Grève du RER A : les usagers s’étaient préparés au pire

 

Nouvelle journée de grève à la RATP jeudi 31 mars. En moyenne un train sur deux circulait sur les lignes A et B. Les usagers s’attendaient à une journée noire mais, bonne surprise, la galère fut moins importante que prévue.

Fabrice regarde sa montre en baillant. Il est déjà 17 heures. La journée est longue : parti beaucoup plus tôt de chez lui pour être sûr d’avoir un trajet « tranquille », cet informaticien essaie à présent d’estimer à quelle heure il sera de retour à son domicile, au Vésinet, dans les Yvelines. « On va dire que dans une bonne heure je serai dans mon canapé, espère-t-il. Enfin si j’ai un bus ! » Autour de lui, le quai est anormalement noir de monde pour un après-midi de semaine. Les panneaux rappellent que « suite à un mouvement social », engagé ce jeudi 31 mars par les syndicats, le trafic est fortement perturbé sur la ligne : à Châtelet-les-Halles, l’écart entre deux trains est de 13 minutes contre deux seulement en temps normal.

En voyant les horaires de passages des trains certains soupirent, d’autres vont s’appuyer contre un mur. Domiciliée à Achères, dans les Yvelines, Mélanie est résignée. Elle s’apprête à attendre son train 20 minutes, mais elle n’est pas en colère contre les conducteurs : ils « ont le droit de faire grève comme tout le monde », dit-elle. Elle a eu la chance de pouvoir adapter ses horaires de bureau pour partir plus tôt aujourd’hui et éviter les heures de pointe : « 18h30 un jour de grève c’est juste pas possible. »

Des usagers qui s’attendaient à un trajet plus difficile

De nombreux voyageurs sont plutôt surpris – agréablement – des conditions de trafic pour un jour de grève. Fabrice, par exemple, sait que son trajet retour ne sera pas idyllique, mais il avoue qu’il s’attendait à pire : « J’ai mis un temps normal ce matin, il y avait plus de monde que d’habitude, mais c’est tout. » Même constat chez Jocelyne, 52 ans. Assistante de direction, elle fait le même trajet depuis quinze ans, de la gare d’Auber à celle de Bussy-Saint-Georges en Seine-et-Marne : « J’ai connu pire comme perturbations sur la ligne. Les accidents voyageurs et les colis suspects c’est quand même beaucoup plus embêtant. » Habituée des longues attentes, bloquée entre deux stations, Jocelyne ironise : « Avec un train sur deux, ça circule mieux. »

Des rames au maximum de leur capacité

Dans les trains, l’ambiance est tout de même moins détendue. Les rames sont bondées, les vitres recouvertes de buée témoignent de la chaleur à l’intérieur des wagons. Un flot ininterrompu de voyageurs descend et monte à chaque station. Les usagers se ruent sur les places assises disponibles, s’entassent dans les escaliers et essaient de profiter du moindre mètre cube d’oxygène disponible. Collé contre les portes, Benjamin, jeune actif de 29 ans, pianote sur son portable. Il lève à peine les yeux, un moyen de faire abstraction : « Moins je regarde les gens autour de moi, mieux c’est. » Les voyageurs se toisent et se poussent pour s’accrocher aux barres. Ceux du bout de la ligne espèrent qu’une place va se libérer, les autres attendent juste de pouvoir sortir.

Pour Louis, ingénieur de 32 ans, la grève n’est pas un problème, mais il s’étonne de ne jamais voir d’amélioration sur la ligne. « Si les conducteurs ne sont pas entendus, c’est normal qu’ils continuent de faire grève », juge-t-il. S’ils se mobilisaient jeudi pour la revalorisation de leurs salaires, Louis pense que les conducteurs sont aussi touchés par le manque de performance de la ligne. Habitant à Maisons-Laffitte sur la branche A5 du RER, il ne compte plus les heures de retard cumulées : « Les travaux se succèdent, mais c’est de pire en pire. » A l’entendre, les grèves successives des conducteurs montrent la réalité d’une ligne aux infrastructures usées où les problèmes sont trop fréquents : « C’est ça le vrai problème sur la ligne A. »

Laure-Hélène de Vriendt

crédits photos : Ren Kuo/Flickr

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