La ligne 13 ou le métro de l’amour

Oh l’amour… Rien ni personne n’y échappe, pas même la ligne 13. Les flèches de Cupidon ont touché plusieurs usagers de la ligne ces dernières années, qui nous racontent leurs rencontres originales.

Si la ligne 13 se distingue pour ses nombreux incidents, ce que l’on sait moins, c’est qu’elle offre aussi de belles rencontres. Certains ont eu l’opportunité de trouver leur partenaire dans un wagon de la ligne bleu clair. Voici le récit de trois histoires d’amour commencées à l’heure d’un trajet souterrain.

Damien, l’amoureux des incidents

Tout usager régulier de la ligne 13 s’est au moins une fois plaint des incidents provoqués sur la ligne. Des entretiens manqués à cause d’une panne de signalisation, des retards au travail en raison d’un incident voyageur, du retard au mariage de sa sœur engendré par une panne de matériel. Mais pour certains, l’incident est le bon moyen de se rapprocher des autres usagers. Damien, étudiant en école d’immobilier, a profité de l’un d’eux pour faire la connaissance de Julia. « Je ne sais même plus de quel problème il s’agissait, mais le métro est resté bloqué entre deux stations pendant au moins 10 minutes ». Il se souvient de cette fille qui essayait de lire son livre debout, alors qu’elle était bloquée entre plusieurs passagers. « Je l’avais repérée depuis mon entrée à la station Miromesnil, mais je ne pensais pas que je pourrais l’aborder. Puis au moment de l’incident, tout le monde s’est mis à grincher, et une dispute a eu lieu dans le wagon. On commençait alors à se chercher du regard entre les passagers ». Et c’est à ce moment-là que les premiers mots ont été échangés entre les deux tourtereaux. « La première chose que je lui ai dite ressemblait à « on a droit au même scénario tous les matins », ce qui l’a fait sourire », se remémore-t-il. « La discussion est ensuite partie sur son livre ». Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, l’incident a fini par être résolu, et le train a repris son chemin. « Elle sortait deux stations après, et je ne sais pas ce qui m’a pris mais j’ai réussi à lui demander son numéro avant qu’elle sorte. Pourtant je suis de nature assez timide, je me suis trouvé de nouveaux talents de dragueur grâce à cette expérience ! » s’amuse-t-il. Suite à cette rencontre matinale, les deux passagers se sont revus quelques jours plus tard. Damien et Julia sont ensemble depuis maintenant un an. « Qui aurait cru que je rencontrerais ma copine sur la ligne 13 ! », se réjouit le jeune homme.

Eric et la belle inconnue, ou l’approche 2.0

Mais certains n’osent pas faire le premier pas. Pour Eric, employé administratif de 26 ans, la méthode n’a pas été directe. « J’avais repéré une fille superbe qui m’a tout de suite tapé dans l’œil », se souvient-il. « Elle était descendue à La Fourche, et j’avais enregistré sa tenue, la couleur de son sac, l’odeur de ses cheveux… J’y repensais encore le soir, c’était presque obsédant » déclare-t-il. Le jeune homme ne souhaitait donc pas en finir là. « C’était l’époque où le groupe « Spotted dans le métro parisien » prenait une réelle ampleur sur Facebook. Du coup je me suis dit que j’allais poster une annonce moi aussi ». Mais les retrouvailles via les réseaux sociaux, ou encore via le site Croisé dans le métro, ça fonctionne vraiment ? « Je ne pensais vraiment pas que j’allais avoir une réponse. Et finalement 24h après une amie la taguait – mentionnait son nom sur la publication Facebook, offrant un lien vers son profil, ndlr – sur mon post, et c’était bien elle ! » s’exclame-t-il, toujours aussi surpris. « J’étais vraiment étonné et en même temps assez fier de moi, je dois bien avouer ». Après de longs messages échangés par le biais du réseau social, les deux usagers se sont retrouvés autour d’un verre, et ont commencé à construire une relation. Mais ils se sont séparés à peine deux mois plus tard. « Notre histoire aura été aussi éphémère qu’un voyage en métro », blague-t-il. « Mais ça reste toutefois une très belle rencontre, et une rencontre très originale ! » conclut-il.

Hélène et Sébastien, la routine du matin

Il suffit parfois de s’en tenir aux petites habitudes pour avoir de belles surprises. Etudiante à l’Université de Saint-Denis (terminus de la ligne 13), Hélène prend tous les jours le métro à la même heure. « Les cours à la fac ne commencent jamais avant 9h, et l’an passé je commençais toute la semaine à cette heure-ci », clarifie-t-elle. Et elle a ses petites habitudes. « Pour être sûre d’arriver à l’heure, je prends toujours le train à la même heure, et je rentre toujours dans le même wagon, celui qui me permet de ne pas perdre de temps à la sortie ». Des petites habitudes détectées par Sébastien. « Je suis aussi étudiant à la fac, et j’avais remarqué Hélène au début de l’année. On a dû se retrouver 4 ou 5 fois dans le même wagon en l’espace d’un mois, c’était assez drôle » sourit-il. Avant d’avouer que « finalement, ça me plaisait de plus en plus de la voir. Du coup, j’ai essayé de prendre le métro tous les jours à la même heure, pour maximiser mes chances de la voir. Grâce à elle j’arrivais toujours à l’heure du coup ! ». Les deux étudiants ont décidé de sauter le pas après trois mois de rencontres quasi quotidiennes. « Il m’a adressé la parole un matin pour s’amuser de la situation », se souvient Hélène. « C’était plutôt mignon, et je dois bien admettre que ça faisait quelques semaines que j’attendais secrètement qu’il m’adresse la parole ! », confie-t-elle en le regardant le sourire au coin. « Finalement on a fait le trajet jusqu’à la fac ensemble, et on a commencé à se voir en dehors du métro. Ça fait maintenant 9 mois qu’on est ensemble ! » se réjouit-elle.

Tout cet amour nous fera peut-être apprécier davantage nos trajets sur la ligne 13. Et qui sait, peut-être arrêter de la critiquer et prendre du plaisir à l’utiliser ? N’oublions pas ce que Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de la quatrième circonscription de l’Essonne et présidente du groupe Les Républicains au conseil de Paris disait en 2013 : « sur la ligne 13 on fait des rencontres incroyables » !

Crédit photo : CC/Flickr/Fabio Venni

 

Céline PENICAUD

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