La dégringolade sans fin de la livre libanaise

La dégringolade sans fin de la livre libanaise

La monnaie nationale du Liban a atteint, le mardi 2 mars, un nouveau plus bas historique face au dollar, auquel elle est indexée de manière artificielle, abaissant encore plus la valeur des salaires et le pouvoir d’achat.

Où va s’arrêter l’effondrement économique du Liban ? Le mardi 2 mars, “la livre libanaise, qui est en chute libre sur le marché noir depuis l’été 2019, dans un contexte de crise multiple dans le pays, a atteint un nouveau niveau record et s’échangeait à 10 000 livres pour 1 dollar”, écrit le journal libanais francophone L’Orient-Le Jour.

La dépréciation a déjà entraîné en 2020 une inflation à trois chiffres, tandis que la pauvreté touche désormais la moitié de la population.

En 1997, la monnaie libanaise a été indexée au dollar sur la base d’un taux fixé à environ 1 500 livres pour 1 dollar. Cette parité a été stabilisée pendant plus de vingt ans par la Banque centrale du pays jusqu’à il y a près de deux ans.

Fonte des réserves

Depuis cette date, le Liban fait coexister trois taux de parité livre-dollar. La parité officielle de 1 500 livres “toujours artificiellement maintenue pour certaines opérations”, un taux de 3 900 livres appliqué pour les retraits des comptes en dollars et le taux du “marché noir”.

Comme l’explique le quotidien libanais Al-Akhbar :

Depuis l’été 2019, dans la foulée du pire effondrement économique que connaît le Liban depuis des décennies, la valeur de la livre libanaise a progressivement baissé face au dollar, notamment en raison d’une grave crise des liquidités en devises étrangères.”

Cette crise des liquidités touche aussi bien la Banque du Liban, dont “les réserves en devises continuent de fondre” comme le souligne L’Orient-Le Jour, que les banques commerciales, qui ont restreint drastiquement les retraits depuis le début de la crise. Récemment, la Banque centrale du Liban a demandé aux banques commerciales d’augmenter leur capital sur fond de pressions internationales réclamant une restructuration du secteur bancaire.

Salaire minimum

Conséquence de cette dépréciation galopante, “le salaire minimum au Liban est désormais inférieur à ceux du Bangladesh et des Philippines”, titre L’Orient-Le Jour pour un autre article.

Fixé à 675 000 livres, il équivaut désormais à près de 68 dollars.

Une dégringolade qui place le Liban dans la catégorie des pays à faible revenu, au même niveau que l’Afghanistan (67 dollars) ou le Sri Lanka (62 dollars).”

“Les nombreuses crises que traverse le pays depuis un an et demi – économique, sanitaire, bancaire, monétaire – n’ont pas fini de provoquer des dégâts sur le plan socio-économique”, s’inquiète le quotidien libanais.

D’autant que, comme le rappelle L’Orient-Le Jour, “le pays s’enfonce dans une crise politique dans l’attente, depuis août 2020, d’un nouveau gouvernement qui doit s’attaquer aux réformes attendues par la communauté internationale pour le déblocage d’aides financières”.

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