Le confinement local, un changement de stratégie gagnant pour la France ?

Le confinement local, un changement de stratégie gagnant pour la France ?

Le 25 février, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé que de nouvelles mesures pourraient entrer en vigueur à partir du 6 mars dans 20 départements, là où la situation sanitaire est particulièrement dégradée. La France rompt avec ses habitudes d’État centralisé pour lutter contre le Covid-19, note la presse étrangère. Cette stratégie sera-t-elle payante ?

Les disparités territoriales étaient devenues trop importantes. Face aux 600 nouveaux cas hebdomadaires de contamination par le coronavirus pour 100 000 habitants dans les Alpes-Maritimes, 900 à Dunkerque, et 207 de moyenne nationale, l’exécutif français a estimé que la réponse à la crise sanitaire ne pouvait pas être la même partout. Ainsi, lundi 22 février, le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé le confinement de 63 communes du littoral pour deux week-ends. Deux jours plus tard, à l’autre bout du pays, c’est aux habitants de l’agglomération de Dunkerque que le ministre de la Santé, Olivier Véran, annonce pareille mesure. Du nouveau – une petite révolution, même – dans la stratégie française pour combattre la pandémie, constate la presse étrangère. Cette stratégie a été confirmée ce 25 février, puisque le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé que 20 départements allaient passer en “surveillance renforcée”, et que “si la situation continue de se dégrader”, “des mesures renforcées […] entreront en vigueur à compter du week-end du 6 mars”.

“Emmanuel Macron change de tactique face au Covid-19”, annonçait déjà avant la conférence de presse El Mundo. Comme l’explique le quotidien espagnol, le chef de l’État a décidé de revenir à une méthode dont il ne peut pourtant pas garder de bons souvenirs : “Il impose des restrictions locales, exclues depuis la fronde de Marseille en septembre. La nouvelle stratégie sera mise en œuvre avec une précision chirurgicale et ciblera les principaux foyers infectieux.”

L’approche égalitaire soutenue par la population

Ce jeudi, alors que le pays attendait la prise de parole de Jean Castex, plusieurs départements classés dans le rouge redoutaient déjà d’être les prochains sur la liste. “Jusqu’à présent, c’était un sujet tabou. Même si le taux d’incidence était très différent d’une région à l’autre, le gouvernement français agissait au niveau national, à l’exception marginale de la Guyane. La population soutient cette approche égalitaire, bien que la cote de popularité du gouvernement diminue à mesure que les Français se lassent des restrictions.”

En Allemagne aussi, où il y a autant de politiques sanitaires que le pays compte de Länder, la presse a bien noté le changement de stratégie chez le voisin. “Pour un pays aussi centralisé que la France, les restrictions locales sont une grande nouveauté. Emmanuel Macron s’est affranchi de ses conseillers scientifiques, qui préconisent un confinement national”, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le quotidien conservateur observe un “flegme nouveau” que le gouvernement affiche face à des élus locaux qui, eux, appellent à des restrictions plus dures, comme dans le cas de Nice. Les seuls brimés sont les habitants concernés. Ceux du littoral méditerranéen, raconte la FAZ, sont loin d’être ravis d’être privés de longues sorties à l’extérieur en ces jours de météo printanière, et se voient victimes des vacanciers des autres zones.

“Jean Leonetti, le maire d’Antibes, est en colère : pendant quinze jours, les touristes français sont venus s’amuser dans les Alpes-Maritimes et c’est désormais aux riverains d’en payer les conséquences, pendant leurs propres vacances scolaires.”

Peu de marge avant un reconfinement national

Et puis… les restrictions locales seront-elles efficaces ? C’est The Local qui pose la question cruciale. “Durant tout l’été et le début de l’automne, la France a testé plusieurs mesures régionales, comme la division du pays en zones ‘rouges’ et ‘vertes’, avec des restrictions propres à chacune. Mais aucune de ces mesures n’a été véritablement efficace, et, à la fin d’octobre, le gouvernement s’est vu dans l’obligation de décréter un deuxième confinement national, qui a duré jusqu’au 15 décembre. Les experts sont divisés quant à la nouvelle politique adoptée par l’État.”

Et le site de rappeler que, hormis les confinements locaux, le reste de la France est bien loin de mener une vie normale : le couvre-feu quotidien de 18 heures à 6 heures est toujours en vigueur sur tout le territoire. Les bars, restaurants, cafés, musées, cinémas, théâtres, salles de sport et sites touristiques restent fermés. Ce qui amène le site à cette conclusion :

Le gouvernement n’a donc plus beaucoup de marge de manœuvre sur le plan du renforcement des restrictions avant d’en arriver à un troisième confinement.”

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