Les grèves se poursuivront mardi dans les entrepôts des raffineries de TotalEnergies mais aussi dans le secteur des transports et de l’éducation, dans une semaine marquée par les premières vacances. Le président français Emmanuel Macron a appelé lundi à une solution « le plus rapidement possible ».

Ce mardi, une grève générale convoquée par plusieurs syndicats se prépare pour exiger des augmentations de salaire. Il s’agit du secteur de la raffinerie, mais aussi du transport et de l’éducation. Des difficultés persisteront pour se rendre au travail, des inquiétudes dans les zones rurales en pleine saison des récoltes et des semis et de possibles perturbations sont à prévoir dans les départs en vacances.

En France, les grèves ont repris dans trois raffineries (sur un total de sept) et cinq grands entrepôts (sur environ 200) de TotalEnergies, a annoncé Eric Sellini, coordinateur de la Confédération générale du travail (CGT), le syndicat de la ligne dure .du groupe pétrolier.

Dans le nucléaire, EDF, premier électricien français, a déjà dû retarder le redémarrage de certains de ses réacteurs à cause de la grève. 50% des 18 centrales françaises sont déjà concernées par l’arrêt, avec des conséquences sur la production et le maintien de l’électricité.

Dans le domaine des transports, la grève touchera principalement la SNCF et la RATP. Le métro devrait fonctionner relativement normalement, mais un quart des RER A et RER B ne circuleront pas, ainsi qu’un tiers des bus.

Dans le secteur de l’éducation, de nombreux parents ne pourront pas emmener leurs enfants à la garderie faute de personnel. Il y a des cours qui pourraient être annulés dans les collèges, collèges et lycées professionnels.


Des syndicalistes et des employés en grève se rassemblent devant la raffinerie TotalEnergies à Donges, dans l'ouest de la France, le 14 octobre 2022.
Des syndicalistes et des employés en grève se rassemblent devant la raffinerie TotalEnergies à Donges, dans l’ouest de la France, le 14 octobre 2022. © Loïc Venance, AFP

Jeudi dernier, la CGT a refusé de signer l’accord conclu entre la direction de Total et deux autres syndicats majoritaires, la CFDT et la CFE-CGC. Cet accord prévoit une augmentation salariale de 5% pour les ouvriers et techniciens et de 3,5% pour les cadres. De plus, une prime d’un mois de salaire est incluse.

Or, la CGT exige une hausse de 10%, correspondant à « l’inflation plus la part » des bénéfices obtenus par la compagnie pétrolière (5,8 milliards d’euros au seul deuxième trimestre 2022).

Le gouvernement qualifie d’« illégitime » la poursuite de la grève

L’exécutif français a tenté de montrer sa fermeté contre l’appel de la CGT et d’autres syndicats de travailleurs de tous secteurs concernant la grève et la manifestation prévues mardi.

Le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a dénoncé lundi l’attitude de la CGT et a déclaré qu’il était « illégitime » de poursuivre les blocages. « Le temps de la négociation est révolu. Il y a eu une négociation, il y a eu un accord, ce qui veut dire que le vote à la majorité doit rester en vigueur », a-t-il déclaré. « Dans une démocratie, y compris la social-démocratie, ce n’est pas la minorité qui dicte la loi à la majorité », a-t-il ajouté.


Des membres de la CGT devant la raffinerie de Mardyck, le 13 octobre 2022.
Des membres de la CGT devant la raffinerie de Mardyck, le 13 octobre 2022. ©Pascal Rossignol, Reuters

De son côté, le président Emmanuel Macron a déclaré vouloir que la crise du carburant « soit résolue au plus vite », promettant de « faire tout son possible » et se disant « aux côtés de tous les compatriotes qui peinent et qui en ont marre de cette situation. » Lundi après-midi, le chef de l’Etat a rencontré le Premier ministre Elizabeth Borne et des membres du gouvernement touchés par la crise pour « faire le point sur la situation ».

Les préfets seront davantage mobilisés pour aider à acheminer le carburant jusqu’aux stations-service, comme l’a annoncé le Gouvernement à l’issue de la réunion. « La décision qui a été prise est de mobiliser les préfets à un niveau supérieur en soutien à Total ou Esso, pour accélérer la livraison de carburant aux stations-service en collaboration avec les transporteurs », a expliqué la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. .

Réquisitions forcées de dépôts de carburant

Selon les chiffres communiqués ce lundi par le ministère de la Transition énergétique, 28,1% des stations-service étaient en difficulté au niveau national ce lundi. Selon le ministre des Transports Clément Beaune, les stations-service pourraient continuer d’avoir des problèmes jusqu’à la semaine prochaine.

Face aux pénuries de carburant dans les stations-service, le gouvernement a décidé d’intervenir. Il a annoncé qu’il avait forcé six travailleurs à travailler dans un dépôt de TotalEnergies à Dunkerque, dans le nord de la France, et qu’il ferait de même dans son dépôt de Feyzin dans le sud-est. Elle avait déjà fait de même ailleurs la semaine dernière, ce contre quoi la CGT s’oppose farouchement.

« On le fait pour les Français, on ne le fait pas contre les grévistes, c’est absolument nécessaire pour que les gens puissent continuer à aller travailler et subvenir à leurs besoins de base », a justifié Pannier-Runacher.

Le gouvernement Macron sous pression

La CGT est le principal protagoniste de ce combat contre l’exécutif Macron, à qui elle reproche sa réticence à une compensation générale de l’inflation des salaires, mais aussi pour ses projets de réformes, notamment celle des retraites, à l’heure où le président est également sous le coup. pression au Parlement.


Jean-Luc Melenchon (troisième de gauche à droite), chef du parti d'opposition français d'extrême gauche La France Insoumise (France insoumise), et chef de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), participe avec le lauréat du prix Nobel de Littérature Annie Ernaux (à droite de l'homme politique) lors d'une manifestation contre la montée en flèche de l'inflation et ce qu'ils appellent l'inaction du gouvernement pour lutter contre le changement climatique, à Paris, France, le 16 octobre 2022.
Jean-Luc Melenchon (troisième de gauche à droite), chef du parti d’opposition français d’extrême gauche La France Insoumise (France insoumise), et chef de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), participe avec le lauréat du prix Nobel de Littérature Annie Ernaux (à droite de l’homme politique) lors d’une manifestation contre la montée en flèche de l’inflation et ce qu’ils appellent l’inaction du gouvernement pour lutter contre le changement climatique, à Paris, France, le 16 octobre 2022. © Reuters – Stéphane Mahes

Les perquisitions ont lieu au lendemain de la « Marche contre le coût de la vie », organisée par les partis de gauche, dont France Insumisa de Jean-Luc Mélénchon, à Paris. Les organisateurs ont affirmé qu’il y avait 140 000 participants, mais selon des sources policières, 30 000 participants ont été comptés.

De plus, les prix de l’essence continuent d’augmenter fortement à la pompe. La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé dimanche la prolongation de la remise de 30 centimes le litre, et TotalEnergies a confirmé la prolongation de sa remise de 20 centimes jusqu’à la mi-novembre.

Bien que le chef de l’Etat ait déclaré la semaine dernière qu’il s’attendait à des améliorations pour cette semaine, aucun signe d’amélioration n’a été signalé pour le moment. Malgré les divergences et les pulsations à l’intérieur et à l’extérieur de l’exécutif, tout le monde espère que le conflit se terminera avant les vacances ce vendredi.

Avec EFE, Reuters et AFP

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