Suite à un accord de normalisation des relations entre les présidents du Venezuela, Nicolás Maduro, et de la Colombie, Gustavo Petro, la frontière terrestre entre les deux pays a été rouverte le 26 septembre après sept ans. Mais il reste encore un long chemin à parcourir. Une équipe de France 24 s’est rendue sur place.
Une éventuelle réouverture totale du passage, à la fois piétonnier et terrestre, entre la Colombie et le Venezuela, pourrait mettre fin à un commerce dont l’informalité n’enlève rien à son dynamisme : celui des soi-disant silleros, qui transportent des passagers à mobilité réduite entre d’un côté et de l’autre du pont international Simón Bolívar.
Óscar Cardoza est l’un d’entre eux. Habitant de Caracas, retraité de l’université du Venezuela, il a trouvé son gagne-pain il y a sept ans au lieu-dit La Parada, du côté colombien de la frontière.
« En raison du même besoin des gens de voyager de San Antonio (Venezuela) à La Parada (Colombie) et de La Parada à San Antonio. Depuis la fermeture de la frontière, il n’y avait plus moyen de traverser et il fallait le faire à pied », raconte-t-il à une équipe de France 24.
Le col a été scellé en 2015 sur ordre du président Nicolás Maduro, après l’attaque d’un poste de police. Depuis lors, la frontière n’est ouverte qu’aux piétons, mais avec des restrictions intermittentes et temporelles.
Un optimisme discret à la frontière
Un halo d’optimisme souffle à Villa del Rosario, commune de moins de 100 000 habitants dont La Parada est son point le plus dynamique, puisqu’elle abrite le principal poste frontière entre les deux pays.
C’était la clé à l’époque de l’indépendance colombienne, et elle l’est aujourd’hui, deux siècles plus tard, car là, les habitants des deux côtés de la frontière colombo-vénézuélienne convergent politiquement, socialement et économiquement.
Le 26 septembre 2022, au milieu de ce que les gouvernements des deux pays ont qualifié de normalisation définitive des relations diplomatiques et commerciales, une poignée de camions de fret ont franchi cette frontière pour la première fois en sept ans.
Ce n’était, pour beaucoup, que la première étape d’un processus plus large qui comprendra, comme les autorités l’ont promis, le rétablissement de la circulation des véhicules privés et intercommunaux, ainsi que la libre circulation des piétons. Mais la route est semée d’embûches.
Jusqu’à présent, ni les présidents ni d’autres responsables des deux pays n’ont donné de détails sur ce que sera le trafic de camions, ni sur la réglementation des échanges commerciaux.
Certains exportateurs colombiens ont fait part à la France 24 de leur inquiétude quant à divers aspects de la relation bilatérale, tels que les paiements et le respect des normes sanitaires et phytosanitaires par leur homologue vénézuélien.
Côté piétons, ceux qui habitent une frontière presque invisible réclament à grands cris que l’ouverture soit totale et définitive, c’est-à-dire sans contrainte de temps.
Pour 10 000 pesos colombiens (moins de deux dollars) aller simple, Óscar Cardoza transporte entre cinq et six passagers par jour. Maintenant que ses clients acceptent la possibilité d’une réouverture complète qui inclut les véhicules privés, il dit qu’il n’a pas peur de perdre son emploi.
« Mon pays en a besoin, peu importe que le travail puisse être terminé ici à la frontière. Nous allons inventer quelque chose », conclut Óscar, en attendant patiemment son tour parmi dix présidents pour aider ceux qu’il appelle les « patrons » à traverser l’une des nombreuses routes d’une frontière qui s’étend sur 2 200 kilomètres.