L’organisation de la campagne de vaccination en France fait l’objet de nombreuses critiques en raison des retards avérés par rapport à d’autres pays européens, comme l’Allemagne. Après le réveil du président Emmanuel Macron lors de ses vœux le 31 décembre, la stratégie adoptée par le gouvernement a été revue afin d’accélérer le processus.

Une semaine après son lancement, la campagne de vaccination française continue de baisser avec seulement une centaine de vaccinés. Selon les données du ministère de la Santé transmises au portail indépendant CovidTracker, seules 432 personnes ont reçu la première dose du vaccin Covid-19 en France (chiffres au 2 janvier).

Un nombre très faible par rapport à certains pays européens qui ont commencé leur campagne de vaccination à peu près au même moment que la France. En Allemagne, bien plus rapidement au début, plus de 188 000 personnes ont reçu une première dose du vaccin depuis le 27 décembre.

Si le président Emmanuel Macron a promis de lutter contre toute «lenteur injustifiée» du processus lors de ses vœux annoncés le 31 décembre, les attaques contre la stratégie du gouvernement, signalées par la lenteur de la campagne, se multiplient.

« Un rythme de promenade en famille »

Même le chef de l’Etat a exprimé une certaine irritation. «Cela doit changer rapidement et beaucoup. Cela va changer vite et beaucoup », a-t-il déclaré en privé, selon des déclarations rapportées par le Journal du Dimanche (JDD, pour son acronyme en français). « On est dans un rythme de marche en famille et ce n’est pas à la hauteur du moment, ni des Français », a-t-il déclaré.

Après avoir revendiqué et assumé la différence avec les autres pays sous prétexte de ne pas confondre «vitesse et hâte», le gouvernement a un nouveau mot-clé: accélérer. Dimanche, dans le journal «Le Parisien», le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé plus de doses chaque semaine et un renforcement des moyens pour les transférer vers les EHPAD (Centres d’accueil pour personnes âgées dépendantes).

«L’accélération demandée par le président est déjà en cours», dit-il. Concernant le transport des doses, il a expliqué que 500 000 avaient déjà été reçues. « Et 500 000 doses supplémentaires arriveront chaque début de semaine. »

Modification du calendrier de vaccination

Le Premier ministre Jean Castex a indiqué, début décembre, qu’environ «un million de personnes» seraient vaccinées en janvier. Cependant, selon CovidTracker, « 32 247 personnes devraient être vaccinées chaque jour d’ici au 31 janvier » pour y parvenir. Ainsi, pour se rapprocher de l’objectif, le calendrier de vaccination a été modifié.

Jusqu’à présent, la stratégie de vaccination était organisée en trois étapes successives: les habitants des EHPAD à partir de début janvier, la population à risque entre février et mars, puis le reste de la population à partir du printemps.

Mais, à partir du lundi 4 janvier, «les soignants âgés de 50 ans et plus qui le souhaitent, pourront se faire vacciner dans des centres qui disposent déjà de vaccins», a indiqué Olivier Véran le 31 décembre sur Twitter, soit un mois avant prévu. En fait, ce week-end, les médecins et les soignants ont déjà commencé à se faire vacciner.

Le ministre a demandé aux hôpitaux d’ouvrir sans délai la vaccination des professionnels de santé de plus de 50 ans. « La semaine prochaine, dans près de 100 centres à travers le pays », a-t-il déclaré sur Twitter.

Olivier Véran a également annoncé la création de « centres de vaccination » qui « s’ouvriront dans la ville pour commencer à vacciner les personnes âgées de 75 ans et plus, puis celles âgées de 65 ans et plus, etc. » Sa mise en œuvre est prévue « avant début février ». Dans ce cas, il s’agit également d’une modification du calendrier dans le but d’accélérer le rythme.

«Ce ne seront pas des ‘champs de vaccins’ géants qui nécessitent des kilomètres de déplacements mais, au final, des lieux très proches dans nos communes», a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Enfin, toujours selon le JDD, les pharmaciens pourraient bientôt être associés à la campagne de vaccination. L’idée aurait été soulevée lors des discussions lors d’un groupe de travail animé par Alain Fischer, chargé de conseiller le Gouvernement sur la campagne de vaccination contre Covid-19, composé de représentants territoriaux et de spécialistes de la santé publique, mais aussi lors d’une réunion organisée la semaine dernière par la Direction générale de la santé.

Autre idée envisagée: la mise en place d’équipes mobiles de vaccination hospitalière, la Croix-Rouge ou la sécurité civile.

Un premier bilan en février

La vérité est que la lenteur de la campagne de vaccination vient après des retards observés précédemment en termes de masques et de tests, qui avaient déjà provoqué de multiples critiques de la politique de santé du gouvernement.

«Le succès d’une campagne de vaccination de six mois ne se juge pas après sept jours. A l’issue de la phase 1 nous aurons pu proposer un vaccin à des publics prioritaires, et d’ici février nous aurons un premier bilan », estime Gabriel Attal.

Le président du Conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy s’est donné «jusqu’à fin avril, voire mai, pour immuniser les 22 millions les plus à risque».

Cet article a été adapté de son original en français

A lire également