La pénurie de puces électroniques frappe le secteur automobile

La pénurie de puces électroniques frappe le secteur automobile

Les fabricants de semi-conducteurs taïwanais sont en surchauffe face au rebond de la demande du marché automobile en Chine et au surplus de commandes pour les consoles de jeux et les ordinateurs. Et font ralentir la production de voitures.

Conséquence de la guerre commerciale entre Pékin et Washington, les entreprises du monde entier font face à une pénurie de semi-conducteurs, laquelle frappe surtout les constructeurs automobiles. Volkswagen, General Motors et Honda sont les premiers touchés par le manque de puces électroniques, rapporte le Financial Times, les fabricants de semi-conducteurs chinois et taïwanais ayant le plus grand mal à faire face à “la reprise fulgurante du marché automobile chinois au second semestre”, à laquelle s’ajoute “la hausse mondiale de la demande liée au confinement pour les consoles de jeux, les ordinateurs et les téléviseurs”.

À l’instar de Fiat Chrysler, “une douzaine de constructeurs automobiles ont été contraints de réduire leur production” en ce début d’année.

“Je tiens à ce que mon entreprise soit traitée de manière juste”, a déclaré au quotidien économique Carlos Tavares, le nouveau directeur général de Stellantis, fruit de la fusion des groupes PSA et Fiat Chrysler. Les constructeurs en appellent aux gouvernements pour les aider à résoudre la crise de la chaîne logistique. “Je vais chercher toutes les solutions possibles. Je me battrai durement si nécessaire [pour faire respecter les contrats des fabricants de puces]”, poursuit-il.

De fait, selon le journal britannique, la production de plus de 280 000 véhicules a été déjà gelée et près de 500 000 véhicules pourraient être affectés par la pénurie, selon le cabinet d’études IHS Markit. De surcroît, l’impact du phénomène risque de ne pas se limiter au seul secteur automobile. La pénurie n’a pas encore affecté la production des ordinateurs et des téléviseurs, selon le journal. “Mais, compte tenu du nombre de pays faisant face à de nouvelles mesures de confinement ou de restrictions dans la vie quotidienne, les analystes avertissent que ce scénario pourrait se réaliser”.

Raz-de-marée de commandes à l’été

Pour comprendre ce phénomène, un retour en juillet 2020 s’impose. Alors que l’entreprise chinoise Huawei est menacée de nouvelles restrictions commerciales par Washington, les fabricants de puces électroniques taïwanais font face à un raz-de-marée de commandes. “Avant les nouvelles sanctions, Huawei a essayé de se procurer une quantité colossale de semi-conducteurs, explique le journal économique japonais Nihon Keizai Shimbun. Et “le montant des exportations de Taïwan a ainsi atteint un niveau historique en août, dont 36 % découlaient des semi-conducteurs”.

À la mi-septembre, le secteur bruisse de rumeurs selon lesquelles l’administration Trump viserait SMIC, premier fabricant chinois de semi-conducteurs. Sans attendre, Qualcomm, géant américain des télécommunications, submerge de commandes TSMC et UMC, sociétés taïwanaises occupant à elles seules 60 % du marché mondial des semi-conducteurs.

Face au rebond du marché automobile chinois, qui réalise une croissance à deux chiffres en août et septembre 2020, les constructeurs décident d’accroître leur production en octobre. Le hic : puisque le secteur entier tournait jusque-là au ralenti du fait de la pandémie, leurs fournisseurs habituels de puces électroniques sont incapables de s’adapter à un changement de donne si abrupt. Les fabricants taïwanais comme TSMC et UMC étant déjà à leur limite de production, la chaîne mondiale d’approvisionnement en semi-conducteurs tombe définitivement dans une situation de pénurie.

Rétablissement prévu au plus tôt en juin

Les perspectives pour les mois à venir sont plutôt sombres, s’inquiète le journal japonais. La production des puces électroniques pour voitures étant peu rentable, “les constructeurs fabriquent des semi-conducteurs avec des infrastructures entièrement amorties et ont tendance à éviter d’y investir. Leur solution de base face à une pénurie consiste donc à attendre jusqu’à ce que la demande baisse. Quant à TSMC, [l’entreprise] prévoit un investissement de 250 milliards d’euros mais il s’agit d’une somme plutôt destinée aux produits de pointe garantissant davantage de bénéfices”, explique le journal.

“Il faudra au moins attendre la seconde moitié de l’année 2021 pour que cesse la pénurie”, conclue Yao Jiayang, spécialiste de l’industrie des semi-conducteurs au Topology Research Institute.

Yuta Yagishita

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