Descendante dans les sondages, éloignée du débat télévisé entre Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, diffusé par ‘BFMTV’, Marine Le Pen a du mal à s’imposer et à inspirer une dynamique de campagne.

Inquiétude au sein du parti Groupe national (RN). Après un début de campagne discret, lancé officiellement le 12 septembre 2021 à Fréjus, il semble que Marine Le Pen ait quelques difficultés à insuffler une nouvelle dynamique à son mouvement.

A noter que le polémiste Éric Zemmour, qui braconne dans ses terres idéologiques, est partout dans les médias. Privé du programme quotidien dans ‘CNews’ après la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de réduire le temps de ses interventions, il est un « candidat au débat » pour « imposer » ses sujets de prédilection, à savoir l’immigration et l’islam , dans les programmes télévisés.

Jeudi 23 septembre, il a été invité à un débat controversé diffusé par ‘BFMTV’ et ‘RMC’, bien que le candidat hypothétique n’ait pas encore été officiellement déclaré. Chaque conférence organisée autour de son livre débouche sur une rencontre politique.

« Le parti Agrupación Nacional est aujourd’hui dans une position très inconfortable, car l’ancien chroniqueur télévisé fait planer le suspense sur sa candidature depuis des semaines et suscite l’attention des médias », souligne Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite française. , interviewé par France 24.

Sept mois après la présidentielle, le porte-drapeau et désormais ancien président du RN ne peut pas compter sur les sondages pour se consoler. Leurs intentions de vote continuent de baisser, au point d’avoir franchi le seuil des 20 % selon différents baromètres. L’étude Harris Interactive pour Challenges a publié, mardi 21 septembre, le chiffre de 18% ou 19% des intentions de vote, alors qu’avant l’été elle en récoltait encore 28%, soit 10 points de moins perdus en quelques mois. Ce chiffre est également inférieur à ses 21,3% obtenus au premier tour de 2017.

« On s’en fout d’Éric Zemmour !

Dans le RN on répète qu’Éric Zemmour n’est pas une menace. « Rien ne me dérange, j’en suis à ma troisième présidentielle et ça me donne une belle expérience dans ce domaine, la campagne est longue », a déclaré Le Pen lors d’un déplacement à La Tour-du-Pin mardi en Isère. « J’ai le calme des vétérans », a-t-il ajouté.

Les membres du parti sont tout aussi calmes. « On s’en fout d’Éric Zemmour ! Oui, nos militants l’apprécient, mais pour autant ses interventions ne font pas de lui un bon président. Marine Le Pen ne se contente pas d’énoncer les problèmes, elle apporte des solutions », estime Julien Sanchez, porte-parole du RN, contacté par France 24.

« Je suis en politique depuis plusieurs décennies, explique Philippe Olivier, conseiller de Marine Le Pen. « J’ai vu défiler plusieurs hommes providentiels. Aucun n’est allé jusqu’au bout. Il y avait (Jean-Pierre) Chevènement qui devait obtenir 14% dans les sondages et il n’en a obtenu que 5… Plus récemment, ils ont prédit que les listes des Gilets Jaunes nous apporteraient des problèmes. Au final, ils n’ont pratiquement rien fait. On est assez calme dans le RN ».

Cependant, il est possible de penser que Marine Le Pen n’est pas aussi calme qu’elle en a l’air. La femme, qui depuis le lancement de sa campagne avoue privilégier les déplacements en province en compagnie d’une poignée de journalistes de la presse quotidienne régionale pour privilégier la qualité de ses échanges, semble avoir changé de stratégie.

Eric Zemmour lors d'un événement pour promouvoir son livre, à Nice le 18 septembre 2021.
Eric Zemmour lors d’un événement pour promouvoir son livre, à Nice le 18 septembre 2021. Valéry HACHE AFP / Archives

Jeudi, jour du débat entre Mélenchon et Zemmour, il a décidé d’inviter la presse nationale à voyager à travers le département de la Moselle, jusqu’à Hayange et Metz. Les réunions amusantes en petits groupes sur les questions techniques ont donc pris fin ? « Pas du tout », se défendent-ils dans le RN. « La stratégie de mixage des déplacements techniques avec la presse quotidienne régionale et de convocation de la presse nationale pour les grands enjeux de campagne se fera en fonction des situations », explique son conseiller Philippe Olivier à France 24.

De vrais drapeaux rouges

Dès le début de sa campagne, « sa stratégie, qui consiste à s’exprimer dans les médias régionaux et à l’écart de la presse parisienne qui lui est ouvertement hostile, a été assez bien vue », précise Jean-Yves Camus pour France 24.  » La femme à qui il a montré des failles sur la documentation technique lors du débat avec (Emmanuel) Macron cherche à démontrer qu’il peut prendre le dessus, notamment en se rendant cette semaine dans une scierie en Isère ».

La vérité, c’est que « la campagne de Marine Le Pen montre de réels signes d’alarme », estime Olivier Rouquan, professeur de science politique et chercheur associé au Centre d’études et de recherches scientifiques (CERSA, pour son sigle en français). «Avec sa stratégie du ‘en parallèle’, qui crée des alliances entre un discours modéré et les questions envisagées par l’extrême droite sur l’immigration, il finit par perdre un peu tout le monde et s’affaiblir. Aujourd’hui, certains de ses partisans s’identifient davantage au discours d’Éric Zemmour, notamment sur l’immigration », poursuit le chercheur du CERSA, qui reste néanmoins prudent.

« Il y a aussi un effet d’enthousiasme autour de Zemmour, dont le score est jusqu’ici trop faible pour gagner », ajoute-t-il.

Faible mobilisation et factures au sol

Après la défaite du RN aux élections départementales et régionales, il semble pourtant que la fille de Jean-Marie Le Pen ait tardé « à mobiliser ses électeurs. Il ne parvient pas à inspirer une dynamique. Et j’ai peur que son slogan de campagne sur les libertés ne convainc pas l’électorat, prêt à l’abandonner », ajoute Olivier Rouquan.

Il n’est pas facile de mobiliser pleinement les troupes quand les comptes sont bas. Les finances du parti sont toujours dans le rouge, avec une dette de 22,9 millions d’euros en 2019, ce qui limite les possibilités du Groupe national de trouver des prêts auprès des banques.

En effet, Marine Le Pen a récemment « alerté » Emmanuel Macron sur les difficultés de financement de la campagne présidentielle, dans laquelle le candidat ne peut plus emprunter de l’argent à des banques non européennes, comme le RN l’a fait en Russie pour les municipalités en 2014, ni à des particuliers. entreprises.

Cet article a été adapté de son original en français

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