Les jeunes Républicains déboussolés par la loi El Khomri

Les jeunes militants Républicains de Paris ont décidé de faire entendre une voix différente à la veille de la manifestation contre le projet de réforme du code du travail.

Le lieu de rendez-vous avait été maintenu secret jusqu’au dernier moment : 12 h 45 à la station de métro Varenne, dans le 7ème arrondissement de Paris. Ce mardi 8 mars, une quinzaine de jeunes militants Républicains de Paris se retrouvent pour se rendre, d’un pas décidé, devant le ministère du Travail. A la veille de la grande manifestation contre la réforme El Khomri, les jeunes militants vont déposer dix propositions (voir ci-dessous) pour l’emploi des jeunes à la ministre.

Arrivés devant les lourdes portes du 127 rue de Grenelle, le groupe déroule une large banderole où l’on peut lire : “+ 700 000 chômeurs de plus. Maintenant, on veut du boulot”. L’objectif était de rencontrer un collaborateur de la ministre, Myriam El Khomri. Ils devront se contenter de cette photo symbolique.

“Des avancées super intéressantes”

La détermination affichée ne parvient pas à dissimuler une profonde gêne. Louis Soris, 24 ans et président des jeunes Républicains parisiens, n’est pas entièrement convaincu par la loi. Il juge la manière de procéder de François Hollande “totalement contre-productive”. Néanmoins, il ne peut pas rejeter le projet en bloc. “Sur le fond, il y a des avancées super intéressantes”, concède-t-il. Faciliter les licenciements, donner plus de visibilité aux employeurs, sont des idées qui lui parlent : “c’est la plus grande inquiétude des entrepreneurs”. Mais surtout, il est convaincu que la flexibilité pourrait aider à ramener des jeunes dans l’emploi.

On leur annonce en fin de compte qu’ils ne pourront pas rencontrer un collaborateur de la ministre, mais pour eux, le symbole suffit. Même si certains à gauche estiment que le gouvernement mène une politique économique bien éloignée de ses engagements de campagne, François Hollande a encore du chemin à faire pour emporter l’adhésion des jeunes Républicains.

Raphaël Georgy

*

Les dix propositions des jeunes Républicains de Paris pour “dynamiser” l’emploi des jeunes :

1)      Avoir une flexibilité cohérente sur le marché du travail avec la nécessité de faciliter l’entrée sur le marché des jeunes. Nous ne devons pas avoir des jeunes diplômés éternellement stagiaires en créant un CDI plus flexible pour l’entrée sur le marché du travail.

2)      Les filières d’apprentissage doivent être favorisés et être au cœur du système éducatif. Il faut les rendre accessible dès l’âge de 14 ans et inciter fiscalement les entreprises pour les embauches. Nous proposons de développer l’apprentissage en le généralisant dans l’enseignement professionnel, nous voulons permettre des aides fiscales pour les entreprises et développer un dispositif incitatif pour les établissements scolaires. Le nombre de contrats d’apprentissage doit doubler avec une défiscalisation des heures consacrées par le maitre d’apprentissage à l’apprenti

3)      Défiscaliser les stages pour les jeunes de moins de 25 ans. Nous voulons conditioner chaque obtention d’un diplôme universitaire (licence ou master) à au moins 6 mois de stage qui seront à faire lors du dernier semestre de Licence 3 ou Master 2. Enfin, il faut favoriser l’embauche du jeune stagiaire au sein de l’entreprise en développant les leviers fiscaux.

4)      En finir avec le dogmatisme des 35 heures qui prive la France de création d’emplois et asphyxie les entreprises. Le temps de travail se fera par des accords inter-entreprises dans chaque entreprise (annualisé ou par semaine) pour adapter le temps de travail au rythme de l’activité, tout en conservant une base horaire nécessaire au maintien de la sécurité de l’emploi. Nous voulons favoriser la mise en place de referendums au sein des entreprises.

5)      Faire sauter la barrière des 18 mois maximum pour un Contrat à Duré Déterminé (CDD). Il faut donner la possibilité de l’entendre à 24 mois selon les besoins de l’entreprise dans la voie d’une titularisation.

6)      Créer des mini-jobs défiscalisés à temps partiels pour des emplois ne pouvant pas être pourvus par un temps complet ou quelqu’un déjà présent dans l’entreprise. Ces emplois ne pourraient pas excéder 2 ou 3 mois pour éviter une précarité. Nous proposons que ces mini-jobs soient défiscalisés pour l’entreprise.

7)      Nous souhaitons revoir la politique d’orientation du système éducatif en proposant de contingenter le nombre de places en formation en fonction du taux d’employabilité et de l’avenir d’une filière.

8)      Rendre flexible la fonction publique : mettre fin à l’emploi à vie, supprimer le système de grade, prévoir un contrat de 10 ans renouvelable, mettre en place des passerelles pour passer facilement du public au privé, retour au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

9)      Mieux orienter les étudiants : créer de véritables services de gestion de carrière dans les universités composés d’anciens élèves et de conseillers venant du privé.

10)  Mise en place d’une importante baisse des charges pour un employeur qui embauchera un jeune six mois après l’obtention de son diplôme, quel que soit le niveau.

A lire également