La nervosité ambiante dans de nombreux pays européens sur la lente progression de la vaccination alimente la recherche de coupables, rapporte la presse étrangère. La France est en première ligne.
L’accusation n’est pas nouvelle mais elle a de nouveau provoqué un démenti sévère. “La France dément avoir fait pression sur l’UE pour qu’elle achète un vaccin français plutôt qu’un allemand”, rapporte Politico.
Interrogé lundi 4 janvier sur la première chaîne de la télévision allemande, le député allemand Karl Lauterbach a affirmé que, au moment des négociations entre août et octobre 2020, “les Français ont tenu à ce que les quantités de doses [de Pfizer-BioNTech] ne soient pas trop importantes par rapport à celle de Sanofi, bien que ce vaccin soit loin d’être prêt”.
Des allégations “inacceptables et fausses”, a répondu mardi le secrétaire d’État aux Affaire européennes, Clément Beaune, sur Twitter.
Mais ce reproche, explique le site d’information, n’est pas formulé pour la première fois. Le 18 décembre, le magazine allemand Der Spiegel publiait une enquête selon laquelle l’Europe aurait fait le choix de commander moins de doses de vaccin que prévu, en partie parce que la France aurait refusé que l’Union européenne achète plus de vaccins à l’équipe américano-allemande Pfizer-BioNTech qu’au français Sanofi.
Le groupe français a par la suite accusé des retards et son vaccin, élaboré en collaboration avec le laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK), ne sera pas prêt avant la fin de 2021. Selon l’hebdomadaire allemand, la Commission européenne avait réfuté l’idée d’un protectionnisme français massif en faveur de Sanofi. Mais, ajoute le journal, “on a dit la même chose des négociations avec le fabriquant américain Moderna”, que l’Agence européenne des médicaments a approuvé mercredi 6 janvier.
Clément Beaune, de son côté, a insisté sur Twitter : “Nous avons fait des choix collectifs. Les laboratoires allemands ne sont pas moins bien traités ; nous commandons 300 millions de doses à BioNTech, plus de 400 à Curevac, plus que pour le laboratoire Sanofi”. Et Politico de commenter : “Confrontée au lent démarrage de la campagne de vaccination, l’Europe a la ferme intention de se trouver un bouc émissaire.”
Une polémique française aussi
En même temps, rapporte à Londres The Times, la polémique enfle en France même au sujet de ce même vaccin Sanofi-GSK. À Paris, rapporte le quotidien, “certains accusent le gouvernement Macron d’avoir retardé la campagne de vaccination contre le Covid-19 pour donner à une société française le temps de préparer son vaccin”. Notamment, écrit le quotidien, “les détracteurs de M. Macron le soupçonnent de vouloir faire en sorte qu’il reste encore une partie importante de la population à vacciner quand les doses de vaccin Sanofi-GSK seront disponibles”.
La polémique est partie de l’affirmation par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, que la France “a fait le choix d’utiliser et de préparer des vaccins dont la diffusion et le partage pourra être plus large que les vaccins actuels”. Les critiques ont fusé en France sur la lenteur de la campagne de vaccination, raconte le Times, notamment de la part d’Éric Ciotti des Républicains, évoquant une “humiliation”.