Propriétaire d’un bar à jazz à Paris : « Je ne pensais pas perdre autant d’argent si vite »

Le Petit Journal Montparnasse, créé en 1985, est l’un des plus anciens et des plus connus bars à jazz à Paris. En 2013, André Robert est devenu le patron de l’établissement. Il raconte les difficultés derrière l’entretien d’un bar à jazz.

 Comment va le Petit Journal Montparnasse depuis votre arrivé ?

Ça se passe bien sur certain plans mais économiquement pas très bien. Pour refaire vivre une maison qui était morte, il faut beaucoup de temps et beaucoup d’argent. Je ne pensais pas perdre autant d’argent si vite. Ca fragilise le projet car j’ai l’obligation de réussir dans les deux ans qui viennent.

Qu’est-ce qui a changé depuis la création du Petit Journal Montparnasse ?

C’était une autre époque. Avant, il y avait des artistes qui faisaient que les gens viennent les voir, mais ces artistes sont tous morts. Ceux qui viennent aujourd’hui n’ont pas la même notoriété que les artistes il y a trente ans. Avant il n’y avait ni Internet ni de la musique numérique donc pour voir un artiste ou écouter de la musique, il fallait aller dans un concert ou écouter le disque. Les gens n’ont plus le temps pour aller aux concerts. C’est plus compliqué. Aussi, il y a beaucoup de concurrence à Paris. Il faut être le meilleur mais ça demande du temps.

 D’où viennent les difficultés de gérer un bar à jazz ?

Il y a tellement des métiers différent. Il faut apprendre la programmation, la communication, il faut travailler sur la commercialisation et la production. Il y a beaucoup de travail.

Comment arrivez-vous à administrer tout cela ?

Je dois m’assurer d’avoir la bonne équipe. Chacun doit être la bonne personne au bon poste. Une fois que je sais que le système va bien fonctionner, mon travail est de trouver des opportunités ou des artistes. Celui de mon équipe est de garder les bons artistes et les bons clients pour qu’ils reviennent.

Qu’est-ce qui différencie le Petit Journal Montparnasse des autres bars à Jazz à Paris ?

Il y a ce que j’essaye de faire et ce que j’ai réussi à faire. Ce que j’essaye de faire, c’est de mettre en valeur mon métier d’origine qui est la restauration. Je voudrais mettre un niveau d’exigence ambitieux ici. Je veux que les produits servis soient irréprochables et que la programmation soit irréprochable aussi.

Aimez-vous le jazz ?

C’est mieux pour moi d’aimer le jazz. Mais j’aime tous les styles de musique. En réalité, le Petit Journal Montparnasse devient de plus en plus généraliste. On fait du jazz mais aussi d’autres styles de musique.

 Les artistes sont-ils payés ?

Oui, tout le monde est payé. Quand le concert ne marche pas, l’artiste va être payé mais je vais perdre de l’argent. C’est ça la difficulté. Quand on gagne de l’argent, tout le monde gagne, mais quand on perd, je suis le seul à perdre.

Envisagez-vous rester dans votre poste au Petit Journal Montparnasse longtemps?

Jusqu’à que ça marche. Dans deux ans, je saurai si j’ai réussi à refaire vivre cet établissement.

Tatiana Reiter

@TatianaReiter

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