La société américaine Google a fait appel mercredi de l’amende de 500 millions d’euros infligée en juillet par l’Autorité de la concurrence française pour les droits d’information publiés par les médias. Il s’agissait de la première décision prise par une autorité de régulation européenne sur cette question.

Google fait appel de son amende de 500 millions d’euros. Le géant de la Silicon Valley, à qui l’Autorité de la concurrence a infligé cette amende pour droits voisins en juillet dernier, a fait appel de cette décision mercredi 1er septembre.

« Nous sommes en désaccord avec certains éléments juridiques, et nous considérons que le montant de l’amende est disproportionné par rapport aux efforts que nous avons mis en œuvre » pour faire appliquer les droits voisins, dont l’objectif est de récompenser la presse pour la réplication de contenus via le moteur de recherche Sébastien Missoffe, le PDG de Google France, a déclaré mercredi dans un communiqué.

Malgré l’appel, « nous reconnaissons les droits voisins, et nous restons déterminés à signer des accords en France » avec les éditeurs de presse, a déclaré Missoffe. La requête du géant américain sera examinée par la cour d’appel de Paris.

Le 13 juillet, l’Autorité de la concurrence a condamné Google à une amende de 500 millions d’euros pour ne pas avoir négocié « de bonne foi » avec les éditeurs de presse sur l’application des droits voisins. En revanche, l’Autorité a enjoint à Google de « présenter une offre de rémunération pour l’usage courant de ses contenus protégés » aux éditeurs et agences de presse, sous peine d’infliger des amendes coercitives pouvant aller jusqu’à 900 000 euros par jour.

Une tablette montre le logo Google sur une photo prise le 17 février 2019 à Paris.
Une tablette montre le logo Google sur une photo prise le 17 février 2019 à Paris. Lionel Bonaventure AFP / Archives

Mercredi, le géant américain a indiqué avoir pris des initiatives pour répondre aux exigences de l’Autorité de la concurrence, bien qu’il s’oppose à l’amende qui lui a été infligée. « Nous avons étendu notre offre à plus de 1 200 rédacteurs de presse, en modifiant certains aspects de nos contrats, et nous avons partagé les données qui nous ont été demandées afin de nous conformer à la décision de l’Autorité de la concurrence », a déclaré Sébastien Missoffe.

Un premier refus de payer les éditeurs…

Le conflit entre Google et les éditeurs de presse français porte sur les droits que Google doit s’acquitter des contenus de presse – extraits d’articles, photos, vidéos, infographies – qui apparaissent sur les pages de résultats lors d’une recherche effectuée par l’internaute.

Ces droits voisins sont explicitement prévus dans une nouvelle législation européenne adoptée en 2019 et immédiatement appliquée en France. Dans un premier temps, Google a refusé de payer les éditeurs, estimant qu’ils étaient suffisamment payés pour le trafic qu’ils envoyaient déjà vers leurs pages web.

En avril 2020, l’Autorité de la concurrence – en présence de certains éditeurs de presse, notamment le Syndicat des éditeurs de presse magazine (SEPM), l’Alliance de la presse d’information générale (APIG), l’Agence France-Presse (AFP) – a ordonné à Google de négocier rémunération « de bonne foi » auprès des éditeurs de presse, en appliquant la loi.

Mais ce dernier et l’AFP s’étaient adressés à l’Autorité de la concurrence en septembre 2020, estimant que Google n’avait pas respecté ses obligations. Parallèlement à ce feuilleton juridique, Google a progressivement évolué vers une position plus conciliante.

… Et puis plusieurs accords sur la table

L’APIG a annoncé un accord-cadre avec Google en janvier 2021, qui sera revu pour tenir compte de la décision du 13 juillet de l’Autorité de la concurrence.

Divers médias (‘Le Monde’, ‘Le Figaro’, ‘Libération’ et ‘L’Express’) ont également annoncé avoir conclu des accords avec Google, qui devraient également être revus pour tenir compte de la décision prise en juillet.

De son côté, au moment de la belle annonce, l’AFP a indiqué qu’elle était « proche » d’un accord avec Google. D’autres médias préparent le terrain pour appliquer concrètement les droits voisins, même s’ils n’ont pas encore d’accords avec Google.

La SEPM et deux autres organisations professionnelles (la Fédération nationale de la presse d’information spécialisée et le Syndicat indépendant de la presse d’information en ligne) ont annoncé que l’ex-député centriste et président de Radio France, Jean-Marie Cavada, présiderait l’Organisme de gestion collective (OGC) qui percevrait les droits connexes en votre nom.

Avec l’AFP

* Cet article a été adapté de son original en français

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