La plupart des projets d’infrastructure d’atténuation et d’adaptation au changement climatique s’inscrivent dans une fourchette d’investissements économiques comprise entre 5 et 75 millions de dollars, montants que les collectivités locales ne peuvent pas se permettre mais qui n’intéressent pas les grandes banques car le risque d’investissement est trop élevé. Pour compenser ce déficit financier, le Fonds sous-national pour le climat a été créé. Nous expliquons de quoi il s’agit.

Dans le monde de la finance, il existe deux types de projets d’infrastructure: ceux qui nécessitent moins de cinq millions de dollars, qui proviennent généralement des budgets des collectivités locales, et ceux qui nécessitent plus de 75 millions de dollars, qui sont généralement gérés par de grandes banques de développement. , ou des banques privées, qui ne sont pas rémunérées pour investir dans de petits projets. Ainsi, les projets de milieu de gamme appartiennent à une catégorie dans laquelle il existe un déficit de financement.

Et c’est là qu’intervient la question environnementale, puisque la majorité des projets de mobilité propre, d’énergies renouvelables, de gestion des déchets ou d’assainissement appartiennent à cette gamme d’investissements que les collectivités locales ne peuvent pas se permettre ni intéresser les grandes banques. Pour combler cet écart monétaire, le Fonds infranational pour le climat a vu le jour. Un véhicule de financement mixte qui implique les secteurs public et privé.

Le Fonds infranational pour le climat vise à investir dans des projets d'infrastructure d'atténuation et d'adaptation au changement climatique dans les pays en développement
Le Fonds infranational pour le climat vise à investir dans des projets d’infrastructure d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement © France 24

L’objectif de ce fonds est d’atteindre 750 millions de dollars pour les infrastructures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, même si, pour l’instant, seuls 150 millions du Fonds vert pour le climat sont assurés.

Ce mécanisme innovant est soutenu par un consortium formé par le gestionnaire de fonds Pegasus Capital; l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui fournit une assistance technique; Certification et vérification Gold Standard, qui garantissent que l’impact positif est réel et pas seulement marketing; par la banque privée française BNP Paribas, qui cherchera des capitaux parmi ses clients privés pour fournir les 600 millions de dollars manquants, et par la coordination de R20, Regions of Climate Action, organisation non gouvernementale créée en 2011 par l’ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, qui coordonne la communication des projets entre trois secteurs: les collectivités locales, le secteur privé et les investisseurs.

L’intégralité de ce fonds infranational, comme son nom l’indique, vise à aider les autorités locales et régionales des pays en développement et des petits pays insulaires à développer des projets d’infrastructure à fort impact social et environnemental. Ces gouvernements, bien qu’ils soient responsables de 70% de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique, n’ont pas accès aux mécanismes de financement traditionnels.

Dans un entretien accordé à France 24, Christophe Nutall, directeur exécutif de R20, a expliqué que les collectivités territoriales sont essentielles dans la lutte contre le changement climatique car «elles sont mieux placées pour répondre aux défis du changement climatique. C’est à ce niveau que les maires et Les gouverneurs peuvent développer des projets de mobilité dans leurs villes (…), construire des bâtiments écoénergétiques, installer des éclairages LED, mettre en œuvre des processus de collecte et de valorisation des déchets à faibles émissions et résilients au climat (…) Donc, d’un seul coup, nous pouvons avoir un impact sur différents secteurs: impact social, impact environnemental, mais aussi impact investissement. « 

Nutall espère qu’avec ce premier fonds un nouveau type de marché s’ouvrira avec des outils qui donnent confiance au secteur privé pour investir dans la lutte contre le changement climatique. Le dirigeant français se dit optimiste et assure qu’il y a un changement dans le monde de la finance qui, selon Nutall, a un «appétit» croissant pour l’investissement durable.

En Amérique latine, 10 pays bénéficieront de ces ressources, bien que le R20 et le CC35, la Coalition des capitales des Amériques contre le changement climatique, soient en pourparlers pour créer deux fonds infranationaux exclusivement pour le continent: un dédié aux Caraïbes pays et un autre pour le reste des pays d’Amérique latine.

En amont du sommet de l’ONU sur le changement climatique, la COP26, qui se tiendra à Glasgow du 1er au 12 novembre, Christophe Nutall veut lancer un message d’unité face au défi mondial posé par le réchauffement climatique et le changement climatique et assure que « Si nous veulent atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, nous devons travailler en partenariat et non de manière isolée. Il est extrêmement important de nouer des alliances avec les autorités locales, la société civile, le secteur privé, les investisseurs et les Nations Unies. « 

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