump met en avant une volonté de sincérité dans ses discours. « Il est tout à fait comme ça: « Je suis moi-même et j’assume tout, poursuit Céline Mas. Même les propos extrêmes comme la proposition de bloquer les frontières aux musulmans… ».

Une comparaison rejetée par l’intéressée

Pour autant, le parallèle s’arrête là, et il serait abusif et simpliste de faire de Marine Le Pen un « Donald Trump français ». La patronne du Front national, d’ailleurs, le réfute catégoriquement. Interrogée sur le sujet en décembre dernier par BFMTV, sa réponse a été cinglante : « Je ne suis pas américaine, je ne suis pas Nicolas Sarkozy. […] Je défends tous les Français, quelle que soit leur religion », avait-elle martelé.

Des encartés refusent aussi la comparaison. « Ce mec est caricatural, affirme Davy Rodriguez, cofondateur de l’association Front national Sciences Po. Il a des propos ouvertement racistes, xénophones, et excluants. Il a carrément refusé de condamner le Klu Klux Klan ! ». Certes, Donald Trump est aujourd’hui la coqueluche d’une certaine frange de la jeunesse d’extrême-droite, frontistes comme outsiders. Mais il semble qu’il s’agisse moins d’un soutien politique véritable que d’une fascination mi-admirative, mi-amusée, devant ce personnage tonitruant et outrancier.

Marine Jeannin

[Photo en Une: capture d’écran de la page du comité Trump France / Facebook.com]

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